2° dimanche de carême.
Tous
les textes d’aujourd’hui nous invitent au départ. Êtes-vous
prêts ? Oh, soyez sans inquiétude, il ne s’agit pas d’un voyage
par monts et par vaux, à la manière d’Abram ! Il ne s’agit pas de
gravir physiquement la montagne ! Mais il s’agit d’un voyage que
l’on pourrait appeler d’initiatique ; c’est-à-dire qui nous fait
entrer peu à peu dans un mystère, qui nous fait découvrir peu à peu
notre destinée et par là-même qui est Dieu.
Comme tout voyage, il y a un départ, il y a un itinéraire et il y a un but.
Il y a un départ.
A
vrai dire, ce voyage initiatique nous l’avons entrepris depuis notre
baptême. Nous étions déjà dans une histoire, celle de notre famille,
avec ses composantes de grandeurs et de faiblesses, de joies et
d’épreuves. Nous avons été agrégés à l’immense peuple de Dieu qui
s’avance sur le chemin de la foi, de la vie, à la suite du Christ.
Peut-être
que pour certains, ce départ s’est fait à l’âge des choix, des
décisions, de l’âge adulte. Et nous pensons à ces catéchumènes qui
seront baptisés à Pâques. « Pars, va dans le pays que je te
montrerai. » (Gn 12, 1). C’est chaque jour qu’il nous faut
entendre cet appel. C’est chaque matin qu’il faut reprendre son sac et
avancer. Il y a peut-être des jours où vivre en chrétien est pesant. Il
y a peut-être des jours où, par contre, une certaine paix spirituelle
s’installe en nous. Notre réaction est alors proche de celle de
Pierre : «Si tu veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour
toi, une pour… » (Mt 17, 04). Mais non, il faut avancer.
Il y a un départ … Il y a un itinéraire.
Nous
n’avançons pas à l’aveuglette dans la vie chrétienne, dans la vie
spirituelle, dans la vie de foi ! Nous ne sommes plus comme notre
père Abram ! Et même comme Pierre, Jacques et Jean que Jésus
conduit, avec lui, dans la montagne. Et pourtant, sur leur itinéraire
de foi, ces derniers avaient déjà Moïse et Elie. Moïse, le guide du
peuple sur le chemin de la liberté, sur le chemin de la Loi. Elie, le
prophète avec les autres prophètes porteurs de la Parole de Dieu pour
guider vers la justice, la paix, la vérité.
Quant à nous, notre itinéraire est bien balisé.
Il
y a, d’abord, Jésus. N’est-il pas la Parole même de Dieu qui éclaire et
donne vie ? Il nous dit : allez, venez, montez avec mes
disciples, sur la montagne. Il est notre guide. Entendez-vous la voix
qui retentit sur la montagne : « Celui-ci est mon Fils
bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ;
écoutez-le ! » (Mt 17, 5). Nous avons son Evangile ; et
c’est pour cela que l’on remet le livre des évangiles à ceux qui vont
être baptisés. Qu’en faisons-nous ? Le lire, oui, c’est premier.
Le vivre, c’est essentiel !
Balisant notre itinéraire, il
y a aussi tous ceux qui nous ont précédés dans la foi. Nous aussi, nous
avons Moïse et Elie. Nous avons nos frères des premières communautés
chrétiennes qui se sont frayé un chemin dans un monde païen, et pour
beaucoup, au risque de leur vie. Comme nombre de nos frères,
aujourd’hui : Pakistan, Egypte, Indonésie, Irak et peut-être,
insidieusement, plus près de nous. Et comme le rappelle Paul à son
disciple Timothée : « prends ta part de souffrance pour l’annonce
de l’Evangile. » (2 Tim 1, 8)
Nous n’avançons pas seuls, nous
sommes en Eglise. En avons-nous conscience, en dehors de ces temps
forts des messes dominicales et des fêtes ? L’Eglise, c’est-à-dire
le Peuple de Dieu uni dans la prière, fort de ses engagements au cœur
du monde, pour plus de justice, de paix, de respect des êtres vivants.
Sommes-nous des amoureux de cette humanité que le Christ a revêtue,
pour laquelle il a donné sa vie ?
Il y a un départ … Il y a un itinéraire… Il y a un but.
Abram
partait à l’aventure… . Pierre, Jacques et Jean suivaient le Christ
vers cette haute montagne… . Mais là n’était pas le but ! La
randonnée était d’un autre ordre et conduisait bien au-delà… « Ne
parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit
ressuscité d’entre les morts. » (Mt 17, 9).
Peu à peu nous
entrons dans le mystère d’un Dieu qui appelle à la vie, qui appelle au
bonheur, qui nous associe à son œuvre de vie.
Notre baptême nous a
mis sur cette route, à la suite du Christ. Chaque carême, dans la
montée vers Pâques, nous fait vivre ce qui se développe tout au long de
notre existence, jusqu’à la Pâque définitive avec le Christ.
Frères
et sœurs, nous sommes des pèlerins. Pour nous guider et soutenir nos
forces, nous avons la Parole de Dieu et l’Eucharistie. Alors écoutons
le Christ qui nous dit : « relevez-vous et n’ayez pas
peur. » (Mt 17, 7).
Amen
Georges AILLET, Prêtre.
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