PENTECÔTE
Pentecôte. Cinquante jours après Pâques. Cette très ancienne fête qui
réunissait les familles et les villages à l’occasion de la fin des
récoltes est devenue, pour les juifs, la fête du don de la Thora, loi
libératrice. Dieu donne à son peuple, par son serviteur Moïse, une loi
pour aider la communauté à vivre ensemble, libérés, tournés vers Dieu,
Et voici que, pour les chrétiens, c’est aujourd’hui la fête du don de
l’Esprit Saint. Esprit Saint donné à chacun pour vivre en homme libre,
en fraternité, en marche vers Dieu. La nouvelle loi, c’est l’Esprit
Saint lui-même.
Que s’est-il réellement passé à Jérusalem, ce fameux cinquantième jour
après la Pâque, l’année de la mort d’un certain Jésus de
Nazareth ? Saint Luc, dans son livre des Actes des Apôtres –
c’était la première lecture – nous rapporte deux phénomènes étranges,
phénomènes audio-visuels qu’il essaie de nous faire comprendre par des
images. Un bruit et une vision. Ce bruit, il le décrit comme
« pareil à un violent coup de vent ». On ne sait pas s’il y a
eu le vent, mais il y a eu le bruit, puisque les gens se rassemblèrent
en foule à cause de ce bruit, nous dit le verset 6 de ce passage. Et
puis, les disciples réunis ont vu « quelque chose » que
St Luc décrit « comme une sorte de feu qui se partageait en
langues ». Qu’est-ce donc qu’une « sorte de feu » ?
On voit bien que nos mots sont pauvres et insuffisants pour parler des
réalités de Dieu. Il a fallu aux auteurs des Evangiles beaucoup
d’imagination pour essayer de transmettre les faits qu’ils ont vécus.
Mais on comprend pourquoi c’est l’image du feu et du vent que St Luc a
choisi pour décrire la manifestation de l’Esprit de Dieu. Si on
relit le passage de la Bible qui raconte le don de la loi, dont les
juifs font mémoire à la Pentecôte, on y retrouve cette image de Dieu
qui descend sur le mont Horeb dans le feu et la tempête.
Mais peu importe tout cela, en réalité. L’homme contemporain, rationnel
et cartésien, cherche toujours à savoir la matérialité des faits, mais
il se heurte à la pauvreté du langage et aux limites de notre
imagination lorsqu’il s’agit d’événements uniques, qu’on ne pourra
jamais reproduire par notre seule volonté. Les événements de Dieu ne
sont pas des faits scientifiques. Toute l’énergie déployée dans ces
recherches de matérialité épuise l’homme et le détourne de l’essentiel.
Et l’essentiel n’est pas de maîtriser la connaissance objective des
faits qui se sont déroulés. L’essentiel est dans le sens de ces
événements. Le sens, c’est-à-dire la signification et les conséquences.
Les conséquences ? « Alors, ils furent tous remplis de
l’Esprit Saint ». Et le voici, l’essentiel ! Ces disciples
terrifiés et désemparés, après la mort de leur maître, qui se
réunissaient en secret par peur de subir le même sort que lui, voilà
qu’ils osent à présent sortir de leur cachette pour « proclamer
les merveilles de Dieu », au grand jour, devant la foule. Il y
avait un avant, il y a un après. Ces hommes ne sont plus les mêmes. Par
leurs propres forces, leur propre volonté, ils étaient incapables de
témoigner de leur foi en ce Jésus crucifié par les hommes et ressuscité
par Dieu. Et les voici à présent, brusquement, remplis de l’Esprit
Saint qui leur donne cette force et cette audace du témoignage, au
péril même de leur vie : la plupart d’entre eux seront mis à mort
à cause de leur témoignage. À partir de cet instant, le Livre des Actes
des Apôtres nous dit que beaucoup parmi les juifs présents à Jérusalem
ce jour-là se convertiront et demanderont à être baptisés, ils
formeront la première communauté chrétienne, la toute première Eglise.
Cet événement nous dit la puissance de l’Esprit Saint !
Cet événement de la Pentecôte nous dit aussi que c’est bien l’Esprit
Saint qui fait de nous tous un corps, qui nous unit. Comme la Loi
donnée à l’Horeb a fait de ces hébreux dispersés un peuple, son peuple.
De même, en investissant les corps des disciples, l’Esprit Saint fait
naître l’Eglise, corps du Christ. Nous avons entendu Saint Paul nous le
rappeler : « Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes
libres, nous avons été baptisés dans l'unique Esprit pour former un
seul corps. » Corps dont le Christ Jésus est la tête.
Eh bien, c’est le même Esprit Saint qui agit aujourd’hui dans le cœur
de chaque baptisé. Dès le baptême, l’Esprit Saint nous est donné
et nous intègre au corps du Christ. Si le don de l’Esprit est un don
personnel, individuel, fait à chacun, ce n’est pas un don
individualiste. Parfois, à des parents qui viennent demander le baptême
pour leur enfant, je réponds : « Ah, très bien !
vous voulez faire de votre enfant un chrétien ! » leur
première réaction est parfois la surprise. Leur intention est bien de
faire baptiser leur enfant, souvent avec l’idée de lui apporter ainsi
une certaine protection, mais ils n’envisagent pas cette conséquence
qui est son intégration au corps du Christ. Et c’est pourtant
fondamental. Le don que Dieu nous fait en nous donnant son Esprit à
travers les sacrements, fait de nous ses fils, nous fait entrer dans
l’Eglise qui est le corps du Christ.
C’est bien lui, l’Esprit Saint, qui agit avec puissance dans le cœur
des hommes « en vue du bien de tous » comme l’écrit St Paul
dans sa première lettre aux Corinthiens.
Alors, frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons ce don que Dieu nous
fait en nous communiquant son Esprit, tenons-nous prêts à accueillir ce
don. Comme les disciples réunis au Cénacle, laissons Jésus répandre sur
nous son souffle et nous dire « recevez l’Esprit Saint ».
C’est lui qui nous rend libre, c’est lui qui nous fait frères et sœurs,
fils et filles de Dieu, qui agit en nous dans nos quotidiens pour lui
rendre gloire !
L’Esprit Saint qui nous est donné
Fait de nous tous des fils de Dieu
Appelés à la liberté
Glorifions Dieu par notre vie !
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
Gétigné et Clisson, le 12 juin 2011
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