3° dimanche de l'Avent.
Mt 11, 2-11
Le Messie se fait attendre, nous avons du mal à voir
l’action de Dieu dans notre monde. Les chrétiens sont persécutés dans
de nombreux pays, et chez nous, pour certains, la laïcité consiste à
confiner la foi dans la sphère personnelle et à l’exclure de la vie
sociale. La une du journal ‘Libération’ titrait le 24 novembre dernier
suite aux déclarations des candidats aux primaires : « Au secours Jésus
revient » avec un article virulent contre l’Eglise et les chrétiens.
Comme si : « Jésus revient » c’était une mauvaise nouvelle !!! Le
journal L’EXPRESS de son côté affichait cette semaine : « le réveil des
Catholiques ». Il est intéressant d’observer que des thématiques
comme la famille, le mariage, la fin de vie, l’avortement ou encore la
place des religions dans la société s’imposent dans les débat. Les
catholiques n’ont jamais abandonné le terrain social de la charité et
de la solidarité et ils ont pris une grande part pour accompagner les
migrants de Calais ou de Paris arrivés dans les centres d’accueil… Aux
catholiques de poursuivre leur engagement dans la société et de faire
preuve de suffisamment de discernement pour ne pas suivre aveuglément
ceux qui ne s’intéressent qu’à leurs bulletins de vote… Jésus est
décidément signe de contradiction… Le Royaume n’est pas encore là et il
n’arrivera pas par les médias… ni par ceux qui cherchent à
instrumentaliser le Pape François et les chrétiens… Les chemins du
Seigneur ne sont pas de cette nature !
Les textes de ce jour nous montrent que les chemins
du Seigneur se vivent dans la patience, avec des moments de doute, mais
qu’ils nous conduisent sûrement vers la joie de la rencontre, rencontre
avec Dieu en cet enfant Jésus qui vient naître à Noël parmi nous.
Jean le Baptiste est au fond de sa prison. Lui, le
précurseur, celui qui a invité ceux qui le suivaient à préparer les
chemins du Seigneur, se pose des questions : Ce qu’il entend de sa
prison ne correspond pas au Messie fort et justicier qu’il annonçait…
Il est en plein doute, au point d’envoyer ses disciples poser cette
question à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons nous en
attendre un autre ? »
Isaïe, lui, s’adresse aux exilés de Babylone qui
sont sous le joug des Assyriens. Ils espèrent être libérés et retourner
à Jérusalem. Bien avant l’évènement de leur libération, Isaïe annonce
la fin de l’exil et le retour des exilés : « Dieu lui-même va vous
sauver ». Sur cette terre d’exil, ce pays aride, il faut tenir avant de
voir les promesses du Seigneur se réaliser. Isaïe exhorte les exilés à
se soutenir : « fortifiez les mains défaillantes, affermissez les
genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : soyez forts ne
craignez pas... »
Saint Jacques n’est pas en reste. Il conseille de
prendre patience, à l’image du cultivateur qui « attend les fruits
précieux de la terre ». Il nous invite à tenir bon en attendant la
venue du Seigneur… Dans notre environnement difficile, nous sommes
invités à l’espérance qui donne la patience et à l’endurance.
Jean le Baptiste au fond de sa prison se pose des
questions, les exilés à Babylone se demandent s’ils reviendront un
jour, les chrétiens aujourd’hui se posent des questions. Qui de nous ne
se pose pas des questions ? Qui de nous n’a pas douté de sa Foi ? Qui
de nous ne s’est pas dit : croire qu’est-ce que ça change, quand on
voit les malheurs, les guerres et les atrocités dans le monde ?
Pourquoi Dieu qui est tout-puissant, n’intervient-t-il pas pour mettre
fin à toutes ces souffrances et ces injustices ? Ne pourrait-il pas
prendre sa baguette magique qui remettrait le monde en ordre ?
Dieu est trop respectueux de l’homme qu’il a créé
libre pour s’imposer de cette manière. Le salut n’est pas là ! Aux
disciples de Jean qui posent la question à Jésus : es-tu celui qui doit
venir ? Jésus répond par des signes : Il guérit les malades et les
infirmes et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Jésus est bien
l’envoyé de Dieu : ses paroles et ses actes l’attestent. Dieu est là
avec nous au milieu de nos souffrances. Jésus nous révèle son Père
miséricordieux. Oui, Dieu, en Jésus, porte avec nous toutes les
misères, toutes les épreuves du monde. Oui, Jésus souffre avec nous
! Il sauve l’homme meurtri, il le relève de ses misères et de son
péché…
Comme Jean-Baptiste, nous avons souvent du mal à
reconnaître la présence de Dieu dans nos vies et dans le monde.
Nous avons aussi du mal à témoigner de Lui. Nous avons du mal à être,
comme Jean le baptiste, des précurseurs qui font signe à ceux que nous
côtoyons. Pourtant nous sommes invités à la suite de Jésus à être
présents auprès de tous ceux qui souffrent, ceux pour qui la vie est
dure, les infirmes, les pauvres ; les accablés, les opprimés, la veuve,
l’orphelin et l’étranger, comme nous le dit le psaume de ce jour. Oui,
c’est à nous d’être des disciples missionnaires, comme nous le demande
notre évêque dans son message de l’avent. Nous serons alors signe de
l’amour de Dieu pour l’humanité et des témoins discrets de sa présence
au milieu des hommes.
En attendant le retour du Seigneur, à la fin des
temps et l’avènement de son Royaume, inspirons-nous de la venue de
Jésus au milieu des hommes, contemplons cette présence humble et pauvre
dans la crèche et à Nazareth avec ses parents. Regardons Jésus, qui a
pris notre condition humaine, et qui s’est inscrit dans notre histoire
il y a plus de 2000 ans. Vivons le et soyons les témoins de son amour
aujourd’hui. Oui, Jésus est la lumière pour nous et pour le peuple qui
marche dans les ténèbres, comme le dit Isaïe. Oui, Jésus, ce petit
enfant que nous nous préparons à accueillir est celui qui donne sens à
nos vies, c’est celui qui nous apporte la Joie et la Paix ! Dans ce
monde qui en a tant besoin, et qui manque de repères, nous pouvons
effectivement dire comme Pierre sur sa barque chahutée : « Au secours
», Jésus, viens, nous t’attendons.
Yves Michonneau, diacre permanent
11 décembre 2016
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault (44)