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1° dimanche de carême.


Gn 2, 7-9; 3, 1-7a) ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19

       
Depuis mercredi, nous voici entrés dans le temps du Carême, cette marche de 40 jours qui nous conduit en Eglise vers la fête de Pâques. 40, dans toute la Bible, c’est le chiffre symbolique du temps de l’épreuve et de la révélation. Rappelons-nous les « quarante jours et quarante nuits » du déluge, les « quarante jours et quarante nuits » de Moïse se préparant sur la montagne à recevoir les tables de la Loi, les « quarante jours et quarante nuits » du prophète Elie marchant vers l’Horeb, la montagne de Dieu. Rappelons-nous surtout les 40 ans de la traversée du désert par le peuple Hébreu sous la conduite de Moïse : temps de la présence aimante de Dieu, mais aussi temps de l’épreuve ; et les « quarante jours et quarante nuits » du jeûne de Jésus au désert dont l’Evangile vient de nous parler. Dans toute l’Eglise, ce 1er dimanche de Carême est le jour de « l’appel décisif » par l’Evêque des catéchumènes qui vont recevoir le Baptême la nuit de Pâques.
Notre baptême n’est pas une assurance tout risque. Comme Jésus a été poussé par l’Esprit dans le désert juste après son baptême, notre baptême nous projette dans la dure réalité du monde. Avec les inévitables questions du croyant. Quand la faim tenaille une partie de la planète, comment espérer une intervention divine ? Quand la Foi nous place devant des existences vides de sens, comment croire en un Dieu qui s’efface ? Quand l’argent, le prestige, le pouvoir domine le monde, comment ne pas abandonner un Dieu dépourvu d’ambition politique ? A quoi sert la divinité si elle ne donne pas un coup de pouce quotidien ?
Mais ce serait de la magie que de vouloir s’approprier la puissance de Dieu pour satisfaire ses désirs personnels ; la foi est bien plus la volonté d’accueillir les dons de Dieu au service des hommes.  Jésus, dont le nom signifie « Dieu sauve » est le Messie qui a reçu l’onction de L’Esprit de Dieu en sortant du Jourdain et a entendu la voix déclarer : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. » « Si tu es le Fils de Dieu » répète le tentateur, car c’est bien çà le problème : être le Messie, çà consiste en quoi ? Est-ce résoudre les problèmes des hommes à coup de miracles comme changer les pierres en pain ? Est-ce provoquer Dieu pour vérifier ses promesses  d’alliance?  Est-ce posséder le monde, dominer, régner à n’importe quel prix, quitte à adorer n’importe quelle idole ?
Le comble de ces tentations, c’est qu’elle vise des promesses de Dieu : elles ne promettent rien d’autre que ce que Dieu a promis à son Messie. Et les deux interlocuteurs, le tentateur comme Jésus lui-même, le savent bien.  Mais voila, les promesses de Dieu sont de l’ordre de l’amour ; elles ne peuvent être reçues que comme des cadeaux. Et on n’aime pas en transformant à coup de baguette magique la pierre en pain ; mais en partageant du pain après l’avoir rompu. L’amour ne s’exige pas, ne s’accapare pas, il se reçoit à genoux, dans l’action de grâce. Au fond, il se passe la même chose qu’au jardin de la Genèse. Adam sait qu’il est créé pour être roi, pour être libre, pour être maître de la création. Mais au lieu d’accueillir ces dons avec reconnaissance, voila qu’il se met à douter de la bienveillance de Dieu et à se méfier de lui. Alors il exige, il revendique, il se pose en égal de Dieu. En écoutant la voix du diable, le diviseur, il rompt la communion qui l’unissait au créateur. Il est sorti du registre de l’amour et ne peut plus recevoir l’amour offert… il se retrouve pauvre et nu. Jésus a fait le choix inverse. Alors le démon le quitte : il n’a pas réussi à détourner le cœur du Fils.
St Paul, dans sa lettre aux Romains, annonce que l’humanité a franchi un pas décisif en Jésus Christ. Nous sommes tous frères d’Adam quand nous laissons le poison du soupçon infester notre  cœur. Nous sommes frères du Christ quand nous faisons confiance à Dieu pour le laisser mener nos vies. Nous sommes sous l’empire de la mort quand le soupçon nous empoisonne ; nous sommes déjà ressuscités avec Jésus Christ, déjà dans le Royaume de la vie quand nous nous faisons comme lui « obéissants », c'est-à-dire confiants. Le Carême est notre préparation à recevoir la vie nouvelle que Dieu donne aux croyants par la mort et la résurrection de Jésus que nous célèbrerons à Pâques. Pour nous aider à vivre ce temps de conversion, trois moyens nous sont proposés : le jeûne, la prière et le partage ; et les trois sont liés. Le jeûne nous apprend à vivre plus sobrement pour que notre vie ne soit plus guidée par la satisfaction de nos appétits, mais par la recherche de ce qui est essentiel : notre relation à Dieu, aux autres et à la création. La prière nous oriente vers Dieu pour accueillir ses grâces et devenir chaque jour un peu plus Fils, comme Jésus. Et le partage signifie que nous sommes vraiment les Fils d’un même Père et que nous sommes responsables du développement et de l’épanouissement de tous nos frères.
En repoussant les tentations, Jésus a assumé sa condition d’homme et nous a ouvert le chemin qui conduit à Dieu. Sa lutte victorieuse contre  Satan prélude sa passion et sa résurrection par lesquelles il nous offre le salut en nous faisant passer de la mort à la vie, de l’humanité à la divinité. Nous ne sommes pas comme des dieux, mais nous devenons Fils de Dieu, avec lui. Chaque eucharistie est un mémorial et une actualisation de cet évènement, pour nous aujourd’hui et pour tous nos frères qui n’ont pas encore découvert le cadeau que Dieu nous fait. A la fin de cette messe, nous serons envoyés porter cette bonne nouvelle à tous ceux qui nous sont proches. Peut-être pourrons-nous le faire en participant aux rencontres JEM qui sont proposées sur nos paroisses pour approfondir le mystère de l’Eucharistie et de la mission. Alors, laissons-nous pousser par l’Esprit au désert pour que Dieu puisse nous réconcilier avec lui.


Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent
Le 5 mars 2017
St Michel et Ste Marie (44)
 
 




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