6° dimanche de Pâques.
Homélie du 27/04/08
"Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. "
"Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui là qui m’aime ; "
En
très peu de temps dans l'épisode que nous venons d'entendre dans
l'Evangile de saint Jean, Jésus nous dit deux fois la même chose. Cela
doit avoir son importance!
Les commandements de Jésus ou plutôt LE
commandement avec un C majuscule comme nous dirions maintenant,
nous le connaissons : "aimez vous les uns les autres COMME je vous ai
aimés."
Mais Je vous invite aujourd'hui à nous tourner
vers le mot "fidèle". Quand Dieu, quand Jésus parle de fidélité, quel
sens donne –t-il à ce mot?
On comprend peut-être plus facilement
la fidélité en amitié : on sait qu'un ami fidèle pourra être présent à
nos cotés même en cas de coup dur ou bien même si nous ne sommes pas
sans reproche. C'est à cela que l'on reconnaîtra une véritable amitié!
Dans
un couple, la fidélité est plus vite une notion plus restrictive: on
mettra en opposition fidèle et infidèle, alors qu'en préparant des
jeunes au mariage, je les entends vite dire que la vraie fidélité va
plus loin.
"Tu es le Dieu fidèle éternellement" chantait on dans un ancien cantique.
Quelle est elle cette fidélité de Dieu.
Depuis
les origines, depuis la Création et les relations de Dieu avec les
hommes, c’est Dieu qui cherche à se faire aimer de l’homme. Et l’homme
ne comprends pas, ne voit pas ce désir de communion du créateur avec sa
créature. Cela parait curieux à dire, mais tout se passe comme si
l’homme ne voulait pas être aimé !
Alors Dieu persiste. Il propose
des alliances. Il s’engage, seul, car l’engagement de l’homme envers
Dieu ne dure jamais longtemps. Voyez Abraham. Combien de fois Dieu
sera-t-il obligé de redire la confiance qu’il met en lui et sa
descendance. Abraham a la Foi, il croit. Mais sans cesse Dieu doit lui
redire le projet qu’il a fait pour lui et pour nous à sa suite.
Voyez
Moïse et L’Alliance avec un grand A. Et les multiples rebondissements
de l’Exode. Dieu montre sa colère mais revient toujours et fait le
premier pas.
Voyez David qui malgré sa faute d’adultère et de
meurtre restera le Roi pardonné et protégé par Dieu car il a su
reconnaître son péché. Mais cela est vrai pour tout le peuple choisi.
On
pourrait dire que la Fidélité est la différence entre l’amour humain et
l’amour divin. Nous voudrions aimer pour toujours et nous savons bien
que ce n’est pas facile, en famille, en couple, ou avec des amis très
chers. Dieu, lui, ne revient jamais sur sa parole.
Depuis toujours les prophètes l’ont chanté : tenez dans le Psaume 88 :
« L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ; ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge.
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ; ta fidélité est plus stable que les cieux. »
Ou dans le Psaume 142 :
« Seigneur, entends ma prière ; dans ta justice écoute mes appels, dans ta fidélité réponds-moi. »
Mais plus près de nous, Zacharie, le père de Jean Baptiste nous chante : (Lc 1)
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, qui visite et rachète son peuple.
Il
a fait surgir la force qui nous sauve dans la maison de David, son
serviteur, comme il l'avait dit par la bouche des saints, par ses
prophètes, depuis les temps anciens. »
Et bien sûr Marie qui rend visite à Elisabeth sa cousine en rend grâce dans le Magnificat :
«
Il relève Israël, son serviteur, il se souvient de son amour, de la
promesse faite à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa race, à
jamais. »
C’est avec Jésus, que Dieu vient nous redire
encore une fois que son amour est de toujours à toujours. Il nous le
dit, avec des paraboles, comme l’enfant prodigue et ce père qui
accueille son fils comme un prince malgré tout ce qu’il a vécu au loin.
Et il nous le montre en le vivant avec nous, comme nous et jusqu’à mourir pour nous.
