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1° dimanche de carême.


Gn 2, 7-9; 3, 1-7a) ; Ps 50 ; Rm 5, 12-19

        Nous y voilà donc. Notre longue montée vers Pâques en est déjà à son cinquième jour, depuis le mercredi des cendres. Cette marche de quarante jours, nous le savons bien, est à l’image des quarante jours que Jésus passe dans le désert juste après son baptême, et juste avant de commencer sa vie publique. Quarante jours pendant lesquels il sera tenté par le démon.
        Nous avons entendu aujourd’hui quatre textes qui nous parlent du péché, de la tentation et du salut.
        La première lecture nous révèle, avec ce récit symbolique que nous connaissons bien, que le péché est intimement lié à la condition humaine. On retrouve dans ce récit le tentateur, sous la forme d’un serpent, qui tient un discours menteur structuré en trois temps :

        1. Il commence par un mensonge pour semer le doute : « Alors, Dieu vous a dit : « vous ne mangerez aucun fruit du jardin » ? »
        2. Il présente le mal sous un jour agréable, en le minimisant et en travestissant ses conséquences : « vous serez comme des dieux ». Le mal est montré comme étant un bien.
        3. Il accuse Dieu d’être lui-même menteur, pour briser la confiance entre l’homme et Dieu : « pas du tout ! vous ne mourrez pas ! »
       
        C’est exactement cela qui constitue la tentation, et toutes les tentations auxquelles nous sommes confrontés sont de cette nature : (1) elles s’appuient sur un mensonge, (2) dans lequel le mal nous apparaît comme un bien, et (3) elles visent à nous séparer de Dieu.

        Mais la tentation n’est pas le péché ! Jésus lui-même, nous venons de le lire, a été tenté. Personne ne peut échapper à la tentation, mais chacun de nous peut demander la force d’y résister. Ce que nous apprend ce récit du couple de l’homme et de la femme tenté par le serpent, c’est que, sans l’aide de Dieu, l’homme est incapable de résister. C’est cela, le péché originel. Les tentations ont toujours existé et existeront toujours. Elles sont multiples et permanentes. Le combat existentiel de l’homme consiste à lutter pour ne pas se laisser berner par le tentateur, qui est malin ! Discerner pour découvrir le mensonge, déjouer le piège tendu, et choisir le chemin du bien en renonçant à celui du mal. Le péché, c’est justement lorsque nous faisons fausse route, lorsque nous tombons dans le piège. Notre vie est un long et constant discernement.

        Mais, pour ce combat, nous ne sommes pas seuls. St Paul nous explique dans sa lettre aux Romains que, si « le péché est entré dans le monde par un seul homme, Adam », et que « par le péché est venue la mort », de même, et combien plus, le péché a été racheté par un seul homme, le Christ Jésus, et par ce rachat, tous les hommes sont conduits à la vie. Voilà quelle est la foi des chrétiens.
Pour nous montrer comment Jésus est capable de nous sauver, le récit de l’évangile selon St Matthieu est éclairant. Il met lui aussi en scène le tentateur – le diable, le démon, appelez-le comme vous voulez – et Jésus, sans oublier l’Esprit Saint qui le conduit.
        Ici encore, la tentation est présentée en trois phases successives : la première, c’est le démon qui suggère à Jésus de changer les pierres en pain. C’est la tentation d’utiliser son pouvoir sur les choses.Ensuite, le démon propose à Jésus de mettre Dieu à l’épreuve, en se jetant du haut du temple, et en échappant à la mort grâce à l’intervention de Dieu qui enverraient ses anges pour le sauver. Mettre Dieu à son propre service, c’est la tentation d’utiliser son pouvoir sur Dieu. Enfin, le tentateur propose à Jésus de posséder tous les royaumes de la terre. C’est la tentation d’utiliser son pouvoir sur les hommes.
        Pouvoir sur les choses, pouvoir sur les hommes, pouvoir sur Dieu : il n’y a pas d’autre tentation. C’est pourquoi Satan abandonne la partie, il a fait le tour de la question. Quant à nous, chacune de nos tentations peut être rattachées à l’une ou l’autre de ces trois-là. Dans tous les cas, il s’agit d’entrer en concurrence avec Dieu, de vouloir s’arroger un pouvoir qui n’appartient qu’à Dieu, avec pour but final de se faire dieu soi-même, à la force de nos bras, et ne plus avoir besoin de Lui.

        Pour lutter contre toutes ces formes de tentation, ce récit nous montre de quels moyens nous disposons. En effet, pour repousser chacune des avances du tentateur, quelle arme Jésus utilise-t-il ? La Parole de Dieu !
        A chaque fois, son argument c’est : « il est écrit : ... » et il cite un verset de la Parole de Dieu. Et à chaque fois, cet argument est efficace puisque le démon est battu et passe à une autre forme de tentation. Tellement efficace, la Parole de Dieu, que le démon lui-même essaie de l’utiliser pour confondre Jésus : il cite le psaume 91 dans lequel on peut lire : « Aucun malheur ne t'arrivera, aucun fléau n'approchera de ta tente. Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies ; ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre. » Mais évidemment, ça ne prend pas, puisque ces verset sont sortis de leur contexte et appliqués à des fins utilitaristes, ce que n’est évidemment pas la parole de Dieu.

        Jésus a vaincu la tentation. Il est donc plus fort que le péché, et c’est pour cela qu’il est notre sauveur.
        Notre péché, c’est-à-dire notre faiblesse face aux multiples tentations qui nous assaillent, nous le connaissons bien, nous tous. Comme l’auteur du psaume 50, nous pouvons dire « Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait. » Pour vaincre le péché, il nous faut faire comme Jésus dans ce passage de l’évangile de Matthieu, utiliser la meilleure arme contre le tentateur : la Parole de Dieu.

        St Matthieu, justement, introduit son récit en rappelant que Jésus vient de recevoir le baptême, qu’il est donc rempli de l’Esprit saint, et que c’est précisément cet Esprit Saint qui le conduit au désert. Le désert, c’est le lieu par définition où il n’y a rien, lieu où pas un homme ne peut vivre. C’est donc le lieu où l’on se retrouve seul avec soi-même, pour mieux se préparer à la rencontre avec Dieu. Car c’est le lieu même où Dieu peut nous rejoindre.

        Alors, frères et sœurs, allons au désert ! Ce temps du Carême est fait pour ça. Comme il l’a fait pour Jésus, l’Esprit Saint que nous avons, nous aussi, reçu à notre baptême, nous y invite. Allons à la rencontre du Seigneur ! Descendons en nous-même jusqu’à notre désert intérieur, lieu de vérité, là où Dieu seul peut nous rejoindre, sans aucun artifice, en toute vérité, dans une rencontre cœur à cœur.

Amen !

Daniel BICHET, diacre permanent.
Gorges et Maisdon-sur-Sèvre
9 mars 2014

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