Sœurs
et frères en Christ, les chemins sont nombreux pour aller se mettre au
service
de Dieu et de ses prochains. Chaque chrétien est appelé à servir, selon
ses
talents, ses charismes, ses compétences, ses capacités. Rappelez-vous ce
que
Jésus dit à ceux qui prétendaient obtenir la première place :
« …celui
qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui
qui veut
être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de
l’homme n’est
pas venu pour être servi, mais pour servir… » Mt 20,26-28
L’extrait du livre des Actes des Apôtres de ce
dimanche nous
indique l’un de ces chemins de service.
Arrêtons-nous
un instant sur cet épisode de la vie des premières communautés
chrétiennes.
Comme en tout groupe humain, des conflits compromettaient l’unité de ces
communautés composées de personnes d’origines diverses. Suite à des
récriminations des frères de langue grecques, les disciples décidèrent
de
choisir 7 hommes « estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de
sagesse » pour les établir dans la charge du service des
tables, après
leur avoir imposé les mains. L’instauration (puis la réinstauration) du
diaconat permanent prend sa source dans cette histoire, en partie du
moins.
Chers frères et sœurs, la lecture de ce
jour me donne l’occasion de parler du chemin diaconal et des missions
d’un
diacre d’aujourd’hui qui ne sont plus tout à fait les mêmes que celles
des
premières communautés. Permettez-moi de vous livrer, en toute modestie,
mon
témoignage personnel. Non pas comme un cheminement modèle, car le seul
modèle
qui vaille c’est Jésus, le Christ. Ce Jésus posant un regard
bienveillant sur
tous ceux et celles qu’il rencontre, quelle que soit leur situation.
A
la suite du Christ-Serviteur, être
présence
d’Église auprès de mes prochains quels qu’ils soient, mais
particulièrement auprès de ceux qui sont au bord du chemin, blessés par
une
séparation, un deuil, une maladie, une déception amoureuse, une
fragilité
psychologique, la perte d’un emploi, la solitude du grand âge. Mais
présent aussi
à leurs instants de bonheur, à leurs joies et à leurs fêtes. Cette
présence
doit être accompagnée d’actes, comme l’exige l’évangile. A la table du
partage,
il s’agit de mettre le tablier du serviteur, de mettre la main à la
charrue et aussi de solliciter d’autres personnes, d’initier des actes
de
fraternité, voire d’organiser les actions de solidarité !
C’est
dans
la prière, dans les rencontres communautaires mais aussi les repas
partagés avec des amis, que je trouve l’énergie nécessaire pour aller
visiter
les oubliés de notre société, pour encourager, prendre parti contre les
injustices, m’indigner contre le racisme. Pour accueillir, dans le
respect,
sans juger, ceux qui cherchent un sens à leur vie. Pour prendre le temps
d’écouter les « petits ».
La
question
qui est souvent posée aux diacres c’est : « Que peut faire
un diacre ? ». La
partie visible de son ministère, c’est lorsqu’il baptise, recueille les
consentements lors d’un mariage, qu’il préside des obsèques ou qu’il
assiste le
prêtre durant l’eucharistie.
A
la table de l’eucharistie (en tenue de service, un peu en retrait du
prêtre) je
ne suis pas là comme un figurant, (certaines mauvaises langues diraient
un « pot
de fleurs »), mais c’est là que je confie à Dieu toutes les
souffrances,
tourments et inquiétudes qui m’ont été confiés lors de mes rencontres.
Lorsque
je prononce une homélie c’est bien sûr pour expliquer la Parole de Dieu
mais
aussi pour éclairer le vécu de ceux qui écoutent, à la lumière de cette
Parole.
Être
visage
de la tendresse de Dieu auprès de mes sœurs et frères en humanité
croisés sur les chemins, à l’écoute de leurs tourments ou de leurs
joies. Ceci
malgré ma propre fragilité et mes faiblesses. La grâce reçue à mon
ordination
m’y aide beaucoup ! C’est là qu’est mon bonheur de vivre !
Mais,
assez
parlé de moi ! Car, sœurs et frères bien-aimés, vous aussi suivez
un
chemin de service et d’évangile, aussi utile et important que celui du
diacre ! Chacun à sa manière, dans un service d’Église, aussi
humble soit-il, au service de la catéchèse, dans des œuvres de charité
ou comme
visiteur de malade, par exemple. Votre témoignage de chrétien laïc est
aussi précieux
que celui des ministres ordonnés. Notre bulletin inter-paroissial
« Bâtir
ensemble » nous rappelle notre mission commune : nous
sommes
tous appelés à bâtir l’Église de Dieu et en particulier à édifier notre
communauté de paroisses, purgée de tous conflits mesquins, de toute
querelle de
clocher. Vous êtes, nous sommes les pierres vivantes, indispensables à
construire
– voire reconstruire - l’Église.
Conscients de nos fragilités, de nos
insuffisances, de nos doutes, de nos préjugés, soyons davantage
conscients que
la pierre angulaire, la pierre choisie et précieuse sur laquelle nous
pouvons
bâtir, c’est le Christ qui nous « a appelés des ténèbres à son
admirable lumière ». Sur nos chemins de femmes et d’hommes si
différents, de traditions si diverses, à l’heure des querelles ou des
conflits,
que chacune se souvienne que le Chemin éminent et sans pareil, vers la
vérité
et vers Dieu notre Père, c’est Jésus. Mettons donc nos pas sur ce
chemin.
Mettons tout notre cœur et notre foi en Celui qui est le « Chemin,
la Vérité
et la Vie ».
Arsène BUCHHOLZER, diacre permanent
Oberhaslach,
le 7 mai 2023