2° dimanche de l'Avent.
Mt 3, 1-12
Annoncer et préparer les chemins du Seigneur
Dans l'évangile de Matthieu nous
rencontrons Jean le Baptiste alors qu'il rassemble déjà les foules en
Judée (pour connaître un peu mieux son histoire, il faut aller dans
l'évangile de Luc).
Dans l'Ancien Testament, le
dernier prophète est Malachie (en fait, un nom d'emprunt, Malakéa qui
veut dire messager « Parole du Seigneur à Israël par l'intermédiaire de
Malachie », ref TOB). Après Malachie, Dieu n'a plus parlé à son peuple.
Aucune prophétie pendant plus de quatre siècles.
C'est en citant Isaïe que
Matthieu fait le lien entre Jean et les prophètes de l'Ancien
Testament. Il nous montre ainsi que Malachie n'est pas le dernier
prophète, c'est Jean. D'ailleurs, son style, sa manière de se vêtir,
son mode de vie dépouillé, ses paroles et sa façon de proclamer, c'est
bien ceux des anciens prophètes.
Matthieu nous dit que Jean avait deux intentions principales : il annonçait et il préparait.
L'annonce de Jean
Aujourd'hui, avec internet, avec
les chaînes d'information en continu, le satellite, avec les journaux,
les blogs des particuliers, le téléphone qui couvre toute la planète,
on sait à peu près tout sur tout.
Comme vous le savez il n'y avait
rien de tout cela aux temps de Jean. Les nouvelles mettaient du temps à
circuler, on n’écrivait pas, on savait ce qui se passait ailleurs
essentiellement par la parole, transmise de bouche à oreille, par les
commerçants qui traversaient les pays, par les soldats qui donnaient
des nouvelles du gouverneur, par les prêtres dans le Temple, par les
familles qui se regroupaient, les marins qui venaient de contrées
lointaines etc.
A l'époque de Jean, il n'y avait
pas non plus de routes comme aujourd'hui, jusqu'à ce que les romains
commencent à les faire construire, et quand quelqu'un d'important
voulait voyager, il envoyait des gens devant lui pour préparer le
chemin, pour faciliter son voyage.
Ce sont ces choses que fait Jean.
Il annonce que quelqu'un arrive et il prépare son chemin. C'est un roi
mais pas n'importe quel roi. Jean annonce le Seigneur, le roi qu'attend
Israël.
Au moment de ce passage
d'évangile, Israël est un pays occupé par les romains. Rome n'était pas
un occupant agréable, la répression était souvent sanglante et cruelle,
et le comble, c'est que Dieu, le Dieu d’Israël restait silencieux, un «
silence assourdissant » !
Et voilà que Jean apparaît et
qu'il annonce l'arrivée du roi ! Dieu bouge enfin! Il n'a pas oublié
son peuple !
Le message de Jean Baptiste est simple: "convertissez vous, car le royaume des cieux est proche."
Qu'est ce que la conversion?
Quand Jean dit "convertissez-vous" que veut-il dire ?
"Changez de direction !changez
d'avis", "changez votre façon de penser". Et la conversion passe par la
reconnaissance de nos péchés «Alors Jérusalem, toute la Judée et toute
la région du Jourdain venaient à lui ; et ils se faisaient baptiser par
lui, dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés » (Mt, 3,5)
Avant de pouvoir nous détourner
de notre péché il faut reconnaître que nous avons péché. Nous savons
que certains de nos actes, de nos pensées, certaines paroles que nous
disons sont radicalement éloignées de Dieu, que ce sont des offenses à
Dieu. Nous savons cette vérité, nous la comprenons. Mais comprendre
notre péché, ce n'est pas de la conversion.
Nous pouvons avoir une réaction
d'horreur devant nos actes, nous pouvons bien sentir profondément que
nous avons fait du mal à quelqu'un, que nous avons offensé Dieu « en
pensée, en parole, par action et par omission », mais ce sentiment peut
venir simplement de notre peur : que va-t-il bien m'arriver... je suis
dévoilé, repéré ! Dieu sait tout, lui qui sonde les reins et les
cœurs...je suis cuit, je brûlerai éternellement en enfer...
Nous pouvons aussi être tristes à
cause de notre péché, avoir du regret, du chagrin, c'est bien, c'est un
début... mais rien n'est résolu, nos larmes ne mouillent que nos joues,
la conversion n'est pas là.
