2° dimanche de carême.
Voilà une douzaine de jours que nous avons commencé notre lente montée
vers Pâques. (La montée vers Pâques commence par le mercredi… des
cendres !) C’est justement une montée que nous propose l’évangile
d’aujourd’hui, celui de la Transfiguration. Ce récit qui est présent de
manière pratiquement identique dans les 3 évangiles synoptiques, on le
connaît bien. On l’entend 2 fois par an, d’abord lors du deuxième
dimanche de carême, comme aujourd’hui, et environ six mois plus tard,
le 6 août.
Il s’agit donc d’une montée, d’une ascension « sur une haute montagne
». La montagne, dans la Bible c’est toujours le lieu de la rencontre
avec Dieu. Dans un premier temps, c’est d’abord la Parole de Dieu qui
se rend visible aux disciples Pierre, Jacques et Jean : ils voient
Moïse et Elie, c’est-à-dire la loi et les prophètes, la quintessence de
l’ancien testament, la première alliance. Moïse et Elie s’entretiennent
avec Jésus, nous dit l’évangéliste. Jésus, l’homme de la nouvelle
alliance, du nouveau testament. Un Jésus transfiguré, comme déjà entré
dans sa gloire. Les 3 disciples privilégiés ont donc une vision de la
totalité de la Parole de Dieu, de toute la Bible, ancien et nouveau
testament réunis. Et puis, c’est Dieu le Père lui-même qui se donne à
voir, ou plutôt à percevoir, à entendre, à travers cette nuée lumineuse
et cette voix. Nuée qui manifeste la présence de Dieu, et qui est en
même temps le voile qui empêche de le voir complètement. Les trois
disciples l’ont bien compris, puisqu’ils « tombèrent face contre terre
et furent saisis d’une grande crainte ». Ils sont en présence de Dieu,
l’invisible, l’inouï, l’insaisissable, l’intouchable… C’est alors que
Jésus vient, justement, les toucher. Il les touche et leur dit «
relevez-vous et soyez sans crainte ». Oui, désormais, quand Jésus aura
accompli sa mission, qu’il aura vécu sa passion, sa mort et sa
résurrection, quand il sera entré dans sa gloire – et c’est maintenant
– alors Dieu ne sera plus l’invisible, l’inouï, l’intouchable,
l’insaisissable. Il sera – il est – au contraire le tout proche, en
relation directe avec chacun. C’est ce que nous rappelle St Paul dans
sa lettre à Timothée : « Cette grâce[…], maintenant elle est devenue
visible, car notre sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté : il a
détruit la mort et il a fait resplendir la vie et l’immortalité ».
C’est bien une véritable rencontre avec Dieu dont il s’agit. Dans les
tous premiers moments de notre ascension vers Pâques, nous sommes donc
invités à nous préparer à cette rencontre extraordinaire, unique, où
nous verrons Dieu face à face, où nous serons, nous aussi,
transfigurés, où nous aurons part à sa Gloire.
En attendant cette rencontre définitive avec Dieu, il nous est déjà
possible de le rencontrer, dès aujourd’hui. Où ? Comment ? Quels sont
les lieux où on peut rencontrer Dieu dans nos quotidiens ? Quels sont
nos lieux de transfiguration ?
Tout d’abord, ce qui vient en premier à l’esprit, le premier lieu de
rencontre est celui de la prière. La prière est une rencontre avec
Dieu. Pour qu’elle soit authentique, cette rencontre doit être un
échange. Il nous faut nous placer d’abord en situation d’écoute. Une
attitude d’intériorité qui laisse de la place à Dieu. Il ne suffit pas
de lui adresser nos demandes, nos mercis ou nos louanges, ou tout ce
que nous avons à lui dire, mais aussi de nous mettre à son écoute, pour
percevoir ce que lui veut nous dire. Voilà comment la prière est une
véritable rencontre.
Dieu vient aussi à notre rencontre dans chacun des sacrements.
L’eucharistie, bien sûr, mais aussi le sacrement du pardon, le
sacrement des malades, le baptême, la confirmation, l’ordination, le
mariage, sont autant de lieux de rencontre avec Dieu, des moments
privilégiés où Dieu vient à nous et peut nous transfigurer.
