Ascension du Seigneur
L’Ascension, pour la plupart des français et quelques autres pays,
c’est la perspective d’un un long week-end. Par les temps qui courent,
après confinement et isolement, des projets de retrouvailles et de
ballades mais aussi de vraies rencontres… même si l’attention et la
protection sont toujours de mises, une sensation de liberté quelque peu
retrouvée.
Mais pour moi, croyant au Christ ressuscité, quand est-il ?
Humainement, la même chose que mes frères en humanité à quoi s’ajoute
une grande joie celle de la fête de notre foi et de notre Église qui
s’inscrit pleinement dans la dimension pascale du Salut et de la Vie en
Dieu offerte au monde.
Luc, au début des Actes, nous retrace rapidement le parcours qui même
les apôtres de Jérusalem en Galilée pour voir leur maître rejoindre son
Père, notre Père et notre Dieu. Les laissant là le nez en l’air,
scrutant le ciel… mais deux hommes les renvoient à leur vie d’homme, de
disciple et aux dernières paroles de Jésus : « Allez ! De toutes les
nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils,
et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous
ai commandé.»
L’Ascension : une grande fête pour l’Église ? Oui, parce qu’elle
commence clairement ce jour-là ! Bien sûr elle sera confirmée et dotée
en plénitude de l’Esprit-Saint, dans quelques jours mais c’est ce jour
là que les apôtres découvrent leur mission : aller vers les hommes et
faire des disciples. Leur donner la joie de découvrir que chaque enfant
chaque femme chaque homme est aimé d’un même amour inconditionnel et
gratuit par Dieu. Et ce Dieu qui est le nôtre, en Père aimant offre
sans compter son Pardon, sa Vie, son Esprit à ceux qui l’espèrent pour
qu’ensemble nous formions un seul corps. Une Église primitive, une
Église balbutiante mais qui, comme aujourd’hui, veut dans la joie
partager sa foi au Christ et en la Vie. Une Église qui doit comme
Jésus, vivre librement dans la simplicité, la vérité de la Parole.
Baptiser au nom du Père et du Fils et de l’Esprit, c’est annoncer aux
hommes l’amour qui nous lie au-delà de notre simple humanité, fonde
notre famille, dit le prix de chaque créature et les merveilles de ce
monde qui nous héberge depuis toujours.
Une Église en genèse aujourd’hui encore … Qui nous fait vivre quand
nous nous réunissons appelé par Jésus… réunis fraternellement autour de
l’autel, ou en ce moment devant nos écrans, pour partager le pain de sa
Parole et nous entendre dire que nous sommes envoyés au monde vivre
cette Parole. Une Parole, peut-être porté par notre voix, mais d’abord
par notre témoignage de vie et d’être. Partager les joies du Salut, de
l’Amour paternel et de l’Amour fraternel.
Du temps de Luc, les disciples vivaient en communautés exemplaires
témoignant, par leur vie, de leur foi et du message du Christ. Depuis,
chaque époque révèle ses apôtres, qui, à leur manière, témoignent, par
leur vérité et leur humilité, du Salut offert à tous les hommes.
Je pense en ce moment à frère Roger de la communauté de Taizé disant à
ces milliers de jeunes (et moins jeunes) qui venaient le voir: «Ne
parlez pas du Christ pour convaincre, vivez en vérité le message de
Jésus pour que l’on vienne vous trouver et vous demander ce qui vous
fait vivre… Alors vous pourrez parler du Christ.»
Mais aussi au « Petit frère universel », Charles de Foucauld, qui
refuse d’employer la parole de prédication et choisit d’imiter la vie
cachée de Jésus dans sa vie quotidienne, au milieu du monde musulman,
pour être une référence chrétienne.
Et à Mère Teresa de Calcutta qui, par son dévouement pendant 50 ans
auprès des plus démunis, des malades, des mourants, fut reconnue par le
monde entier (chrétien et non) comme missionnaire de la paix et de la
charité du Christ.
C’est ensemble que nous avons à vivre en Église, ensemble que nous
avons à témoigner de notre fraternité. En découvrant, par nos talents
respectifs, ce que chacun peut apporter aux autres pour témoigner que
ce baptême nous fait frère. Il nous envoie vers ces frères pour
témoigner que l’amour est offert à tous et que quelles que soient nos
richesses et nos faiblesses, nos forces et nos handicaps nous avons à
partager cet amour donné et cette Vie offerte.
«Et moi, je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du
monde…» conclut le Christ ! Alors prions le, prions son Esprit, ce
Défenseur, cet Esprit de Vérité présent en chacun de nous, de nous
guider, de nous aider à vivre notre mission de baptisé et de témoigner,
humblement, que chaque créature est aimée et qu’elle est faite pour
aimer.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
jeudi 21 mai 2020
Sommaire année A
Accueil