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4° dimanche de carême.
1S. 16, 1-13 ; Ps : 22 ; Ep. 5, 8-14 ; Jn. 9, 1-41
Ce n’est pas tous les jours facile de croire.
Ce serait tellement plus simple si Jésus nous faisait un signe évident
de son existence, du style d’une bonne apparition (façon Mont Thabor)
ou un SMS : « oui je suis là, signé Jésus de Nazareth ! », ou alors une
guérison miraculeuse, là, à l’entrée de l’église du Diamant, ça ce
serait une vraie preuve, une preuve, solide, irréfutable, une chose vue
de nos propres yeux !.
Tous, nous demandons des signes, un jour ou l’autre nous avons été
tentés d’en demander : Seigneur c’est promis si ceci ou si cela, j’irai
à la messe tous les jours, je croirai toute ma vie, je donnerai tout
aux pauvres !
C’est pour cela que le comportement des Pharisiens dans le passage
d’évangile que nous propose la liturgie de ce dimanche, nous paraît
scandaleux : comment peuvent-ils à ce point ne pas admettre le miracle
qui s’est accompli d’une manière aussi éclatante et visible ? L’aveugle
guéri a beau décrire le plus précisément possible l’événement qui lui a
rendu la vue, rien n’y fait…
Comme l’aveugle est rejeté, Jésus sera rejeté par son peuple jeté
dehors par les pharisiens : C’est ce que dit Jésus lui-même dans
l’évangile d’aujourd’hui, C'est pour un discernement que je suis venu
en ce monde : pour que ceux qui ne voient pas voient et que ceux qui
voient deviennent aveugles (Jn 9,39).
Cela nous amène à réfléchir sur le rôle des miracles. On ne peut pas
douter de leur réalité dans l’évangile, comme dans la vie de l’Église
aujourd’hui tant elle est scrupuleuse avant de dire que la situation
d’un malade guéri à Lourdes par exemple, ne recèle aucune explication
scientifique acceptable.
Mais notre foi doit elle se fonder sur les miracles ? D’un côté, ces
phénomènes nous invitent à croire à l’action de Dieu dans le monde.
Mais d’un autre côté Jésus veut que nous venions à sa rencontre
librement, par choix, plutôt que contraints et apeurés par des signes
que nous ne pouvons expliquer que par les pouvoirs de Dieu sur sa
création.
Dieu est un bon pédagogue, qui sait donner à chacun d’entre nous les
signes qui conviennent : il nous donne assez de lumière pour croire et
il laisse cependant suffisamment d’obscurité aussi si nous choisissons
de ne pas croire.
Finalement ce n’est pas vraiment Lui qui est en cause c’est nous.
J‘ai un fils qui est iconographe, ce n’est pas un mot pour faire peur,
il peint des icônes de saints, des scènes d’évangile, plutôt, il les «
prie ». Quand il prépare une icône, il commence par les couleurs
sombres, il fait remonter l’image du néant, du « tohu bohu », et la
couvre progressivement de lumière jusqu’à ce que le sujet soit
parfaitement clair. En le regardant travailler, je suis comme
l’aveugle, je veux voir, je ne vois rien et quand je vois quand c’est
achevé, je suis admiratif. Mais au fond, qu’est ce que je vois ? une
image ? non ! ce que je vois, c’est toute une histoire de foi : c’est
comme l’aveugle qui ouvre les yeux et dit « Je crois, Seigneur ! », et
il se prosterna devant lui. »
Les pharisiens, eux, voient jésus, ils voient tout ce qu’il fait ! Mais
ils voudraient un signe ! Mais jésus leur en a fait des tonnes de
signes, ils ne veulent pas les voir, ce n’est pas une question d’œil
c’est une question de cœur comme devant une icône.
Le regard de notre cœur, c’est lui qui nous permet de reconnaître Dieu à travers les signes qu’il nous fait.
Et oui, parce que Dieu continue à nous faire des signes, tous les
jours, et nous, nous ne les voyons pas, absorbés que nous sommes à lire
notre journal, à surfer sur internet, ou regarder un chanteur à bout de
souffle et des danseuses a moitié nues se trémoussant sur un plateau de
télévision, à regarder des candidats à rien se disputer sur des enjeux
inutiles.
Dieu nous fait des signes : chaque matin le soleil se lève et nous ne
nous émerveillons pas, chaque jour nous nous levons, et nous ne rendons
pas grâce, nous ne voyons pas une main tendue, un regard, un sourire
échangé, un pardon demandé et accepté…
Si nous ne voyons pas c’est peut être parce que notre regard ne sait plus capturer la lumière.
Faut il donc que nous allions nous aussi à la piscine de Siloe ? Peut
être : le carême est ce temps ou nous pouvons retirer ce qui nous
empêche de voir ce que Dieu fait dans nos vies Allons à la piscine de
Siloé. Ne cherchez plus, elle existe cette piscine, on y rentre à
genoux et on en ressort debout. Elle existe, jésus savait bien qu’il ne
serait pas toujours là pour guérir les aveugles, alors il nous l’a
laissé cette piscine : c’est le baptême, c’est le sacrement de
réconciliation, on y arrive aveuglé par notre péché, accablé de nos
fautes et on en ressort débarrassé de tout, léger et clairvoyant.
Comme le dit saint Paul nous sommes des fils de la lumière, nous sommes
fait pour cette lumière, ne la refusons pas, laissons Jésus ouvrir nos
yeux.
Gérald PRIVE, diacre permanent.
Paroisse du Diamant (MARTINIQUE)
30 mars 2014
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