Autre lieu de transfiguration, de rencontre avec Dieu : la lecture de
sa Parole, la Bible. La Parole de Dieu, c’est Jésus lui-même ! Tout à
l’heure, quand j’ai eu terminé de lire l’évangile, j’ai proclamé : «
acclamons la parole de Dieu » et vous avez répondu, non pas « louange à
toi, parole de Dieu » mais bien « Louange à toi, Seigneur Jésus »
Jésus, c’est la parole de Dieu. Nous le proclamons chaque dimanche. En
lisant la Parole de Dieu, nous améliorons notre connaissance de Dieu,
et nous le rencontrons dans sa parole révélée. Formons-nous à une
meilleure connaissance de Dieu pour mieux le rencontrer.
Un troisième lieu où la rencontre de Dieu est possible, c’est la
rencontre avec nos frères et sœurs en humanité. La fraternité nous fait
côtoyer des personnes qui sont, comme nous, à l’image de Dieu. En
chacune de ces personnes, Dieu est présent. La fraternité, lieu de
rencontre avec Dieu lui-même si on sait voir dans le cœur de chacun la
présence de Dieu. Même si ce n’est pas toujours si facile ! Essayons de
voir en chacun de nos frères et sœurs des êtres transfigurés par la
présence de Dieu en eux.
Encore un lieu de rencontre possible avec Dieu, c’est le service des
pauvres, des petits, des malheureux. Nous connaissons bien ce passage
du chapitre 25 de l’évangile de Matthieu : « ce que vous avez fait à
chacun de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez
fait » Jésus ne dit pas « c’est comme si vous me l’aviez fait à moi »,
mais bien « c’est à moi que vous l’avez fait ». Jésus est dans le
pauvre, le petit, le faible. Le service est donc encore un lieu
privilégié de rencontre avec Dieu.
Ces lieux de rencontre où Dieu nous donne rendez-vous, ces lieux de
transfiguration, nous avons la chance de les connaître et de pouvoir
les vivre, plus ou moins fréquemment. Mais nous savons que d’autres
n’ont pas cette chance. D’autres ne connaissent pas Dieu, ne
connaissent pas Jésus. Ceux-là ne savent pas qu’ils peuvent faire sa
rencontre de toutes les façons que nous venons de voir. C’est pourquoi
Jésus nous a aussi donné un dernier commandement, c’est celui
d’évangéliser. De faire connaître à tous cette merveille de ce Dieu qui
se laisse rencontrer par qui le désire. A la fin de l’épisode que nous
venons d’entendre, Jésus recommande à ses disciples qui viennent de
voir la Gloire de Dieu sur la montagne : « ne parlez de cette vision à
personne… avant que le fils de l’homme soit ressuscité d’entre les
morts ». Pas avant, non ! Mais après, ne vous gênez pas ! L’évangile de
Matthieu se termine même par ce commandement : « Allez ! de toutes les
nations, faites des disciples ! ». En évangélisant, nous irons à la
rencontre de Dieu et nous donnerons à ceux qui ne le connaissent pas la
chance de pouvoir, eux aussi, le rencontrer.
Vous l’aurez sans doute remarqué au passage, les lieux de rencontre
avec Dieu que je viens de citer sont… ? les 5 essentiels, bien sûr ! La
prière et les sacrements ; l’approfondissement de la connaissance de
Dieu ; la fraternité ; le service ; l’évangélisation. Chacun d’eux est
un lieu où il nous est possible de rencontrer Dieu. C’est bien pour
cela qu’ils sont essentiels !
Frères et sœurs, sur notre chemin de carême, comme Pierre, Jacques et
Jean, montons à la montagne du Seigneur pour le rencontrer et
contempler sa gloire. Cette montagne de la rencontre, nous avons vu
qu’elle est toute proche de nous et qu’elle est à notre portée, dans
nos quotidiens. Toutes ces possibilités de rencontre seront pour nous
autant d’étapes joyeuses dans notre marche vers la Résurrection, le
dernier sommet qui est le véritable but de notre vie.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent
Gétigné et Clisson, le 8 mars 2020
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