5° dimanche de carême.
D’entrée, l’évangile nous dit l’attachement profond de
Jésus à cette famille : Marthe, Marie et Lazare. Lazare, que l’on
pourrait dire « frère de cœur » de Jésus est très mal. Ses sœurs font
dire à Jésus que son ami est aux portes de la mort mais Jésus décide de
rester encore deux jours pour enseigner avant de revenir. Le temps de
rejoindre Béthanie, Lazare s’est endormi dans la mort. À son arrivée
Marthe et un plus tard Marie s’adressent à Jésus de la même façon, avec
la même remarque « Seigneur si tu avais été ici, mon frère ne serait
pas mort. »
Chacune, là où elle en est de sa foi, au Christ-fils de Dieu, qu’elle
soit bien affermie comme chez Marthe ou balbutiante chez Marie, chacune
à son pas plus ou moins vite, avance à son rythme vers la Révélation.
Mais chaque sœur a une même confiance et un même abandon à Jésus
Sauveur. Ce Jésus, lui le Fils, remet tout, dans une confiance absolue,
à Dieu son Père dont l’amour gratuit est tout-puissant.
Autour du tombeau, l’émotion qui bouleverse Marthe, Marie et leurs amis
juifs saisit profondément Jésus. Jésus pleure… mais, dans l’union avec
son père, Il ramène de la mort Lazare endormi dans sa mort sans y être
englouti. Cette union intime et intense du Père et du Fils va offrir à
Lazare de revenir, de revivre sa vie terrestre jusqu’au bout. Puis à un
moment du temps de Dieu il retrouvera Jésus... au jour du jugement
dernier.
Par sa réponse à Marthe « Moi je suis la résurrection et la vie » Jésus
confirme que c’est bien Lui qui attendra chaque personne avec autant
d’amour pour les unes que pour les autres. Mais cette phrase est aussi
l’exigence de Jésus. Il ne veut pas que nous attendions ce jour «
affairés, sans rien faire » dira Paul, que nous restions endormis,
inanimés, désabusés ou égoïstement blasés en attendant sans entrain
l’aboutissement de l’amour. Il y a tant à faire, tant à voir, tant à
vivre dans ce monde, il ya tant à rendre gloire, tant à partager, tant
à donner. Par ce rappel à la vie de Lazare, il montre avec force aux
juifs qui l’entourent, à Marthe, à Marie, à Lazare, et bien sûr à nous
aujourd’hui, que c’est dans l’instant, dans notre monde, dans notre vie
actuelle que Dieu agit. Que c’est dans ce temps là que Dieu nous
appelle à agir, que Dieu nous aide à agir, à servir et à aimer.
C’est ce que font les équipes du CCFD-Terre Solidaire, porteuses de
projets, accompagnant des personnes du bout-du-monde mais aussi celles
d’ici pour qu’elles puissent retrouver leur dignité, la joie de vivre
dignement. Ils agissent aussi en témoignant et en collectant des fonds
… au fait, plus de messe et donc plus de Quête… alors n’oublions pas de
les soutenir en versant nos dons… pour sauver et guérir
C’est ce que font les soignants aujourd’hui, ce que font les personnes
travaillant en maison de retraite ou en maison de soins, dans cette
rude et bouleversante crise sanitaire mondiale, ils agissent, ils se
donnent, ils se donnent pleinement au risque de leur vie - comme Jésus
en son temps - … pour sauver et guérir.
C’est ce que font les voisins solidaires qui apportent leur aide aux
personnes fragiles ou isolées, les équipes de maraude pour les gens
dans la rue ou les migrants, les associations d’aide aux plus fragiles,
aux plus pauvres, ce que font les familles éclatées par la maladie ou
le confinement qui portent une attention plus forte à chacun, ce que
font les chrétiens et les communautés religieuses qui prient, qui
confient au Seigneur, avec la même confiance que Marthe et Marie, ceux
qui souffrent et tous ceux qui prennent soin de l’autre… pour sauver et
guérir.
Il y a près de 40 ans, le Père Didier Rimaud écrivait déjà :
« Puisque Jésus est avec nous tant que dure cet âge,
Ne rêvons pas qu’il est partout sauf où l’on meurt…
N’espérons pas tenir debout sans l’appeler… ».
En ce moment, crise oblige, nous ne pouvons pas nous rejoindre dans nos
églises mais, sœurs et frères, nous restons tout de même le Corps du
Christ ! Alors, ensemble, en confiance, comme Marthe et de Marie,
prions avec ferveur ce Père tendre, ce Fils aimant et sensible et cet
Esprit d’amour, d’audace et de force, qu’ils nous réveillent de nos
petites morts de tous les jours : de nos découragements, de nos
préjugés, de nos peurs, nos replis sur nous-mêmes pour, par nos
prières, nos pensées, nos gestes, nos attentions, pour aider et servir
le monde d’aujourd’hui, de là où je suis avec mes fragilités et mes
forces …pour sauver et guérir.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 29 mars 2020
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