Sœurs
et frères dans la foi, dans sa lettre aux Corinthiens, Saint Paul nous
appelle,
nous, les prédicateurs, à l’humilité. Nos paroles ne sont pas un
exercice
d’éloquence oratoire, ni un exercice de style destiné à éblouir.
L’annonce de
l’évangile ne relève pas d’un prosélytisme qui voudrait asséner des
vérités
théologiques, ne puisant son inspiration que dans une sagesse toute
humaine, oubliant
que c’est l’Esprit de Dieu qui l’inspire : la sagesse de Dieu
n’est pas
nécessairement celle des hommes. Annoncer
l’évangile, ce n’est pas faire
étalage de son savoir mais ouvrir un chemin de foi et d’amour avec la
fragilité
de nos mots si humains, parfois si maladroits, souvent si
timorés !
Dans
l’évangile d’aujourd’hui, Jésus s’adresse à ses disciples – et à nous
aujourd’hui – en utilisant deux images : le sel et la lumière.
« Vous
êtes le sel de la terre ». Le sel est un révélateur :
il met en
valeur la saveur des aliments. Être sel de la terre, c’est révéler à
celles et
ceux que nous croisons la saveur de leur vie, qu’ils ont parfois
oubliée. C’est
concrétiser par nos actes la saveur de la bonne Nouvelle que
Jésus-Christ nous
a révélée. Mais comment redonner goût à la vie et au bonheur si nous,
chrétiens,
sommes devenus tièdes, si notre charité a tendance à s’affadir, si
notre
énergie se dilue dans la routine, si nos relations ont perdu de leur
chaleur. Il faut sans
cesse s’abreuver à la source de
notre foi. Cette source c’est l’évangile et ses saveurs inestimables.
L’énergie
nous la puisons dans l’enseignement et la vie même de Jésus ! Ces
paroles
et ces actes de Jésus qui bousculent nos façons de voir, nos préjugés,
nos
égoïsmes, nos replis sur nous-mêmes.
« Vous
êtes la lumière du monde » C’est le
deuxième élément auquel Jésus compare ses disciples. Les
enfants qui se
préparent au premier pardon et à la première communion ont fêté la
lumière il y
a quelques jours à l’ermitage St Florent, un peu en avance sur la fête
de la
chandeleur. A leur manière, ils ont essayé de colorier, de dire ou
d’écrire ce
que signifie pour eux l’affirmation : « Jésus, tu es une
lumière
pour ma vie ».
La
lumière, élément indispensable
dans notre vie quotidienne. Pour éclairer nos maisons et nos rues,
pour nous
repérer dans l’obscurité, pour apaiser un enfant qui s’endort, pour
mettre en
valeur nos monuments, pour baliser nos rues et nos routes, pour lire
ou voir un
film et j’en passe.
C’est
la lumière du Seigneur qui enveloppe les bergers quand l’ange leur
annonce la
naissance du Sauveur. C’est la lumière de l’étoile qui guide les mages
vers
Bethléem pour adorer le nouveau-né.
Et
l’évangéliste Jean dit, en parlant de Jésus, « Le Verbe était
la vraie
Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. ».
Et au
chapitre 8 du même évangile Jésus dit : « Moi, je suis
la lumière
du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il
aura la
lumière de la vie. »
A
la célébration de la veillée
pascale, le cierge pascal - qui représente le Christ - est porté en
procession dans
l’obscurité de l’église et à trois reprises celui qui le porte chante
« lumière
du Christ ».
Au
baptême, un cierge allumé au
cierge pascal est remis aux parrain et marraine à qui le célébrant
dit : « C’est à vous
que cette lumière est confiée. Veillez à l’entretenir pour que cet
enfant,
illuminé par le Christ avance dans la vie en enfant de
lumière. »
Être
lumière n’est pas facile, dans
ce monde de ténèbres où règne la violence et le vacarme des guerres en
de
nombreux pays. Nous sommes devenus sourds à cause de toutes ces
mauvaises
nouvelles que nous assènent les médias. L’anxiété s’installe en nous.
A force
d’entendre le récit de toutes ces tragédies humaines nourries par
l’injustice,
la violence, les mensonges, l’intolérance, le racisme, nous faisons
l’autruche,
en fermant nos yeux et nos cœurs, en tombant dans le trou de
l’indifférence.
Comme ces aveugles dans le tableau de Brueghel « la parabole
des
aveugles » inspiré de l’évangile selon St Luc où Jésus
dit : « Un
aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas
tomber tous les
deux dans un trou ? Le disciple n’est pas au-dessus du
maître… ». (Lc
6,39)
Si
d’aucuns peuvent penser qu’il est
prétentieux de vouloir être lumière du monde, nous n’avons pas à nous
enorgueillir du bien que nous pouvons réaliser. N’ayons pas la
grosse tête.
N’oublions jamais que la vraie lumière vient de Jésus ! C’est
lui
notre référence ! C’est Lui le Maître qui nous guide !
Sœurs
et frères, à nous de la refléter, de diffuser cette lumière qui émane
de
l’enseignement et de la vie de Jésus tels qu’ils nous sont rapportés
dans les
évangiles ! A la suite de Jésus, il nous revient à nous aussi
d’être
lumières pour nos prochains, en pratiquant la charité, non pour notre
gloriole
mais pour la gloire de Dieu.
Le
prophète Isaïe nous donne quelques
pistes : « Partage ton pain avec celui qui a faim,
accueille chez
toi les pauvres sans abri […] ne te dérobe pas à ton semblable. ».
Il
y a tant et tant de gestes à inventer pour la pratique de la
charité ! Le
texte des béatitudes, qui précède directement l’évangile d’aujourd’hui
en St
Matthieu, trace pour nous le chemin exigeant du bonheur d’être aimé et
d’aimer.
Et propose des pistes pour mettre en œuvre et en actes l’amour de Dieu
par les moyens
de nos cœurs et de nos mains. (Mt 5,1-12a)
A
l’école de la bienveillance de
Jésus, à la flamme de son amour sans mesure, gardons la lampe de notre
charité
allumée. Que le Christ redonne goût et saveur à notre vie
quotidienne !
A notre tour, par nos actes, les plus modestes
soient-ils,
faisons briller la lumière de l’espérance dans les yeux de nos sœurs
et frères
en humanité !
Arsène
BUCHHOLZER, diacre
Heiligenberg
4 février 2023