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3° dimanche du Temps Ordinaire.


        Unité n’est pas uniformité.
        Je crois, chers frères et sœurs, que c’est une des phrases qui est revenue le plus souvent lors de nos années de formation diaconale vécus avec mon épouse Claire et nos enfants…et ça n’est sans doute pas pour rien. Mais qu’est-ce que l’unité ? Comment la vivre aujourd’hui ? Il me semble que des pistes sont dans tous les textes de ce jour. Partons de la première lecture en Isaïe… Nous sommes autour de 700 av JC, depuis la fin du règne de Salomon vers 900 av JC, suite à des désaccords politiques et religieux, les 12 tribus d’Israël se sont séparées en deux royaumes. Au nord le royaume d’Israël dont la capitale est Samarie, constitué de la grande majorité des anciennes tribus et au sud le royaume de Juda, centré sur Jérusalem et son temple. A l’époque où Isaïe s’exprime le nord est aux prises avec la menace Assyrienne… c’est le peuple qui « marchait dans les ténèbres », celui couvert de honte... pourtant Isaïe ici ne s’adresse pas à eux mais au royaume du Sud dans lequel il est… pourquoi ? Parce que d’une part la menace Assyrienne n’est pas non plus très loin et d’autre part cette division partiellement religieuse entre nord et Sud affecte moralement le royaume de Juda qui rêverait d’unité. Bref c’est la sinistrose… et c’est le rôle d’un prophète de remonter le moral des troupes… de rappeler qu’après la pluie il y a le beau temps… de montrer des signes d’espérance. Si maintenant nous faisons un saut de 700 ans plus tard nous trouvons Paul à Corinthe… et là encore, compte tenu de la situation centrale du port de Corinthe il y a vraisemblablement pas mal de courants de pensées qui se frottent voire s’affrontent. Paul vient alors rappeler l’essentiel, la base de l’unité : le Christ ! Notre seule certitude et notre acte de Foi c’est Jésus, née de Marie, rempli d’Esprit Saint, mort parce qu’il a été au bout de la logique de l’Amour, puis ressuscité pour vivre aujourd’hui en chacun et chacune de nous si nous le désirons. C’est de lui et lui seul que nous nous reconnaissons tous. C’est ce que Paul dit ici… Le reste est question de sensibilité, d’histoire personnelle, de diversité… c’est d’ailleurs ce que Paul développe quelques versets plus loin lorsqu’il prend la fameuse image du corps du Christ que nous sommes : différents, tous utiles et tous membres du même corps. L’Eglise dans sa tradition est là pour ‘cimenter’ ce corps, l’articuler, le maintenir dans une certaine cohésion…sans pour autant gommer la spécificité de chacun…sa perception unique de la Foi… ce que l’on appelle aussi l’intelligence de la Foi qui est donnée à tous. L’Eglise institutionnelle c’est un peu le bateau dans lequel nous sommes tous qui nous permet d’aller globalement tous dans la même direction, le Christ, tout en respectant ce que nous sommes les uns et les autres… le navigateur n’est pas le barreur ou le responsable des voiles ou des cordages… et l’un n’est pas plus important que l’autre.
D’ailleurs si nous reprenons l’Evangile du jour et l’appel des premiers apôtres il est évident que Jésus nous prend comme disciple tels que nous sommes : « il vit deux frères » puis « venez à ma suite » … il ne regarde pas avant leur niveau de formation théologique, leur pedigree, leur niveau d’étude, leur situation maritale… non « il voit » et propose de le suivre. Le Christ ne nous a pas laissé d’instructions théologiquement compliquées sur notre façon de vivre, de célébrer, de prier, de communier à sa présence… il nous demande avant tout d’aimer notre prochain, sa différence… d’accepter que nous puissions les uns et les autres avoir des façons différentes de vivre une vraie relation d’Amour fraternel avec lui. Voyons ces différences comme plusieurs perspectives d’une même réalité qui nous dépasse tous.
Nous venons de vivre la semaine de l’unité des Chrétiens et c’est un grande Grâce de petit à petit nous rapprocher en remettant le Christ au centre… n’oublions pas de vivre cette unité, qui respecte la différence, entre nous également. C’est ce à quoi nous appelle je le crois les textes de ce jour. Nous avons toujours plus besoin de se sentir frères et sœurs dans la même Foi au Christ mort et ressuscité… mais, comme il y a plus de 2000 ans, même au plus haut niveau de l’Eglise, les tentations de division des Corinthiens nous guettent toujours.
Alors frères et sœurs en prenant quelques instants de silence méditons sur cette unité dans la différence en la personne du Christ et en s’appuyant sur le psaume du jour :
« Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. »


Luc FROHELY, diacre permanent
26 janvier 2020


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