4° dimanche de Pâques.
Y
a-t-il des mots plus présents à notre vocabulaire ecclésial que celui
de « pasteur », de « pastorale » ?
Notre paroisse fait partie d’une zone pastorale. Certains participent à
un conseil pastoral. On parle de pastorale des jeunes, de la santé, de
la solidarité, des migrants, de la liturgie, des sacrements… etc. !
L’évêque est le pasteur du diocèse ; en parlant du prêtre, on dit parfois notre pasteur.
Et, n’avons-nous pas élaboré un projet pastoral pour notre paroisse ?
Alors ? Inflation dans notre langage ? Ou référence aux racines profondes de notre univers religieux ?
En fait, c’est beaucoup plus qu’une référence ! Les textes
d’aujourd’hui nous rappellent que Jésus lui-même, non seulement reprend
le langage des prophètes, mais se dit « le pasteur »,
« le vrai berger ».
Tout cela n’est pas sans conséquences pour nous chrétiens.
Dans la lettre de Pierre qui a été lue, il y a un instant, il est
dit : « Le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a
laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces. » (1 P 2,
21). Les traces du Vrai Berger, de celui qui entre par la porte de la
bergerie, qui appelle chacune de ses brebis par son nom, qui les fait
sortir et marche à leur tête. Tout cela, pour se démarquer des chefs
religieux d’alors qui n’accomplissaient pas leur mission.
Frères et sœurs, puisque depuis notre baptême nous nous disons
disciples du Christ, nous avons à conformer notre vie à la sienne.
Lorsque nous appliquons le qualificatif de pastoral à nos structures
d’Eglise, à nos activités, sommes-nous bien dans les traces du
Christ ?
Reprenons quelques exemples pris dans l’évangile.
« Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur. » (Jn 10, 2)
Jésus est entré dans notre humanité, sans faire semblant, vivant les
conditions de la nature humaine. Il s’est fait homme. Il était reconnu
comme le « fils du charpentier » de Nazareth. Il a partagé le
quotidien de ceux et de celles avec lesquels il vivait. Il a connu la
fatigue du chemin, les amitiés, les abandons, la mort d’êtres chers.
Oui, Jésus est entré pleinement dans notre humanité.
⎫ Le pasteur entre par la porte. Quel est notre
comportement dans nos implications pastorales ?
Rejoignons-nous, en vérité, la vie de ceux auxquels nous souhaitons
apporter un peu de chaleur humaine, un peu d’espoir ? De ceux que
nous souhaitons ouvrir à la Parole de Dieu ?
Notre projet pastoral parle de « pastorale de proximité ». Où en sommes-nous ?
« Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom » (Jn 10, 3)
Rappelez-vous, les rencontres personnelles de Jésus.
Les disciples au bord du Lac : « Tu es Simon et tu t’appelleras Pierre… ».
Le collecteur d’impôts à Jéricho : « Zachée descend vite, il faut que j’aille chez toi. »
Et Marie- Madeleine au matin de Pâques : « Marie ! »
En relisant les évangiles vous pourrez continuer cette liste. Mais, ce
n’était pas le nom pour le nom. Derrière le nom, c’était la
reconnaissance entière de toute la personne dans son histoire, ses
faiblesses, ses richesses. C’est ainsi qu’il nous appelle, sans cesse… .
⎫ Dans nos activités pastorales, quel regard
avons-nous sur nos frères et sœurs ? Ils n’ont pas à être
« l’objet » de nos sollicitudes ou les « raisons »
de nos engagements. Ils sont frères et sœurs du Christ, nos
frères et nos sœurs au plus fort de la nature humaine !
Notre projet pastoral parle « de l’accueil des nouveaux, de l’attention aux plus isolés… » Où en sommes-nous ?
« Il marche à leur tête ». (Jn 10, 4)
Oui, Jésus nous a montré le chemin, en ouvrant un passage dans un
univers dur, souvent hostile. Chemin au milieu de la suspicion
« de Nazareth, que peut-il sortir de bon ? ». Chemin au
milieu de la souffrance humaine : « Jésus, aie pitié de
moi ». Chemin d’espérance : « Heureux, vous les
pauvres ! ». Chemin de vie : « mes brebis, je leur
donne la vie éternelle. » (Jn 10, 28).
⎫ Dans nos activités pastorales, nous ne sommes pas
des stratèges, définissant des plans d’action. Nous avançons avec nos
frères ; et si nous en avons la possibilité, nous ouvrons le
chemin de la confiance, de la solidarité, de l’espérance, de l’amour
partagé, de la vie qui va jusqu’au partage à la table du Seigneur.
Notre projet pastoral parle de « accueillir la diversité et
participer pleinement à une vie de partage et de communauté
d’Eglise. » Où en sommes-nous ?
« Il est la porte des brebis » (Jn 10, 7).
Utilisant toutes les images de la parabole, Jésus se dit la porte des
brebis. Il est l’entrée dans le Royaume de Dieu, il est le passage qui
conduit vers la vie en Dieu. N’est-il pas le ressuscité du matin de
Pâques ?
Quelle belle image : être la porte !
⎫ Par nos activités pastorales, sommes-nous la porte
qui ouvre vers le Père par le Christ ? Comment ? Catéchèse,
sacrements, service d’Eglise, mouvements… Etc.
Frères et sœurs, sortons notre projet pastoral de nos cartons.
Relisons-le, en équipe de préférence. Confrontons-le à l’évangile.
Par la porte, il s’agit moins de faire entrer, que de sortir vers le
monde où l’Esprit de Dieu est à l’œuvre. Le Christ, reprenant le Psaume
(Ps 22-23) ne parle-t-il pas de frais pâturage ? (Jn 10, 9).
Que le Seigneur soit notre pasteur !
Amen.
Georges AILLET, prêtre
15 mai 2011
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