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2° dimanche de carême.

        Nous connaissons bien cet épisode de la Transfiguration que nous entendons pendant le Carême et aussi au cœur de l’été. Nous le connaissons mais est ce que nous sommes capables de dire ce que les Apôtres ont vécu juste avant et juste après ?
        Les différents Evangile que nous entendons Dimanche après dimanche sont une manière un peu «  hachée » de lire cette Parole de Dieu. Si l’évangéliste Mathieu a choisi une certaine chronologie c’est pour nous faire entrer dans ce mystère, progressivement, et avec un souci pédagogique. Je ne fais pas durer le suspens plus longtemps pour ceux qui n’ont pas trouvé : avant et après le récit de la Transfiguration, on trouve  deux annonces de la Passion. Jésus essaye de faire comprendre à ses disciples qu’il doit monter à Jérusalem, y être mis à mort et après trois jours, ressusciter.

        Vous vous souvenez de la première annonce, celle ou c’est Pierre qui vient de dire qu’il reconnaissait en Jésus le Messie attendu, et Jésus change son prénom de Simon en Pierre.
Et immédiatement à l’annonce des souffrances que Jésus va endurer à Jérusalem, Simon-Pierre s’exclame : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. »( Math 16, 22) Et Jésus de répondre : « Passe derrière moi, Satan ! »( Math 16, 23)
        Et nous, aujourd’hui, sommes nous prêts à suivre Jésus dans sa Passion ? « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Seigneur un chemin moins exigeant me plairait mieux ! Alors Jésus invite Pierre, Jacques et Jean, les deux fils de Zébédée. « Jésus les emmène à l'écart sur une haute montagne » :
    sur une haute montagne, là où Moïse avait eu la  Révélation du Dieu de l'Alliance et avait reçu les tables de la Loi ;
    sur une haute montagne, là où Elie avait eu la Révélation du Dieu de tendresse dans la  brise légère. Moïse et Élie, les deux colonnes de l'Ancien Testament.
    Sur la haute montagne de la Transfiguration, Pierre, Jacques et Jean, les colonnes de l'Église, ont la révélation du Dieu de tendresse incarné en Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! » Et cette révélation leur est accordée pour affermir leur foi avant la tourmente de la Passion. Pierre écrira plus tard : « En effet, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur. Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie. Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.» (2 Pi 1,16-18). Çà c’est ce que Saint Pierre écrit longtemps après. Et il faudra attendre la résurrection et la Pentecôte pour que son discours s’affermisse. Mais comme d’autres, Pierre ira jusqu’à mourir pour Jésus.

        Le premier pas et le plus important c’est de faire confiance : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, […] écoutez-le ! » Mais pour faire quoi ? Pour aller où ? Demandez à Abraham ! C'est la confiance qui inspirait Abram quand il quittait son pays sur un simple ordre de Dieu. Dieu lui promet tout ce qui, à cette époque-là fait le bonheur d'un homme : une descendance nombreuse et la bénédiction de Dieu mais pour miser toute sa vie sur des promesses, il faut avoir une totale confiance.
        Kierkegaard, un philosophe danois du 19° siècle écrivait : « le contraire du péché, ce n'est pas la vertu, le contraire du péché, c'est la foi c'est-à-dire la confiance. »

        Tout au long de son histoire, le peuple élu a oscillé d'une attitude de confiance, sûr de son Dieu, conscient que son bonheur était au bout de l'observance fidèle des commandements, parce que si Dieu a donné la Loi, c'est pour le bonheur de l'homme. "Oui, elle est droite la Parole du Seigneur" « Il aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour ».... telles sont les paroles du psaume que nous venons d’entendre, ce sont les paroles de la confiance. Car souvent la réalité semble les contredire. Tantôt, au contraire, le peuple était en révolte, attiré par des idoles : à quoi bon être fidèle à ce Dieu et à ses commandements ? C'est exigeant et au nom de quoi faudrait-il obéir ? Qui nous dit que c'est le bonheur assuré ? On veut être libres et faire tout ce qu'on veut... n'obéir qu'à soi-même.

        Voilà ce que le Bienheureux Jean Paul II disait de la Transfiguration : « les disciples qui ont joui de l’intimité du Maître, un moment enveloppés par la splendeur de la vie trinitaire et par la communion des saints, sont comme emportés dans l’éternité. Puis ils sont soudain ramenés à la réalité quotidienne ; ils ne voient plus que ‘Jésus seul’ dans l’humilité de la nature humaine et ils sont invités à retourner dans la vallée, pour partager ses efforts dans la réalisation du dessein de Dieu et pour prendre avec courage le chemin de la Croix. » (Vita Consecrata 14 en 1996)

        L’Eglise et les chrétiens sont souvent moqués comme s'ils étaient loin des réalités du monde. Aujourd’hui beaucoup voudraient croire que c’est à chacun de construire sa vie, seul. Le souhait de chacun c’est bien le bonheur ! Et Si nous changions nos cœurs pour plus de justice et de partage peut être verrions nous notre monde transfiguré. Mais nous devons nous jeter dans la confiance en Dieu ! Mais avez-vous vu  le visage de tous ceux qui ont mis leur vie entière dans les mains de Dieu : les deux Frères JACCARD par exemple. Ces 2 prêtres ont tout laissé pour se consacrer aux soins des lépreux et au suivi des 183 missions qu’ils ont fondées, toujours orientées vers les plus pauvres.  Leur richesse est dans le sourire de ceux avec qui ils vivent pour leur redonner justice et dignité.  Alors sur ce chemin vers Pâques, ne pensons pas faire mieux que Jésus en contournant la Passion et la Mort. Mais ensemble nous marchons vers la Résurrection vers la vie et le Bonheur promis.

        Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier.
        Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi.


        Philippe ARRIVE
, Diacre permanent
        La HAYE FOUASSIERE, VERTOU
        15-16 Mars 2014               

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