Année A

Sommaire année A
Accueil



5° dimanche de Pâques.

Ac 6, 1-7 ; Ps 32 ; 1P 2, 4-9 ; Jn 14, 1-12


         Sœurs et frères en Christ, les chemins sont nombreux pour aller se mettre au service de Dieu et de ses prochains. Chaque chrétien est appelé à servir, selon ses talents, ses charismes, ses compétences, ses capacités. Rappelez-vous ce que Jésus dit à ceux qui prétendaient obtenir la première place : « …celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. Ainsi, le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir… » Mt 20,26-28

L’extrait du livre des Actes des Apôtres de ce dimanche nous indique l’un de ces chemins de service.

         Arrêtons-nous un instant sur cet épisode de la vie des premières communautés chrétiennes. Comme en tout groupe humain, des conflits compromettaient l’unité de ces communautés composées de personnes d’origines diverses. Suite à des récriminations des frères de langue grecques, les disciples décidèrent de choisir 7 hommes « estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse » pour les établir dans la charge du service des tables, après leur avoir imposé les mains. L’instauration (puis la réinstauration) du diaconat permanent prend sa source dans cette histoire, en partie du moins.

         Chers frères et sœurs, la lecture de ce jour me donne l’occasion de parler du chemin diaconal et des missions d’un diacre d’aujourd’hui qui ne sont plus tout à fait les mêmes que celles des premières communautés. Permettez-moi de vous livrer, en toute modestie, mon témoignage personnel. Non pas comme un cheminement modèle, car le seul modèle qui vaille c’est Jésus, le Christ. Ce Jésus posant un regard bienveillant sur tous ceux et celles qu’il rencontre, quelle que soit leur situation.

A la suite du Christ-Serviteur, être présence d’Église auprès de mes prochains quels qu’ils soient, mais particulièrement auprès de ceux qui sont au bord du chemin, blessés par une séparation, un deuil, une maladie, une déception amoureuse, une fragilité psychologique, la perte d’un emploi, la solitude du grand âge. Mais présent aussi à leurs instants de bonheur, à leurs joies et à leurs fêtes. Cette présence doit être accompagnée d’actes, comme l’exige l’évangile. A la table du partage, il s’agit de mettre le tablier du serviteur, de mettre la main à la charrue et aussi de solliciter d’autres personnes, d’initier des actes de fraternité, voire d’organiser les actions de solidarité !

C’est dans la prière, dans les rencontres communautaires mais aussi les repas partagés avec des amis, que je trouve l’énergie nécessaire pour aller visiter les oubliés de notre société, pour encourager, prendre parti contre les injustices, m’indigner contre le racisme. Pour accueillir, dans le respect, sans juger, ceux qui cherchent un sens à leur vie. Pour prendre le temps d’écouter les « petits ».

La question qui est souvent posée aux diacres c’est : « Que peut faire un diacre ? ». La partie visible de son ministère, c’est lorsqu’il baptise, recueille les consentements lors d’un mariage, qu’il préside des obsèques ou qu’il assiste le prêtre durant l’eucharistie.

A la table de l’eucharistie (en tenue de service, un peu en retrait du prêtre) je ne suis pas là comme un figurant, (certaines mauvaises langues diraient un « pot de fleurs »), mais c’est là que je confie à Dieu toutes les souffrances, tourments et inquiétudes qui m’ont été confiés lors de mes rencontres. Lorsque je prononce une homélie c’est bien sûr pour expliquer la Parole de Dieu mais aussi pour éclairer le vécu de ceux qui écoutent, à la lumière de cette Parole.

Être visage de la tendresse de Dieu auprès de mes sœurs et frères en humanité croisés sur les chemins, à l’écoute de leurs tourments ou de leurs joies. Ceci malgré ma propre fragilité et mes faiblesses. La grâce reçue à mon ordination m’y aide beaucoup ! C’est là qu’est mon bonheur de vivre !

Mais, assez parlé de moi ! Car, sœurs et frères bien-aimés, vous aussi suivez un chemin de service et d’évangile, aussi utile et important que celui du diacre ! Chacun à sa manière, dans un service d’Église, aussi humble soit-il, au service de la catéchèse, dans des œuvres de charité ou comme visiteur de malade, par exemple. Votre témoignage de chrétien laïc est aussi précieux que celui des ministres ordonnés. Notre bulletin inter-paroissial « Bâtir ensemble » nous rappelle notre mission commune : nous sommes tous appelés à bâtir l’Église de Dieu et en particulier à édifier notre communauté de paroisses, purgée de tous conflits mesquins, de toute querelle de clocher. Vous êtes, nous sommes les pierres vivantes, indispensables à construire – voire reconstruire - l’Église.

         Conscients de nos fragilités, de nos insuffisances, de nos doutes, de nos préjugés, soyons davantage conscients que la pierre angulaire, la pierre choisie et précieuse sur laquelle nous pouvons bâtir, c’est le Christ qui nous « a appelés des ténèbres à son admirable lumière ». Sur nos chemins de femmes et d’hommes si différents, de traditions si diverses, à l’heure des querelles ou des conflits, que chacune se souvienne que le Chemin éminent et sans pareil, vers la vérité et vers Dieu notre Père, c’est Jésus. Mettons donc nos pas sur ce chemin. Mettons tout notre cœur et notre foi en Celui qui est le « Chemin, la Vérité et la Vie ».

        

Arsène BUCHHOLZER, diacre permanent

Oberhaslach,

le 7 mai 2023




Sommaire année A
Accueil