Il faut vouloir vraiment rejeter notre péché et vouloir changer. Nous
devons donc agir, faire quelque chose, autrement dit, tourner le dos au
péché et vivre autrement.
Jean nous donne au moins une
bonne raison pour nous convertir : "Le royaume des cieux est proche."
Car la perspective de Jean, c'est aussi le jugement dernier.
Le jugement dernier
Alors Jean propose à chacun de se
mettre en règle avec Dieu avant qu'il ne vienne pour juger le monde et
pour régler les choses lui-même, à sa façon, « avec des pleurs et des
grincements de dents ». Le nom « Jean » signifie "Dieu est
miséricordieux", le message que Jean apporte montre la miséricorde de
Dieu : le jugement va venir mais vous pouvez l'attendre sans crainte si
vous vous convertissez maintenant. Il n'y aura aucune surprise,
personne ne peut dire "je ne le savais pas..." Le message de Jean et la
venue de Jésus nous montrent clairement que nous avons du temps pour
nous mettre en ordre avec Dieu, mais ce temps n'est pas plus long que
notre vie.
Et ce message étonnant de Jean
est efficace. Nombreux sont ceux qui sont venus confesser leur péché et
recevoir le baptême.
Et ce n'est pas seulement le
peuple qui vient voir Jean dans le désert. Les chefs religieux y sont
allés aussi, mais Jean leur réserve des paroles féroces : "Races de
vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc du
fruit qui témoigne de votre conversion, et ne vous avisez pas de dire
en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous le dis, des
pierres que voici, Dieu peut susciter des enfants à Abraham." (V. 9)
Jean ne se retient pas! Il est
furieux. Si le cœur du message de Jean est la conversion, la
conséquence de son message doit être un changement de vie. La colère à
venir dont Jean parle, c'est le jugement dernier de Dieu. Nous voyons
plus loin dans les évangiles que Jésus jugera les chefs religieux dans
les mêmes termes. Appeler quelqu'un "vipère" c'est pas un compliment.
En fait c'est dire qu'il est le pire de tous les animaux, l'animal
maudit par Dieu, celui par qui le péché a été introduit dans le monde,
synonyme de tout ce qui est mauvais.
Pourquoi être si impoli, si
injurieux ? C'est parce que les chefs religieux étaient hypocrites. Ils
se prétendaient hommes de Dieu, ils prétendaient être saints,
irréprochables mais ils ne l'étaient pas.
Les chefs religieux étaient
tout-à fait d'accord avec Jean, mais c'était pour les autres, pas pour
eux, ça ne les concernait pas.
Et nous, ne sommes nous pas parfois comme ces chefs religieux ?
Réfléchissons aussi à notre façon de vivre notre foi, notre espérance
en Dieu, sinon, même notre assiduité à la messe ne compte pour rien si
notre cœur est dur et sans remords.
Dieu cherche ceux qui se convertissent et puis qui vont vivre en vérité
leur repentir, leur contrition. Cela ne veut pas dire porter des
vêtements de deuil, cela ne veut pas dire avoir un air sombre et
triste. Cela veut dire : ne péchez plus, vivez autrement.
Pour terminer, je réfléchissais à ce que nous devons faire avec ce
message de Jean qui nous appelle à la conversion. La conversion, c'est
comme la pêche aux chadrons*, il y à une date limite au de laquelle le
salut ne sera plus offert. Il est vrai que nous ne connaissons pas la
date que Dieu a fixée, dimanche dernier, Jésus nous disait « veillez
donc, car vous ne savez pas le jour où votre Seigneur viendra ». Cela
veut dire que nous ne pouvons pas nous endormir en pensant que, parce
que nous sommes ici, ce matin, nous avons encore le temps pour nous
convertir, nous le ferons demain. Demain, ou le jour d'après, et ce
sera peut-être trop tard.
Alors ajoutons dans notre agenda
: aujourd'hui, je dois me convertir, et plaçons ça dans la colonne des
choses urgentes.
--------
*Chadron est le nom local de l’oursin dont la pêche est autorisée deux jours par an avant Noël
Gérald PRIVE
Diacre permanent
Saint Thomas du DIAMANT (Martinique)
le 08 / 12 / 2013