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5° dimanche de Pâques.

Ac 6, 1-7 ; Ps 32 ; 1P 2, 4-9 ; Jn 14, 1-12

Pierre vivante ; pierre angulaire ; pierre rejetée par les hommes mais choisie par Dieu ; pierre rejetée par les bâtisseurs devenue la pierre d’angle ; pierre d’achoppement sur laquelle on trébuche… Et qui nous parle de toutes ces pierres ? Pierre ! L’apôtre Pierre, dans la deuxième lecture d’aujourd’hui. Quand Pierre parle de pierres, ça semble un peu compliqué, d’autant qu’il est lui-même la pierre sur laquelle Jésus fonde son Église en lui donnant son nouveau nom : « Simon, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtis mon Église ».
Retenons qu’il y a surtout « la pierre vivante rejetée par les hommes », c’est ainsi que Simon- Pierre désigne Jésus, en reprenant un verset du psaume 118. St Paul aussi emploie cette image à plusieurs reprises. Pour faire bref, le message de cette lettre consiste simplement à nous inviter à devenir, nous aussi, pierres vivantes : « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle ».
Mais « pierre vivante », qu’est-ce que ça veut dire ? Pour mieux comprendre, peut-être faut-il faire un petit détour du côté de la première lecture : dans ce passage du livre des Actes des Apôtres, on voit les tout premiers moments de la vie de l’Église qui s’organise. La communauté s’agrandit, à partir des premiers disciples juifs, largement majoritaires. Mais les nouveaux convertis au Christ sont de plus en plus des non-juifs, des étrangers de langue et de culture grecque. Et comme toujours, les minoritaires ont des griefs envers les majoritaires. Ici, ceux de langue hébraïque semblent avoir tendance à favoriser leurs veuves au détriment de celles de langue grecque. On voit que les corporatismes ne datent pas d’hier ! Mais ce qui est intéressant dans cette histoire, c’est la façon dont l’Église va traiter cette affaire. Dans un premier temps, les Douze convoquent l’assemblée des disciples. Aujourd’hui, on dirait « les évêques convoquent un synode », l’assemblée de tous les chrétiens. Les Douze ne vont pas prendre leur décision de manière péremptoire, autoritaire. Ils impliquent tout le peuple.
Ensuite, ils énoncent le problème, tout en rappelant l’objectif, le cap qu’il faut garder. Le problème est très concret : le service des repas prend trop de temps sur l’annonce de la Parole et sur la prière. Il y a un conflit entre service, annonce et prière. Or, les trois sont également indispensables :
- La prière, qui est le lien à la source, le lien à Dieu ;
- L’annonce de la parole pour rester fidèle à la mission donnée par Jésus : « de toutes les nations, faites des disciples » ;
- Et le service des frères, l’entretien de la communauté, la pratique de la charité.
Ils correspondent aussi aux trois dimensions qui sont conférées à chaque chrétien le jour de son baptême : « prêtre, prophète et roi ». Prêtre par sa relation à Dieu dans la prière ; prophète en annonçant sa parole ; et roi quand il engage sa responsabilité en se mettant au service des personnes dont il a la charge. Ces trois dimensions doivent donc être traitées chacune avec autant de soin et d’attention. Ce sont d’ailleurs 3 des 5 essentiels !
Dans un troisième temps donc, après avoir consulté tout le peuple, puis avoir nommé le problème et rappelé le cap à tenir, les Douze proposent une solution. Elle consiste à modifier l’organisation actuelle pour l’adapter à la nouvelle situation. Et là encore, le peuple est impliqué : « cherchez plutôt sept d’entre-vous ». Et c’est toujours ainsi que l’Église va fonctionner, de siècle en siècle : tâcher d’être à l’écoute du monde et des changements dans la société, puis, en collégialité (en synodalité), créer ou modifier les structures pour qu’elles soient mieux adaptées, toujours en vue de la mission. Chaque membre de l'Église est une pierre vivante qui la constitue.
Bon, c’est vrai, ce n’est peut-être pas la perception que chacun peut avoir du fonctionnement de l’Église… Les critiques sont fréquentes : on l’accuse souvent de ne pas être « démocratique » ; on trouve qu’elle n’évolue pas aussi vite que la société… Mais c’est oublier que l’Église n’a pas pour vocation d’approuver systématiquement tout changement et de suivre aveuglément toute nouvelle façon de penser, même si elle semble bien sympathique. La mission de l’Église est plutôt de rappeler sans cesse à la société ses fondamentaux, de lui montrer un autre chemin possible, quitte à avancer parfois à contre-courant.
La demande de Thomas à Jésus : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » est justement un révélateur de l’incertitude dans laquelle évolue notre monde : « Nous ne savons pas où tu vas. » Chacun se cherche un chemin, mais sans vraiment savoir à quoi il mène. Nos sociétés humaines nous proposent des chemins plus ou moins bien tracés, que le plus grand nombre de personnes empruntent, souvent par mimétisme, ou par facilité, plus que par réelle conviction. Mais Jésus répond à Thomas : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi ».
Depuis l’origine, l’Église a donc pour mission d’annoncer au monde entier que le bon chemin, c’est celui qui mène au Père, et qui passe nécessairement par le Christ. Le chemin, c’est lui ! Il n’y en a pas d’autre !
Mais choisir le chemin de Jésus, nous le savons bien, c’est difficile. Bien d’autres chemins plus faciles nous sont ouverts, des chemins beaucoup plus fréquentés, plus larges et moins escarpés. Or, chacun de nous n’est pas plus fort ou plus malin que les autres. Il nous faut donc compter sur la force de la foi que seul peut donner l’Esprit Saint. En nous efforçant de devenir ces « pierres vivantes » qui construisent la maison de Dieu, et en comptant sur ce même Esprit Saint pour donner à ces pierres une âme.
Et puisque la construction de la « demeure spirituelle », « la maison de Dieu » nécessite un grand nombre de pierres, nous avons à nous associer à d’autres, beaucoup d’autres, pour faire avancer le chantier. Notre mission consiste donc, non-seulement à nous efforcer, avec la force que donne l’Esprit Saint, de suivre nous-mêmes le chemin de Jésus qui mène vers le Père, mais encore à indiquer à d’autres ce chemin, par l’annonce de l’Evangile. Ce qui nécessite de mettre en pratique les 2 autres essentiels : la formation à la parole de Dieu, et l'évangélisation,.
Père, toi qui désires ramener à toi tous tes enfants qui peuplent la terre, envoie ton Esprit Saint qui éclaire notre chemin, ton Fils Jésus, le Christ. Fais de nous de solides pierres vivantes sur qui nos frères et sœurs les plus faibles pourront s’appuyer, pour que tous ensemble nous puissions participer à l’édification de ta maison.
Amen.
 
 
Daniel BICHET, diacre permanent
7 mai 2023.
St Hilaire de Clisson, St Lumine de Clisson, Clisson.



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