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dimanche du Temps Ordinaire.
« Si
tu le veux, tu peux observer les commandements » C’est
la
première phrase entendue dans les textes liturgiques d’aujourd’hui. Et
la
dernière : « Que ta parole soit oui si c’est oui, non si
c’est non ».
Entre ces 2 phrases, les auteurs bibliques nous ont parlé
de liberté, de
sagesse, de responsabilité. Et le fil rouge qui traverse tous ces
textes, c’est
la Loi.
La
Loi. Pour nous, occidentaux baignés dans notre pensée
post-moderne, la loi représente souvent une contrainte, un obstacle, un
carcan.
La loi promulgue évidemment des interdits, des limites. Et ces interdits
sont parfois
ressentis par un certain nombre de nos contemporains comme arbitraires,
comme
des brimades intolérables qu’il faut abolir, des entraves à la
sacro-sainte liberté
individuelle. Liberté individuelle, notion désormais érigée en valeur
absolue, pour
laquelle tous les combats deviennent légitimes. En conséquence de quoi,
nos sociétés
occidentales consacrent beaucoup de temps et d’énergie à modifier leurs
lois,
pour les faire évoluer, ce qui est bien normal. Mais ce faisant, elles
semblent
se focaliser désormais sur la conquête de « nouveaux droits »
qui, en
réalité bien souvent, ne sont que de nouvelles transgressions à des
principes parfois
millénaires qui fondent notre civilisation. Par le fait, les lois
s’éloignent
de plus en plus de la « loi naturelle », base élémentaire de
toutes
les lois humaines depuis que l’homme vit en société, partout dans le
monde.
La
loi,
aujourd’hui perçue de manière si négative, revêt pourtant une tout autre
signification pour les peuples anciens, et pour les hébreux en
particulier, pour
qui la Loi est le socle fondamental sur lequel a pu se construire le
peuple juif.
C’est la Loi donnée par Dieu à Moïse au Sinaï qui fondera le peuple de
Dieu.
Elle sera un « vade-mecum », un mode d’emploi de la vie en
société,
un code de bonne conduite au service du Bien Commun.
Et
nous, chrétiens, nous sommes les héritiers de cette
civilisation. La Loi de Dieu reste notre bien le plus précieux, et elle
nous
place devant notre responsabilité. En effet, c’est
par
la Loi que l’homme exerce sa liberté : « Si
tu
le veux, tu peux observer les commandements ». Il est de
notre
responsabilité d’observer la loi, nous avons le choix, personne ne
nous y
oblige, et Dieu lui-même « n’a commandé à personne d’être
impie »,
il nous laisse la liberté de choisir : « la vie et la
mort sont
proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur
choix »
nous dit Ben Sira le Sage.
La
Loi de Dieu est donc bien une loi de liberté.
Certes,
le mot liberté n’apparaît que très peu dans la Bible,
tandis que le mot « Loi » est présent pratiquement à chaque
page, de
manière implicite ou explicite. Mais observer la Loi de Dieu, ce n’est
pas appliquer
un règlement, c’est justement exercer sa liberté, dans le cadre de ce
qui est bien,
de ce qui est beau, de ce qui est bon. C’est pourquoi le psalmiste peut
écrire : « heureux ceux qui marchent suivant la loi du
Seigneur ».
La
Loi de Dieu est donc aussi une loi de sagesse. Parce qu’elle
s’appuie sur la loi naturelle, elle vise à placer l’homme en harmonie
avec ses
semblables et avec la création.
Saint
Paul, dans sa lettre à la communauté de Corinthe,
constate pourtant que cette sagesse n’est pas la sagesse de ceux qui
dirigent
le monde. « C’est la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue
cachée, pour
nous donner la gloire, […] et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en
a fait la
révélation ».
Comme
héritiers de cette révélation, nous en avons la responsabilité.
Pas de liberté sans responsabilité. Les choix que nous faisons
librement, les
décisions que nous prenons, en toute connaissance de la Loi, engagent
notre
responsabilité, car nos décisions ont toujours des conséquences. Et nous
ne
pouvons pas prétendre exercer notre liberté sans en assumer les
conséquences. Le
sage est aussi celui qui assume librement tous ses choix.
Loi
de sagesse, loi de liberté, loi de responsabilité. Or toute la Bible nous dit aussi, à longueur de pages, que la
Loi, il ne faudrait pas l’oublier, c’est l’amour ! Amour de Dieu
pour l’humanité,
amour qu’il s’agit d’imiter pour le vivre entre nous. Observer la Loi,
c’est
mettre en pratique l’amour. « Aimez-vous les uns les
autres »
sera d’ailleurs le commandement nouveau de Jésus. Un commandement, c’est
un
article de loi.
Alors,
quand
Jésus, dans l’évangile d’aujourd’hui, nous
dresse
un sévère « rappel à la loi », ne nous méprenons pas. Son
intention n’est
pas de durcir un règlement, malgré les apparences, mais de nous
mettre, encore
une fois, face à nos responsabilités.
Il
affirme qu’il n’est pas venu pour abolir la loi, mais
pour l’accomplir. En effet, Jésus élargit le domaine des préceptes
« vous
avez appris qu’il a été dit… ; moi je vous dis… » Il ne
dit pas
le contraire de la loi ; il n’oppose pas la loi de Moïse à la
sienne. En
réalité, il l’approfondit. Il met en lumière ce que la loi pourrait
avoir d’incomplet,
si on la réduit à de simples interdits. Il élargit le champ
d’application de la
loi, il la fait mieux comprendre en la situant dans la seule loi qui
plaît à
Dieu, la loi de l’amour. Si Jésus paraît excessif dans son discours,
c’est qu’il
veut nous faire comprendre que nous devons considérer la loi dans sa
cohérence,
et donc que nous devons nous-même être en cohérence avec elle. Il nous
pousse à
prendre de la hauteur, à comprendre le sens de tous ces préceptes. Il
nous
montre, en somme, que l’amour est exigeant.
Alors,
frères et sœurs, dans le quotidien qui est le nôtre ;
dans les difficultés que nous pouvons traverser ; dans les choix
qui sont
devant nous ; gardons au cœur cette sagesse qu’est la Loi de Dieu,
loi de liberté.
Essayons de vivre au mieux selon cette loi, et d’exercer notre liberté
avec la
cohérence que commande l’amour.
« Que
notre parole soit oui si c’est oui, non si c’est
non. Ce qui est en plus vient du mauvais ».
Amen !
Daniel
BICHET, diacre permanent
Monnières,
Gétigné, Clisson
12
février 2023
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