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1° dimanche de carême.


Gn 2, 7-9; 3, 1-7a) ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11

« Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3, 16-17)

Vous vous étonnez sans doute de m’entendre commencer mon propos par la lecture de la fin du chapitre 3 de l’évangile de Matthieu, celui qui décrit le baptême de Jésus par Jean le Baptiste !

C’est tout simplement parce que l’évangile de ce premier dimanche de Carême se situe juste après celui-ci, puisque nous sommes ce dimanche au début du chapitre 4. La relecture dans le chapitre 3 nous permet justement de bien faire le lien entre les 2 évènements relatés par l’apôtre Matthieu au début de son évangile.   

Jésus qui vient d’être baptisé par l’eau, a aussi reçu l’Esprit, et c’est l’Esprit Saint qui le conduit aujourd’hui face à Satan dans le désert. Après avoir vécu son enfance auprès de Marie et de Joseph, caché avec eux en Egypte puis de retour à Nazareth, Jésus vient à la rencontre de Jean, concrétisant ainsi les propos de l’apôtre dans le désert de Judée : « Convertissez-vous ! c’est lui dont avait parlé le prophète Esaïe quand il disait : « Une voix crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ! » (Toujours dans le chapitre 3 de Mt)

Voici donc Jésus qui marche dans le désert ; pendant 40 jours il va jeûner et affronter le démon, c’est une épreuve nécessaire puisqu’il est venu nous visiter pour faire Alliance.

Dans un monde déjà marqué par le péché, Jésus va devoir se faire connaître, lui la voix qui crie dans le désert, lui le Fils de Dieu, lui le Messie que le peuple attend. Mais déjà les tentations sont là et il doit affronter et tenter de vaincre le Malin !

Sur la terre des hommes, le désert est un territoire hostile et les conditions de vie y sont extrêmement difficiles. Impossible pour nous d’imaginer comment Jésus a pu endurer cette longue marche dans le désert, souffrant de la soif et de la faim, souffrant aussi de la solitude, voire peut-être de l’abandon !

De nos jours encore, des hommes et des femmes dans certains pays vivent dans des zones arides, et ceux qui parmi vous ont pu se rendre en Terre Sainte ont certainement eu l’occasion de parcourir ces territoires désertiques faits de sable et de roches, je pense notamment au désert du Sinaï, là où se trouve le Mont Horeb, la montagne de Dieu, celle où Dieu a parlé à Moïse. Alors bien-sûr, pour les pèlerins que nous sommes, les parcours dans le désert se font dans des bus confortables et climatisés, et nous avons avec nous une quantité d’eau suffisante pour nous désaltérer ! rien à voir donc avec ce que qu’a pu endurer Jésus qui a marché seul dans le désert. Pendant 40 jours il a jeûne et prié son Père, se préparant à appeler les premiers disciples pour annoncer le Règne des Cieux : « A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « convertissez-vous, le Règne des Cieux s’est approché »  

Ainsi, après tous ces jours dans le désert,  Jésus qui s’est fait homme a faim, comme nous-même aurions faim et soif dans une telle situation !  Pour nous, l’eau et la nourriture ne manquent pas, il suffit de nous rendre au supermarché pour nous approvisionner ; Les produits sont multiples et variés et les tentations nombreuses,  Mais alors, notre première tentation serait peut-être d’abuser de cette abondance pendant que d’autres n’ont rien ou pas assez !

Pour Jésus dans le désert, nulle tentation, seulement des anges qui s’approchent et qui le servent ! Le pain dont Jésus a besoin n’est pas celui qui est pétri par la main de l’homme, il est le pain de vie promis par le Père, celui qu’il va partager avec l’humanité tout entière : « Notre Père qui est aux Cieux, donnes-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »

 

Le désert dont nous parle Matthieu dans ce passage nous rappelle d’autres lieux, par exemple ceux où Jésus a multiplié les pains pour nourrir les premiers disciples. « . . . après avoir rendu grâce, il les rompit et les donnait aux disciples, et les disciples aux foules. Et ils mangèrent tous et furent rassasiés » 

Ces jours-là, en multipliant et partageant les morceaux de pain, il a transformé les disciples, puis les foules.

 

Car oui, cette nourriture offerte dans l’eucharistie nous permet non seulement d’accueillir le Christ dans nos vies, mais elle nous oblige à vivre d’une autre manière, ce qui signifie pour nous de ne pas rester centrés sur notre propre vie. Aussi, lorsque nous nous avançons jusqu’à la table du Christ, et tout spécialement en ce temps de Carême, nous sommes invités, en Eglise, à un temps particulier de rencontre avec le Père et le Fils, mais aussi à un temps de solidarité et de partage avec nos frères et sœurs.

Cette solidarité et ce partage nous engagent à aller vers les plus démunis ; nous pouvons le faire ici dans notre pays de Châteaubriant, mais aussi au-delà vers ceux qui tentent de survivre sous les bombes ou encore ceux qui sont victimes de catastrophes naturelles ; nous pensons tout particulièrement en ce moment à nos frères et sœurs en Ukraine, en Turquie ou en Syrie.

Alors rappelons-nous frères et sœurs qu’il ne nous suffit pas d’accueillir et de prendre le pain, mais qu’il nous faut aussi le partager ; de même qu’il nous faut également transformer les déserts de nos vies.

 

Frères et sœurs, en ce premier dimanche de Carême, nous inaugurons un temps renouvelé, un temps que l’on pourrait qualifier de temps de guérison et de Salut.

-  Un temps de guérison pour inscrire dans nos vies la volonté de nous rapprocher du Christ et de son Evangile ; en nous nourrissant un peu plus de sa Parole puisque « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».

-  Un temps pour être sauvés en acceptant de choisir un chemin de conversion à l’écoute de la Bonne Nouvelle et en accueillant en nous l’Esprit Saint.

« Rends-nous la joie d’être sauvé, que l’Esprit généreux me soutienne » (Psaume 50 le mercredi des Cendres).

A ces temps de guérison et de salut j’aimerai aussi ajouter ceux de désert et de recréation. Le désert, ce serait tout ce qui nous éloigne des autres, nos errances et nos péchés, notre indifférence face à l’injustice, parfois aussi notre inaction ou encore notre manque de considération envers les plus fragiles.

Toutes et tous nous sommes des êtres fragiles et pécheurs, mais nous savons et nous croyons que par son sacrifice sur la Croix, le Christ nous a guéri du péché et nous a recréés par sa Résurrection.

 

Alors si dans le quotidien de nos vies nous pouvons être soumis à diverses tentations telles que le pouvoir et l’argent, laissons-nous plutôt tentés par de réelles responsabilités et de vraies valeurs ; Aimons et servons les pauvres et les exclus, par son Fils faisons Alliance avec Dieu.

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une Parole et je serais guéri ! »

Frères et sœurs, amis paroissiens, dans nos pauvretés, dans nos heures de déserts et de nuits, ravivons en nous la lumière de l’Espérance, ouvrons nos cœurs et convertissons-nous afin de porter au monde la Bonne Nouvelle du Christ, lui qui pardonne et qui donne vie.

Amen


Joël MACARIO, diacre permanent

le 26 févier 2023



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