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1° dimanche de carême.


Gn 2, 7-9; 3, 1-7a) ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19

       

        Chers frères et sœurs,

        Si vous écoutez bien les homélies du dimanche vous avez remarqué, qu’une homélie ne parle pour ainsi dire jamais du psaume.
D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre que le psaume est difficile à comprendre, même parfois par le prédicateur…
Pour notre paroisse, l’équipe d’animation paroissiale propose pour chaque dimanche de carême, que nous réfléchissions à partir des psaumes.
        Tout d’abord qu’est-ce qu’un psaume ? On risque d’être déçu si l’on cherche dans les psaumes une poésie pieuse et édifiante. Les psaumes sont l’écho d’une humanité bien réelle, avec ses vices, avec ses larmes (nous allons le constater tout à l’heure). On y entend souvent bruits de guerre, de lutte, de fracas et pourtant tout à coup, dans le texte, une immense tendresse déferle, soulève le priant, vers celui qui le sauve parce qu’il se sent aimé.

        Les psaumes sont la prière de l’homme de tous les temps. Jésus a prié les psaumes, Sur la croix il récitait le psaume 21 « Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ». Depuis presque 3 millénaires, des millions d’hommes et de femmes, relisent ces poèmes sans se lasser durant toute leur vie, parce que les psaumes sont habités par une présence.

        La tradition attribue au roi David, une grande partie des psaumes, dont le psaume 50 dont nous venons d’entendre des extraits. Je situe le contexte dans lequel a été écrit ce psaume :
        Nous sommes mille ans avant Jésus-Christ. Le Roi David séduit par la beauté de sa voisine Bethsabée, commet l’adultère avec elle. Puis, comme elle était enceinte, David fait tuer l’époux de Bethsabée, le soldat Urie, lors d’une bataille de la guerre en cours. Alors le prophète Nathan, intervient lui-même pour faire reconnaître à David qu’il a péché gravement. Le psaume 50 est la prière de repentance que fit David après avoir entendu Nathan. C’est le Miserere qu’on chantait souvent lors des sépultures autrefois. Dès le début du psaume : on constate que le psalmiste est effondré : « Pitié pour moi mon Dieu ». Malgré sa faute cependant, il se tourne vers Dieu, car il connaît sa miséricorde à l’égard du pécheur. Mais David souffre surtout parce que son image est ternie. Il insiste il faut effacer son péché, le laver tout entier, le purifier. Bref il voudrait redevenir comme avant. Il veut oublier ce qu’il a fait. Puis dit-il « Ma faute est toujours devant moi ». Elle devient une obsession, qui empoisonne sa vie. Mais jusqu’ici la faute n’est pas nommée. Si on lit l’intégralité du psaume on se rend compte qu’il faudra à notre repentant faire tout un chemin avant de pouvoir nommer l’acte qu’il a commis.

        Pour nous aussi, pour nommer les choses, surtout celles qui nous font souffrir, il nous faut parfois beaucoup de temps. Celui qui peut mettre des mots sur sa souffrance, la nommer est déjà en voie de guérison.

Dans la deuxième partie le psalmiste évolue. Il découvre qu’il ne pourra pas effacer sa faute, qu’elle sera toujours là. Il ne demande donc plus à Dieu de tout effacer, mais plutôt de changer son cœur. Il doit renaître, il lui faut un renouveau spirituel. « Crée en moi un cœur pur ô mon Dieu ». Alors, maintenant seulement, il peut nommer sa faute. Ce n’est qu’au verset 16 du psaume qu’on découvre que la faute est un meurtre.
        « Libère-moi du sang versé ».
        « Et ma langue acclamera ta justice »

        Où est la justice là-dedans ? Cette soi-disant justice ne restitue pas la vie à Urie et ne redonne pas son mari à Bethsabée.  En fait, nous sommes passés d’une justice vindicative où il faut absolument condamner l’homme pécheur à la justice de Dieu qui recrée l’homme. Pour Dieu seul le pardon est l’attitude juste. Seul l’amour voit juste. La justice de Dieu ne peut être que celle de l’amour.

        Ce psaume est à rapprocher de l’Evangile de l’enfant prodigue où le fils qui a tout dépensé son héritage, fait un retour sur lui-même et va revoir son père en lui citant cette phrase de ce psaume « Contre toi et toi seul j’ai péché » et cette simple phrase renoue le lien que le jeune homme avait cassé.

        Se reconnaître pécheur, mais savoir que Dieu peut libérer, aider à se remettre debout, peut provoquer à l’intérieur de soi une grande joie. « Rends-moi la joie d’être sauvé » dit David. Etre sauvé va avec la joie. Le salut c’est être unifié, réconcilié, intégré. Quand l’homme est unifié, en harmonie, il est heureux.

        Alors chers frères et sœurs, il nous reste deux choses à faire :
- tour d’abord remercier, tout simplement pour ce pardon que Dieu nous accorde en permanence. C’est le sens de la démarche que nous allons faire.
- puis pardonner à notre tour, sans délai, ni conditions. C’est tout un programme.

        Alors, que ce temps de Carême soit pour chacun de nous un vrai temps de conversion et de réconciliation. Ainsi nous pourrons dire avec le psalmiste qui a compris qu’il ne peut se racheter lui-même :

        Seigneur ouvre mes lèvres
        Et ma bouche publiera ta louange.

Jean-Claude LE MAUFF, diacre permanent
9 mars 2014


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