3° dimanche de l'Avent.
La semaine dernière, j'ai été étonné de la violence
des remarques de Jean le Baptiste, le précurseur qui annonce Jésus, le
Sauveur, en parlant des Pharisiens, il leur dit : "Engeance de vipères,
si vous ne produisez pas de bons fruits, la cognée se trouve déjà au
pied de l'arbre qui va être coupé et jeté au feu".
Quelle façon curieuse d'annoncer un sauveur, et
cette semaine, un autre annonceur de bonne nouvelle, Isaïe, proclame :
prenez courage, ne craignez pas, voici votre Dieu, c'est la vengeance
qui vient, la revanche de Dieu.
Aujourd'hui, nous le savons, le Dieu qu'Isaïe
annonce, comme celui de Jean le Baptiste est un Dieu d'amour et de
pardon.
Nous en sommes, tout du moins je l'espère,
persuadés, le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu d'amour et de pardon,
mais, ce Dieu, nous le voyons avec nos yeux d'homme, nous le percevons
avec notre coeur d'homme, Lui, ce Dieu, dont la mesure est l'infini,
nous le mesurons avec nos mesures finies... nos courtes vues.
Même Jean le Baptiste, lui qui a été le précurseur,
lui dont le Christ dit qu'il n'y a pas d'homme plus grand que lui, sa
courte vue le fait douter, il doute, puisqu'il fait demander à Jésus :
"Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?"
Nous aussi nous doutons, le texte de Matthieu, plus
qu'une réponse, est pour nous une interrogation, une interpellation qui
nous invite à réfléchir sur la nature du salut que nous attendons.
Savons-nous vraiment quel est le salut que nous voulons, notre vue trop
humaine ne nous laisse-t-elle pas voire d'abord la solution de nos
problèmes bien terre à terre, authentiques sûrement, mais l'amour et la
capacité infinie du pardon de Dieu sont ils faits pour cela. Jésus,
nous dit Matthieu, interpelle les foules, leur démarche faite pour
rencontrer le Baptiste à quoi correspond-elle, qu'êtes vous allés voir
au désert ?
Trois fois Jésus pose cette question, "mais qu'êtes vous donc allés voir au désert ?"
Jean se posait des questions, les foules
interpellées par Jésus se posaient des questions, les chrétiens
aujourd'hui aussi se posent des questions, qui d'entre vous, un jour ou
l'autre ne s'en est il pas posé, qui n'a jamais remis en cause sa foi,
qui ne s'est pas dit : finalement, croire, qu'est-ce que cela change
aux malheurs et injustices du monde ? La situation de l'humanité
conserve ses cas tragiques de maladie, d'handicap, d'injustice... et
qui n'a jamais pensé que Dieu ferait mieux de faire marcher sa baguette
magique qui résoudrait les problèmes.
Le salut de Dieu n'est pas là, et ici nous trouvons
une autre interpellation, Jésus fait dire à Jean : que les aveugles
voient, que les boiteux marchent, que les lépreux sont purifiés, que
les sourds entendent, que les morts ressuscitent... est-ce cela le
salut de Dieu, ne serait-ce que ces miracles occasionnels, qui nous
donnent simplement à voir la puissance de Dieu, mais l'amour et le
pardon infinis de Dieu n'offrent-ils pas quelque chose de plus grand
encore.
Le salut de Dieu est d'un autre ordre, qui ne
s'identifie pas avec le retentissement humain qu'il présente, ce salut
c'est l'action même de Dieu au plus profond de l'homme, c'est découvrir
le lien entre la Parole de Dieu et le développement de l'humanité,
c'est nous transformer intérieurement pour découvrir la volonté de Dieu.
Cela ne va pas de soi, c'est une découverte sans
cesse à renouveler, c'est la réalité vivante de la rencontre du Christ,
on croit quelquefois le saisir, mais il échappe, toujours il faut
l'accueillir d'une manière nouvelle.
Cette éternelle démarche est difficile et
éprouvante, et il est réconfortant de constater qu'il en était ainsi
déjà, pour un homme de la grandeur de Jean.
Une dernière interpellation nous est faite, nous
sommes nous aussi appelés à devenir des précurseurs, sinon comment le
monde reconnaîtrait en Jésus, le Christ qui vient nous sauver. Jésus on
ne le découvre que s'il nous est présenté... et les autres ne peuvent
le découvrir que si nous le présentons, c'est cela la mission
prophétique de tout chrétien. C'est le témoignage des apôtres,
des évangélistes qui nous permet de connaître et reconnaître Jésus,
c'est notre devoir aujourd'hui d'être de leur succéder, de montrer au
monde qu'il ne va pas à sa perte mais qu'il est sauvé, de donner les
signes des hommes qui comme les miraculés de Jésus, sont relevés,
guéris, les personnes en détresse rassurées, ceux qui sont victimes
d'injustice, rétablis dans leur droit... c'est cette première étape
prophétique des hommes qui ont découvert Jésus, le Christ, qui permet
d'ouvrir les yeux sur sa présence discrète à l'oeuvre au milieu des
hommes. C'est cela qui permettra aux hommes de bonne volonté de
reconnaître "celui qui vient" ce Dieu qui a pris chair, qui a donné sa
vie pour nous sauver pour l'éternité.
Michel NOROY, diacre permanent
12 décembre 2010