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Jeudi Saint.



Les textes du Jeudi-saint nous rappellent 2 initiatives de Jésus : l’institution de l’Eucharistie et le lavement des pieds. Pour l’institution de l’Eucharistie, je vous renvoie à l’éditorial du P. Henri dans le dernier bulletin paroissial. Et je me limiterai ce soir au geste du lavement des pieds.
Ce geste nous révèle 3 dimensions essentielles de notre foi au Christ.
1°) La première c’est qu’à travers ce geste , Jésus bouscule radicalement les représentations d’un Dieu au regard, aux gestes et aux mots qui écrasent. Certaines de nos représentations humaines d’hier et d’aujourd’hui nous présentent un dieu grand manitou, un dieu de la domination, de la guerre et de la vengeance.
Mais au nom du Dieu révélé en Jésus-Christ, nous ne pouvons supporter l’idée d’un dieu qui soutiendrait les croisades, les attentats, les destructions massives. Nous ne pouvons pas accepter l’idée d’un dieu qui commanderait les avalanches, les tremblements de terre ou les tsunamis. Comme les chrétiens des 1ers siècles, nous avons à affirmer que nous ne croyons pas en ce dieu-là.
Jésus est l’image la plus haute de notre Dieu. En lui, nous voyons Dieu à genoux devant l’homme pour lui laver les pieds. Jésus nous révèle un Dieu Père serviteur de l’homme.
2°) Et c’est bien là la 2ème grande révélation de ce geste du lavement des pieds : le créateur qui sert sa créature.
Le grand théologien Maurice Zundel a dit que l’histoire de l’humanité a changé le jour où Dieu s’est mis à genoux devant les hommes, leur apportant la révélation bouleversante d’un Dieu humble et petit.
Ce geste est déroutant, si bouleversant que Pierre refuse de se laisser laver les pieds par son maître. Il doit apprendre à lâcher prise. En se laissant laver les pieds, il apprend qu’on ne peut se sauver soi-même.
Pour nous aujourd’hui ce geste est un enseignement qui bouleverse aussi nos logiques humaines, nos hiérarchies sociales et de pouvoir : dans le travail, dans la société. Il nous révèle la logique du Royaume de Dieu, la logique de l’amour.
Nous avons à accepter de nous faire laver les pieds par des personnes plus démunies que nous. Nous laisser laver les pieds par les autres est un chemin d’humilité et de vie qui nous conduit au cœur du message de jésus : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
3°) La 3ème révélation est contenue dans les paroles de Jésus : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi ce que j’ai fait pour vous »
Ce geste du lavement des pieds, nous sommes donc invités à le prolonger à la suite de Jésus.
Il nous indique que c’est le don de soi, l’amour extrême qui doit structurer nos vies personnelles et celle de toute l’Eglise.
Nous avons quelques enseignements pratiques à en tirer :
-    le premier c’est que pour trouver Dieu et le révéler à nos frères, nous ne pouvons pas nous contenter de regarder vers le haut. Il nous faut aussi regarder vers le bas, vers les plus pauvres, les personnes souffrantes, celles dont la dignité est bafouée.
-    Le deuxième enseignement, c’est que Dieu n’a pas fait de discrimination parmi ses disciples, il lave aussi les pieds de Juda, alors qu’il sait que ce dernier va le trahir.
A travers ce geste, Jésus nous donne une leçon de pardon et l’amour va de pair avec le pardon. Le pardon est un acte qui guérit et construit la communauté chrétienne.
-    Enfin ce geste nous révèle que dans l’Eglise, il y a une place pour tous. Personne ne doit être rejeté, personne ne doit être exclu, les riches comme les pauvres, les Noirs comme les Blancs, les résidents comme les migrants, les sans papiers comme les citoyens patentés.
Par nous, l’Eglise doit rester le lieu où s’honore la dignité de tout être humain.
Le lavement des pieds n’est pas terminé, il y a près de 14 milliards de pieds à laver aujourd’hui. Notre Eglise, par chacun de nous doit garder son tablier et la serviette du travailleur.
Si nous nous lavons les pieds les uns les autres, nous entrons dans une nouvelle béatitude, nous sommes bénis de Dieu.


jean-Pierre BIRAUD, diacre permanent.
21/04/2011

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