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3° dimanche de carême.



        Qui d’entre nous n’a pas un jour ressenti la soif, après un travail intense, une randonnée, une marche dans le désert… Les textes de ce jour nous parlent de soif et d’eau. Le peuple qui a été libéré de l’esclavage en Egypte, devient vindicatif vis-à-vis de Moïse. Il crie sa soif et sa faim, se rebelle au point que Moïse craint d’être lapidé ! Il cherche « querelle au Seigneur »et se pose la question : Le Seigneur qui nous a fait sortir d’Egypte « est-il au milieu de nous, oui ou non ? » Ne nous a-t-il pas abandonnés ? L’épreuve peut faire douter, se rebeller, en vouloir à Dieu. C’est humain. Qui de nous n’a pas douté après une maladie, un échec, un deuil ? Vous connaissez la suite avec le fameux épisode où Moïse frappe avec son bâton le rocher et fait jaillir l’eau qui désaltère le peuple. Oui, dans l’épreuve, Dieu sauve son peuple et donne la vie. Il nous propose de choisir la vie, y compris au cœur de nos souffrances.

        Dans le désert de Samarie, nous assistons à une rencontre improbable. Aux heures les plus chaudes, une femme arrive au puits. Drôle d’heure pour aller chercher de l’eau, alors que Jésus est fatigué, assis sur une pierre. Cette femme se serait, sans doute faite discrète si Jésus ne lui avait pas demandé à boire. Avec sa vie un peu dissolue, elle devait être en marge de la société et regardée de travers. C’est peut-être bien pour cela qu’elle va chercher de l’eau, seule, en plein midi… A cette époque, les samaritains et les juifs ne se fréquentaient pas et une femme n’aurait pas oser parler à un homme en transgressant les conventions de la société. 

        Mais Jésus, brisant les tabous, s’adresse à cette femme et lui demande quelque chose à sa portée : de l’eau pour boire, tout simplement. Jésus se fait mendiant devant cette pauvre femme. Il se met à sa hauteur et le dialogue s’engage, la parole se libère. La conversation change de registre, elle ne situe plus seulement au niveau des besoins du corps. Jésus l’amène sur le plan spirituel en lui posant, avec délicatesse et justesse, des questions pertinentes sur sa vie.  Il lui permet d’ouvrir son cœur et de faire la lumière. La samaritaine, encombrée de ses problèmes de cruche et d’eau à puiser, de ses problèmes sentimentaux et de sa vie agitée, de ses questions religieuses « où adorer ? », dépose tout cela au pied de Jésus. Elle fait la vérité en elle, se libère de ce qui la plombe, de son péché. Son cœur et son intelligence sont alors en état de se laisser toucher par les paroles de Jésus, de reconnaître le Messie, de l’adorer en esprit et en vérité…

        Cette femme en marge a profondément changé, elle devient annonciatrice de la bonne nouvelle et ses concitoyens acceptent son témoignage. Elle est réintégrée dans la société, et a retrouvé, dans sa rencontre avec Jésus, une vie apaisée, unifiée.
        Le chemin parcouru par la samaritaine est un excellent exemple pour nous et peut constituer un fil rouge à suivre en ce temps de carême.

        D’abord, la rencontre avec Jésus : Tout découle de là. La rencontre personnelle avec Jésus est essentielle pour vivre notre foi. En ce carême, 73 adultes catéchumènes vont être baptisés la nuit de Pâques. Ils témoignent d’une première rencontre souvent imprévue avec le Christ. Le déclic passe le plus souvent par le témoignage de vie de chrétiens qui provoque l’ouverture du cœur et la rencontre du Christ. Cet évènement les amène à reconsidérer leur vie et à entrer dans un parcours de conversion. Un jeune ingénieur catéchumène écrit à notre évêque : « Dieu donne sens à ma vie avec le désir d’aller vers lui et de vivre avec et pour lui » et il conclut : « Le fait d’être avec le Christ me tire vers le haut. Je pense désormais plus au bien commun qu’à ma propre personne. Dieu m’a apporté la meilleure réponse face au néant et c’est bien l’Amour ». Ce qu’il exprime est en résonnance avec le récit de la samaritaine. Jésus transforme nos vies, à condition de lui ouvrir son cœur et de se laisser faire.
 
        La difficulté ensuite c’est d’être fidèle à la présence du Seigneur au long des jours de notre vie et de nous laisser transformer par le Christ. La samaritaine et Jésus nous donnent trois pistes pour entretenir et faire vivre notre relation avec le Seigneur :
-    D’abord avoir soif de Dieu et de sa Parole, se mettre à l’écoute du Seigneur dans la prière, la méditation de l’évangile, l’adoration en « esprit et en vérité » ; inviter Jésus à demeurer chez nous.

-    Ensuite avoir un regard lucide sur notre vie, sur nos actes, avoir le courage de faire la vérité sur nos relations aux autres et à Dieu. « Je n’ai pas de mari », dit la femme et Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq… là tu dis vrai ».

-    Enfin, déposer tout ce qui nous tire vers le bas au pied du Seigneur. C’est en reconnaissant son péché que cette femme est sauvée. Pendant ce carême le sacrement de réconciliation nous est proposé. Il permet de nous remettre en vérité devant le Seigneur, pour qu’il nous guérisse, nous pardonne et nous sauve.

        Beaucoup de nos contemporains sont désabusés (on le voit bien avec la campagne électorale). Ils ont perdu des raisons de vivre et d’espérer. Jésus désire les rencontrer avec leurs espoirs déçus et inassouvis. A la suite de la samaritaine, nous, qui avons eu le bonheur de rencontrer Jésus-Christ, nous sommes invités à faire de notre vie un témoignage, à être des disciples missionnaires, à vivre la joie de l’évangile, afin que nos concitoyens puissent, eux-mêmes, rencontrer le Christ et reconnaître « que c’est vraiment lui le sauveur du monde ». Quand le désir de Dieu rejoint le désir de l’homme, quand la soif de Dieu rejoint la soif de l’homme, alors l’eau vive peut jaillir !

Yves MICHONNEAU, diacre permanent
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d'Orvault
19/03/17


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