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PENTECÔTE

Baptême - confirmation - eucharistie de Chantara
messe anticipée de Pentecôte

Ce soir, frères et sœurs, est un soir pas comme les autres. A plus d’un titre ! Ce soir, nous fêtons la pentecôte.  C’est déjà un jour pas comme les autres. Mais ce soir, c’est une pentecôte pas comme les autres. D’abord, parce que nous sommes rassemblés dans des conditions très particulières, en raison des précautions sanitaires. Ensuite et surtout, parce que ce soir, nous allons accueillir un catéchumène dans notre grande famille des chrétiens. Et c’est encore un soir pas comme les autres parce que d’habitude, les baptêmes d’adultes ont toujours lieu lors de la veillée pascale. Un soir pas comme les autres aussi parce que Chantara va recevoir successivement 3 sacrements : le baptême, la confirmation, puis l’eucharistie. Enfin, vous voyez, ce soir, beaucoup de nos habitudes sont bousculées. D’ailleurs, vous l’avez remarqué, c’est le cas depuis plus de 10 semaines ; rien ne semble plus comme avant.
Cette situation que nous vivons n’est pas sans rappeler celle que nous avons entendue dans les textes d’aujourd’hui. Déjà, dans la première lecture comme dans l’évangile, les disciples sont confinés. Ils se cachent. « les portes étaient verrouillées par crainte des juifs » nous précise l’évangile.
C’est alors qu’un événement se produit, qui va tout changer. Et là non-plus, rien ne sera plus jamais comme avant. Cet événement, c’est le don de l’Esprit Saint. Dans la première lecture, celle de la Pentecôte, l’Esprit Saint se manifeste en chacun des apôtres sous la forme de flammes qui se posent sur chacun d’eux. Dans l’évangile, c’est Jésus qui leur donne l’Esprit saint en soufflant sur eux. Et ensuite, dans les 2 cas, tout change ! Rien n’est plus comme avant, sous l’effet de l’Esprit Saint.

Ah, l’Esprit Saint… ! Cet inconnu, cet inconnaissable. Comment se le représenter ? On a utilisé bien des images pour essayer de se l’imaginer : l’eau, le vent, le feu, la colombe… Mais toutes les images ont leurs limites. Le mieux pour parler de l’Esprit Saint, c’est de montrer son action. De même qu’on ne peut pas voir le vent, on peut comprendre ce qu’il est en voyant les effets qu’il produit.
L’Esprit Saint, son action principalement, c’est la transformation qu’il opère en nous. Il nous transforme. Il transforme nos vies, notre être tout entier, par les sacrements.
Dans un instant, Chantara va recevoir l’Esprit Saint, qui va tout changer dans sa vie. Il ne va pas changer de vie, mais sa vie sera changée. Il va devenir chrétien. Et c’est quoi un chrétien ? qu’est-ce que ça a de si différent ? je laisse la parole à un auteur très ancien, anonyme, du deuxième siècle. On en est alors au tout début du christianisme. Il s’adresse dans une lettre à un certain Diognète, un dignitaire païen. Il lui explique qui sont les chrétiens, la nouveauté qu’ils apportent au monde. Je vous en livre quelques extraits :
« Les Chrétiens ne se distinguent du reste des hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Ils n'ont pas d'autres villes que les vôtres, d'autre langage que celui que vous parlez ; rien de singulier dans leurs habitudes ; […] Répandus, selon qu'il a plu à la Providence, dans des villes grecques ou barbares, ils se conforment aux usages locaux pour le vêtement, la nourriture et le reste de l’existence, tout en manifestant les lois extraordinaires et paradoxales de leur manière de vivre. Ils habitent leur cités comme étrangers, ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les humiliations comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. Comme les autres, ils se marient, ils ont des enfants, mais ils n’abandonnent pas leurs nouveau-nés. Ils prennent place à une table commune, mais qui n’est pas une table ordinaire. Ils vivent dans la chair et non selon la chair. Ils habitent la terre mais ils sont citoyens du ciel. […]
Pour tout dire, en un mot, les chrétiens sont dans le monde ce que l'âme est dans le corps : l'âme est répandue dans toutes les parties du corps ; les chrétiens sont dans toutes les parties de la Terre ; l'âme habite le corps sans être du corps, les chrétiens sont dans le monde sans être du monde. »
Voilà qui est l’Esprit Saint ! Voilà son œuvre ! Il fait de ceux qui l’accueillent des saints, c’est-à-dire des gens ordinaires, mais « à part ». D’ailleurs, le terme hébreux qui désigne l’Esprit Saint tout au long de la Bible ne dit pas « esprit saint » mais « esprit qui rend saint ». L’Esprit Saint fait des saints. C’est comme ça qu’on le reconnaît.
Nous voyons qu’en réalité, peu importe l’image que l’on propose pour parler de l’Esprit Saint. Toutes ces images sont extérieures. Sa vrai réalité est intérieure, elle est en nous, en chacun d’entre nous. Pour rendre visible, palpable cette présence en nous de l’Esprit Saint, l’Église a institué les sacrements. En particulier ce soir, le baptême, la confirmation, l’eucharistie.
Ces trois sacrements que l’on appelle « sacrements de l’initiation chrétienne » sont vraiment les fondamentaux. Ils nous introduisent dans l’Église des chrétiens, ils nous introduisent en même temps, chacun pour leur part, au mystère de la Trinité : Dieu en trois personnes, Père, Fils et Esprit. En effet, le baptême fait de nous des enfants du Père, nous fait accueillir notre filiation divine. Il atteste de notre relation au Père. L’eucharistie concrétise notre lien au Fils, le Christ mort et ressuscité qui donne sa vie pour nous et se donne à nous. Et la confirmation, c’est le Saint Esprit qui vient demeurer en nous.
Le chrétien, passé par le baptême, la confirmation et l’eucharistie, devient un être particulier, différent. L’esprit Saint opère en lui, agit en lui. Là encore, et on l’a bien vu dans la lettre à Diognète, après avoir reçu ces 3 sacrements, quand on devient chrétien, rien n’est plus comme avant…
Alors, frères et sœurs, ce soir, nous n’allons pas « assister au spectacle » du baptême et de la confirmation de Chantara, mais nous allons, tous ensemble, participer pleinement à ces sacrements. Par l’Esprit Saint qui est en nous, nous sommes en communion avec lui. Nous sommes, tous ensemble, le Corps du Christ. Nous reprenons conscience de la présence en nous de l’Esprit Saint, nous revivons notre baptême, notre confirmation, et nous renouvelons l’accueil en nous de la vie du Christ par la communion eucharistique.
Par son Esprit Saint, le Seigneur fait des merveilles ! réjouissons-nous ! Alléluia !

Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent
Eglise Notre-Dame, Clisson.
30 mai 2020



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