1° dimanche de l'Avent.
En
ce premier dimanche de l'Avent, nous commençons une nouvelle année
liturgique qui va nous coduire à Noël. Et dès ce premier jour de
l'année, nous sommes pour ainsi dire projetés en avant... très loin
devant puisque l'évangile nous projette même au dernier jour... à la
fin des temps. Et cette fin des temps, Isaïe nous l'a décrite comme une
période de Paix donnée par le Seigneur. L'Evangile que nous
venons d'entendre n'a pas été écrit pour nous faire peur . Il est écrit
dans un langage « apocalyptique », ça veut dire qu'il lève « un coin du
voile ». Il dévoile la réalité, et la réalité, la seule qui compte,
c'est la venue du Christ. « Jésus parlait à ses disciples de sa venue.
» Et chose curieuse, c'est au futur qu'il en parle : « Le Fils de
l'homme viendra ». On comprendrait mieux qu'il en parle au passé
puisqu'il est là. Le mot « venue » n'est donc pas ici synonyme de «
naissance ». « Nous attendons ton retour dans la gloire. »
proclamons-nous à chaque messe.
Ce qui peut nous déranger, et même nous faire peur dans cet évangile,
c'est la comparaison avec le déluge, au temps de Noë, et la mise en
garde qui va avec : « deux hommes seront aux champs, l'un est pris,
l'autre laissé. Deux femmes seront au moulin, l'une est prise l'autre
laissée. » Comment faire pour entendre là un Evangile, au vrai sens du
terme, c'est à dire une Bonne Nouvelle ? En fait, c'est un conseil que
Jésus nous donne. Il prend l'exemple de Noë : à l'époque de Noë,
personne ne s'est douté de rien ; et ce qu'il faut retenir, c'est que
Noë qui a été trouvé juste a été sauvé. Tout ce qui sera trouvé juste
sera sauvé. On retrouve le thème habituel du jugement, du tri entre les
bons et les mauvais, entre le bon grain et l'ivraie. Evidemment, parler
de bons et de mauvais comme deux catégories distinctes de l'humanité,
c'est une manière de parler : du bon et du mauvais, il y en a en chacun
de nous. C'est donc au cœur de chacun de nous que le bon sera préservé,
et le mal extirpé. Il nous revient de veiller, comme dit Jésus, c'est à
dire de nous tenir prêts pour le jour où « le Fils de l'Homme viendra. »
Comment envisageons-nous l'avenir ? Comment attendons nous le
retour du Christ ? Il y a plusieurs façons d'attendre. On peut attendre
son train avant un départ pour un voyage habituel, et là, on peut
s'abstraire de ce qui nous entoure dans un bon livre. Mais on peut
aussi attendre un train avec impatience et fébrilité parce qu'il nous
amène une personne aimée qu'on a hate de revoir. Chacun a en mémoire
l'excitation des enfants qui attendent leur grand-mère sur le quai de
la gare. C'est peut être cela l'espérance. Alors que l'espoir risque
d'enfermer le futur dans nos attentes personnelles, l'espérance nous
ouvre au présent. Elle se nourrit de la foi : le Christ vient en
personne nous rejoindre sur le chemin de nos vies. Son incarnation ne
vise pas un ailleurs ou des lendemains qui chantent. Elle révèle que
nos vies actuelles sont déjà la demeure de Dieu et que nos pas sont
accompagnés de sa présence. Espérer, ce n'est pas s'endormir mais au
contraire se lever pour aller à la rencontre de quelqu'un.
C'est ce que Paul nous rappelle : « l'heure est venue de sortir de
votre sommeil. Car le salut est plus près de vous maintenant qu'à
l'époque où vous êtes devenus croyants. » C'est toujours vrai. Notre
foi nous dit que l'histoire n'est pas un perpétuel recommencement, mais
au contraire que le projet de Dieu avance irrésistiblement. Chaque
jour, le projet bienveillant de Dieu est plus avancé qu'hier. Or,
ce projet bienveillant a besoin de nous : ce n'est donc pas le
moment de dormir : nous qui connaissons le projet de Dieu, nous ne
pouvons pas courir le risque de le retarder. Nous pouvons, par notre
inaction retarder le projet de Dieu pour que tous les hommes soient
sauvés ; que tous les hommes ne fassent plus qu'un seul Corps avec
Jésus pour Tête.
St Augustin parle du Christ total, Tête et Corps, et il dit : « Notre
tête est déjà dans les cieux, les membres sont encore sur la terre. »
Et alors, nous comprenons que Jésus puisse parler de sa venue au futur
: l'homme Jésus est déjà venu, mais le Christ total (au sens exposé par
St Augustin) est en train de naître.
Que ce temps de l'Avent réveille tous les baptisés pour que nous
soyons vraiment des disciples-missionnaires. Parce que, chacun le sait,
il ne suffit pas d'être baptisé pour être chrétien, pour se comporter
en disciples de l'Evangile. On peut fort bien être baptisé et se
comporter de manière non-chrétienne comme on peut fort bien ne pas être
chrétien et se comporter de manière évangélique. Paul nous dit : «
rejetons les activités des ténèbres, revêtons-nous pour le combat de la
lumière. » Parce que les choix que nous avons à faire chaque jour
peuvent parfois prendre l'allure d'un vrai combat. Actuellement, nous
ne manquons pas d'exemples : devant les questions de société, entre
autres, le choix d'un comportement évangélique peut nous placer
complètement à contre courrant de notre entourage, parfois le plus
proche. Le choix du pardon, aussi, peut être, dans certains cas, un
véritable combat intérieur ; le refus des compromissions, des
privilèges, de l'argent facile, des commissions, du « piston » comme on
dit... autant de combats contre nous-mêmes et contre les habitudes
faciles de notre société. Il est bien évident que nous ne pouvons
pas combattre à mains nues, et Paul nous propose tout un équipement
militaire. Ici, il parle d'un vêtement de lumière, et ce vêtement de
lumière n'est autre que Jésus-Christ lui-même, dont la lumière nous
enveloppe comme un manteau, puisque après « revêtons-nous pour le
combat de la lumière », il ajoute « revêtez le Seigneur Jésus-Christ
» Ceci nous rappelle notre baptême ou nous avons entendu : « Vous
êtes une création nouvelle dans le Christ : vous avez revêtu le Christ
; ce vêtement blanc en est le signe. » Que ce temps de l'Avent nous
permette de réveiller notre baptême pour être prêts à accueillir Celui
qui veut nous donner sa divinité pour nous faire grandir en humanité.
Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent
St Michel et La Bernerie,
1er décembre 2019