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Baptême du Seigneur


Is 42, 1-4.6-7 ; Ps 28 ; Ac 10, 34-38 ; Mt 3, 13-17

Tout va vite… Même dans le domaine de la liturgie !

Il y a une semaine, nous étions encore à Bethléem en compagnie des mages ; et voilà   qu’aujourd’hui, nous sommes transportés aux rives du Jourdain où, un certain Jésus adulte apparaît, environ trente ans plus tard,  venant de Galilée !
Mais, c’est comme une autre naissance qui va nous être contée… . Celle à la vie adulte, celle à la vie publique, celle à la mission. Notre regard est déjà détourné de la crèche.
La scène rapportée par Matthieu comporte deux tableaux. Tous les deux, importants pour comprendre qui est Jésus. Et aussi, importants pour ajuster notre vie à la sienne.
    •    Le premier tableau.
« Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser. »
Jésus se présente, anonymement, au milieu de ses concitoyens. Il entre dans leur démarche  d’abaissement, de conversion, comme s’il en avait besoin lui-même ! Démarche qui signifie aussi l’attente du Règne de Dieu. Seul, Jean-le-Baptiste en perçoit l’étrangeté : « c’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi. » dit-il. (Mt 3, 14)
Admirable signe donné par Jésus. Son incarnation n’est pas un semblant. Il s’est fait homme, parmi les hommes, épousant pleinement notre humanité.
Et c’est là que la prophétie d’Isaïe, que nous avons entendue il y a un instant, vient éclairer la dimension profonde de son humanité. « Voici mon serviteur que je soutiens… ».  Jésus est venu non être servi, mais pour servir. Serviteur de son Père et serviteur de ses frères, les hommes, nous. Toute sa vie, jusqu’au geste du lavement des pieds, il se révèlera l’humble serviteur, en nous guidant, sur le chemin de la vie.
Ah ! Si tous ceux qui exercent un pouvoir, ici-bas, le faisait comme serviteurs de leurs frères, nul doute que le monde ne connaîtrait pas les injustices, les abus de pouvoir, les désespoirs, les violences, les guerres. Peut-être, a-t-on le droit de rêver ?
Toutefois, chacun de nous, à notre mesure, exerce un certain pouvoir, fait d’autorité, de responsabilités. C’est peut-être dans notre vie professionnelle ? C’est peut-être dans notre vie familiale, entre époux et entre parents/enfants ? C’est peut-être dans l’organisation de la société politique, ecclésiale, associative ? Il ne s’agit pas de faire la morale. Il s’agit d’aider l’autre à grandir, à être lui-même, à se réaliser. Comme le dit Isaïe : « Tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres. » (Is 42, 07). Que d’aveuglements dans la conduite de l’existence ! Que de prisons intérieures ! que de ténèbres sur nos routes !
Je vous invite à relire ce magnifique texte d’Isaïe, au chapitre 42.

    •    Le second tableau.

« Voici que les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. » (Mt 3, 16)

Un monde nouveau naissait. Evocation des temps primordiaux où le souffle de Dieu planait sur les eaux, tandis que la Parole de Dieu allait faire jaillir le cosmos et la vie.

En Jésus, le règne de Dieu s’inaugure. Et la Parole de Dieu jaillit : « Celui-ci est mon Fils bien aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. » (Mt 3, 17) 

Tout au long de l’année liturgique, avec Matthieu, nous suivrons Jésus, le Christ, sur les routes de Galilée, de Samarie et de Judée. Nous l’entendrons parler du Père, de sa tendresse, du Royaume ; nous le verrons tel le Serviteur ouvrir les yeux, les oreilles et les cœurs.

Le Règne de Dieu est instauré. 

L’apôtre Pierre s’en fait l’écho lorsqu’accomplissant, lui aussi, sa mission de serviteur près des païens, il prend la parole chez Corneille, centurion de l’armée romaine : « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. » (Ac 10, 34-35). Ô, comme ces paroles résonnent dans notre monde actuel où l’on se déchire entre ethnies, entre croyants au même Dieu.
Frères et sœurs, baptisés, nous sommes identifiés au Christ Jésus, sur qui l’Esprit de Dieu est descendu et qui est le Fils bien-aimé.  Alors, nous aussi, nous sommes porteurs de cette vie créatrice de Dieu.  A la suite de Jésus et avec lui, nous sommes acteurs d’un monde nouveau qui est déjà là, mais qu’il nous faut faire croître. Et ce sera à la manière du Serviteur, porteur et dispensateur de tout l’amour de Dieu.
C’est pourquoi nous venons nous ressourcer à la table eucharistique. Le Christ nous communique sa vie. Il est le Pain de vie sur nos chemins humains. Entrons dans ce mystère d’un amour qui se donne.

Amen.

Georges AILLET, prêtre du diocèse de Nantes

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