5° dimanche de carême.
Nous
voici parvenus au dernier dimanche du Carême : dimanche prochain,
ce sera le dimanche des Rameaux et de la Passion. Et pour nous mettre
dans la perspective de Pâques qui approche, tous les textes de ce jour
évoquent le retour à la vie. On ne peut pas parler de résurrection en
ce qui concerne Lazare car après ce miracle de Jésus, « son corps
n’était pas encore transformé, et il a dû mourir une seconde
fois ; sa première mort n’a pas été ce qu’elle sera pour
nous : le passage vers la vraie vie. » Mais ce signe nous
montre que Jésus est celui en qui nous avons la vie sans fin, et en qui
nous pouvons miser toute notre vie. C’est aussi ce miracle qui a décidé
les pharisiens et les grands prêtres à le faire périr, car les Juifs
qui devenaient ses disciples étaient trop nombreux.
Pour tous ceux
qui entouraient Marthe et Marie, comme pour tous ceux qui ont entendu
parler de la résurrection de Lazare, comment ne pas se souvenir de la
promesse de Dieu dans le livre d’Ezéchiel : « Je vais ouvrir
vos tombeaux et je vous en ferai sortir, ô mon peuple. » Cette
promesse, rappelée par deux fois par le prophète au peuple d’Israël
exilé à Babylone, vient lui rappeler au cœur de l’épreuve que Dieu est
fidèle à son Alliance. Ce peuple exilé, qui ne peut plus pratiquer sa
religion est en train de perdre son identité, son âme ; il est
comme mort. C’est sa libération qui est annoncée, et un retour sur sa
terre où la vie pourra reprendre comme avant. Mais à cette époque,
personne n’imagine une résurrection individuelle, même si le passage
que nous venons d’entendre fait suite au récit de la vision des
ossements desséchés. C’est la survie du peuple qui est certaine puisque
le peuple est porteur de la promesse.
Pourtant, cette promesse
répétée par deux fois, débouche sur une nouvelle promesse :
« Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez. » C’est la
nouvelle Alliance qui est ici annoncée, et St Paul nous affirme
aujourd’hui : « l’Esprit de Dieu habite en vous. » Pour
lui, vivre selon l’Esprit de Dieu, c’est vivre selon l’amour et servir
nos frères. Et vivre selon la chair, c’est le contraire : c’est se
laisser détourner de l’amour par la soif de pouvoir et de richesses, la
jalousie, l’ambition, bref, toutes ces passions qui nous empêchent de
suivre Jésus; vivre selon la chair,c’est vivre centré sur soi. A chacun
de décider à qui il laisse les commandes : à l’Esprit de Dieu ou à
celui du monde. Si la première Alliance concernait le peuple dans son
ensemble, la nouvelle Alliance s’adresse à chacun personnellement.
Il
ne faudrait pourtant pas opposer ces deux Alliances. Le projet de Dieu,
comme le rappelle Paul VI dans l’encyclique Populorum Progressio
concerne le développement intégral de chaque homme, et le développement
solidaire de toute l’humanité. Il est aussi important de changer le
cœur des hommes que de changer les « structures de péché »
selon l’expression de J-P II. C’est ce à quoi s’emploie le CCFD-Terre
Solidaire dont nous fêtons cette année les 50 ans d’existence.
« Mais, comment chacun de nous peut-il être solidaire, au
quotidien, des peuples pauvres ou émergent ? » demandait un
journaliste de la revue PRIER à Bernard Pinaud, secrétaire général du
CCFD. Et voici sa réponse : « La première chose, me
semble-t-il, c’est de changer notre regard sur les étrangers qui vivent
en France. De se montrer accueillants et solidaires d’eux quand leurs
droits sont violés. A tout le moins de ne pas se laisser séduire par
les discours xénophobes et racistes qui tendent aujourd’hui à se
banaliser. Encore faut-il se renseigner pour connaître leurs conditions
de vie et les richesses – culturelles, spirituelles, sociales – dont
ils sont porteurs. Le deuxième levier pour agir, c’est tout simplement
la solidarité financière avec les populations du Sud…. »
« Nous avons obtenu l’allègement de la dette des pays du Sud par
le relais d’une pétition que nous avons fait circuler dans 160 pays et
qui a rassemblé 24 millions de signatures dont 550 000 en France.
D’autres projets sont de mieux en mieux accueillis, comme la mise en
place de taxes internationales, le soutien aux agricultures familiales
et vivrières. Ou la lutte contre les paradis fiscaux par lesquels plus
de 800 milliards d’euros échappent chaque année aux pays du Sud. »
Ainsi, 125 milliards échappent à la fiscalité des pays pauvres, alors
que 30 suffiraient à supprimer la faim.
Le CCFD-Terre Solidaire est
la 1ère ONG Française de développement, et c’est aussi un organisme
d’Eglise, constitué de 27 Mouvements et Services de l’Eglise de France.
Vous en faites peut-être partie sans le savoir, vous qui êtes membres
de l’Action Catholique, de VEA ou du MCR, des Scouts de France ou de
l’Enseignement Catholique. C’est pour cette raison que notre ONG est
convaincue qu’un autre monde est possible et qu’elle travaille sans
relâche à en construire les prémices et à faire émerger des signes
d’espérance. Au moment de célébrer le mystère Pascal par cette
Eucharistie, laissons-nous conduire par Jésus qui nous appelle à sortir
de nos tombeaux. Aujourd'hui, je sais que je ne pourrai pas le
reconnaître dans l'hostie consacrée si je ne l’ai pas reconnu dans tous
ceux qui ont faim, ou froid; dans tous ceux qui sont malades, étrangers
ou en prison.
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.
le 10 avril 2011
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