Mais
surtout en ressuscitant pour nous. Voila jusqu’où va sa fidélité :
jusqu’à passer par la mort de la croix pour que nous voyions ce qu’il
nous offre malgré nos faiblesses : la vie éternelle !
Cet amour
fidèle n’est pas lointain ou distant. Il est au quotidien dans tout ce
qui fait notre vie. Il nous l’a dit à chacun : « tu as du prix à
mes yeux ! »
Pour illustrer cet Amour fidèle pour chacun je vous
propose d’écouter un poème brésilien que certains connaissent peut-
être déjà : (Des traces sur le sable)
J'ai rêvé que je cheminais sur la plage en compagnie du Seigneur,
J'ai regardé en arrière, et j'ai vu qu'à ce jour Où passait le film de ma vie
Surgissaient des traces sur le sable ; L'une était la mienne, l'autre celle du Seigneur,
Ainsi nous avons continuer à marcher Jusqu'à ce que mes jours fussent achevés.
Alors je me suis arrêté, j'ai regardé en arrière.
J'ai trouvé alors qu'en certains endroits Il y avait seulement une empreinte de pied...
Et ces lieux coïncidaient justement avec les jours Les plus difficiles de ma vie,
Les jours de plus grande angoisse, De plus grande peur Et de plus grandes douleurs...
J'ai donc interrogé: Seigneur, tu as dis que tu étais avec moi Tous les jours de ma vie,
Et j'ai accepté de vivre avec Toi.
Mais, pourquoi m'as-tu laissé seul, Dans les pires moments de ma vie ?
Et le Seigneur me répondit:
Mon
Fils, je t'aime, j'ai dit que je serais avec toi chaque jour, Et que je
ne te laisserai pas une seule minute. Je ne t'ai pas abandonné.
Les jours où tu as vu à peine une trace sur le sable c’étaient les jours où je t'ai porté sur mes épaules... (Adémas De Borros)
On
pourrait dire que la fidélité c’est la manière d’aimer de Dieu, qui
donne sans compter et pour toujours, quelque soit la manière dont nous
répondons à cet amour.
C'est ce que vivent beaucoup de parents qui
aiment leurs enfants. Malgré tous leurs écarts de conduite, le cœur
d'une mère aime toujours son enfant. De la même manière que certaines
décisions difficiles à prendre en désaccord avec l'enfant sont prises
pour "son bien", pour qu'il grandisse dans la bonne
direction.
On dit parfois de Dieu: c'est un Père qui aime avec le cœur d'une mère.
Et
Aujourd’hui, nous croyons que Dieu a ressuscité Jésus et qu’il est
monté à sa droite, c’est ce que nous redirons tout à l’heure dans le
Credo. Mais Jésus nous ne le voyons pas, et rester fidèle à ses
commandements dans notre société ce n’est pas tous les jours facile. Il
suffit d’écouter les commentaires de la télévision sur les réflexions
de l’Eglise, des évêques dans le domaine de la bioéthique. Mais aussi,
au quotidien, de changer nos habitudes pour considérer la pauvreté des
pays d’où viennent la plupart des produits que nous consommons chaque
jour. Ou dans le domaine professionnel, de savoir dire non à une
initiative de l'entreprise qui va permettre d'améliorer la
compétitivité aux dépens de la vie de famille des employés.
Mais
Jésus nous l’a dit. Dans sa fidélité il nous envoie l’Esprit Saint ce «
merveilleux conseiller » qui nous donnera courage et imagination pour
garder le cap de la fidélité et de l’amour de Dieu et du prochain.
«
Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui
vous demandent de rendre compte de l'espérance qui est en vous ; mais
faites-le avec douceur et respect. » C’est ce que demande saint
Pierre à sa communauté. La fidélité passe par l’espérance dans la
douceur. Ces vertus que nous donne l’Esprit saint que nous fêterons à
la pentecôte.
Philippe ARRIVE, diacre permanent.
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