3° dimanche du Temps Ordinaire.
« Convertissez-vous car le
Royaume des Cieux est tout proche » Tel est le début de la prédication
de Jésus dans l’évangile de St Matthieu. Convertissez-vous, çà veut
dire : changez vos cœurs, changez de chemin, changez de direction. Et
pour commencer sa mission, Jésus vient d’effectuer un changement dans
sa propre vie : il vient de déménager en quittant
Nazareth-la-tranquille pour s’installer à Capharnaüm-sur-Mer. A la
différence de Nazareth, protégée dans son cirque de collines,
Capharnaüm est le « carrefour des païens », la route de la mer,
véhiculant les caravanes, brassant les nations et les races. Ce qui
intéresse Jésus, c’est qu’il va pouvoir prêcher la Bonne Nouvelle à
toutes sortes de gens. Prophète de la lumière, il vient spontanément «
au pays de l’ombre ». Porteur de la vie de Dieu, il vient « dans le
pays des âmes mortes ». Sauveur qui enlève le péché du monde, Il vient
là où des pécheurs sont à sauver.
Il est providentiel d’entendre
Paul nous interpeler aujourd’hui dans la 1ère lettre aux Corinthiens :
« qu’il n’y ait pas de divisions entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensée et de sentiments.
» Nous sommes dans la semaine où tous les chrétiens du monde prient
pour l’Unité de l’Eglise, et jeudi dernier certains d’entre nous ont
participé à la Veillée de Prière à St Brévin. Dans la vidéo qui
introduisait cette rencontre œcuménique, nous avons entendu le Pape
François nous affirmer que « le miracle de l’Unité a déjà commencé »,
et il ajoutait en citant la parole d’un brave homme, « on n’a jamais vu
le Seigneur ne pas achever un miracle ». Le Père Laurent Fabre, de la
Communauté du Chemin Neuf illustrait ce propos par 5 Bonnes Nouvelles :
D’abord, La déclaration commune sur la doctrine de la
justification par des représentants de la Fédération luthérienne
mondiale et de l’Eglise catholique romaine signée le 31 octobre 1999 à
Augsbourg, en Allemagne, et acceptée également par le Conseil
méthodiste mondial en 2006. Cette déclaration venait mettre un terme à
5 siècles d’incompréhension entre catholiques et protestants en
précisant la compréhension que chaque confession avait du salut en
Jésus Christ pour leur permettre de se rejoindre. Parmi les autres
bonnes nouvelles, citons le rapprochement entre évangéliques et
catholiques qui permet à 2 milliards de chrétiens d’être d’accord sur
l’éthique et la vie de famille, le Concile Panorthodoxe qui s’est tenu
à la Pentecôte 2016 pour rechercher l’Unité entre les différentes
églises orthodoxes, l’installation d’une fraternité du Chemin Neuf à la
résidence de l’Archevêque de Canterbury qui tisse des liens concrets
entre anglicans et catholiques.
Mais, c’est la 5ème bonne
nouvelle qui a le plus retenu mon attention : le renouvellement de
l’Eglise Catholique appelée à la conversion. Le chemin vers l’Unité est
passé par bien des étapes depuis l’Unité par absorption envisagée dans
les 1ers temps, chaque confession étant tentée de « convertir » les
autres ; l’Unité comme mystère imaginée par des prêtres et des pasteurs
emprisonnés ensemble pendant la guerre et qui souffraient de leur
division, mais qui, considérant les murailles dans lesquelles chaque
église était enfermée ne pouvait envisager l’Unité que dans les cieux ;
l’Unité plurielle où chaque chrétien gomme ses particularités pour se
confondre dans un certain flou ; et enfin, l’étape que nous vivons où
chaque Eglise est appelée à la conversion pour se rapprocher de notre
chef, le Christ. Plus nous nous rapprochons de Lui, plus nous nous
rapprochons les uns des autres.
Il est indispensable de revenir
régulièrement à l’essentiel comme nous le rappelle l’Apôtre Paul :
c’est dans le sang et l’amour du Christ que nous sommes baptisés ;
c’est la croix du Christ qui est l’arbre de vie. C’est le Christ qui
proclame dans nos vies, comme naguère sur les chemins de Palestine : «
Convertissez-vous!» Si nous entendons cet appel, nous pourrons partager
la joie de multitudes de frères unis dans la même foi, et partir avec
eux au milieu des nations annoncer la Bonne Nouvelle, l’Evangile du
salut. Nous chanterons la gloire de Dieu, présent parmi nous, comme on
le célèbre pendant la semaine de l’unité. Comme les apôtres, à l’appel
du Seigneur, nous quitterons pour le suivre nos soucis de la terre et
nous jetterons les filets. Car il est là, l’enjeu de notre unité : « Qu’ils soient un en nous afin que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé » (Jn 17, 21)
Se convertir, c’est aussi
accepter nos faiblesses, reconnaître nos péchés, pour laisser le Christ
nous en libérer et nous habiter de sa force. Savez-vous que « c’est en
réfléchissant au sacrement de pénitence que Luther eut l’une de ses
intuitions réformatrices fondamentales. Selon son éducation typique du
Moyen Age tardif, il avait appris que Dieu pardonnait à une personne
qui se repentait de son péché en accomplissant un acte prouvant qu’elle
aimait Dieu plus que tout, et que Dieu réagirait selon son alliance en
réaccordant sa grâce et son pardon, si bien que le prêtre pouvait
seulement déclarer que Dieu avait déjà pardonné le péché du pénitent.
La conclusion de Luther fut que Matthieu 16, 19 : «
Je te donnerai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu lieras
sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la
terre sera délié dans les cieux. » disait exactement le
contraire, à savoir que le prêtre déclarait le pénitent juste, et par
cet acte au nom de Dieu, le pécheur était effectivement justifié. » (Du
conflit à la communion, N° 102) Et si nous nous laissions convertir par
le Christ en accueillant son Esprit Saint et son pardon sacramentel
pour nous tourner avec tous nos frères chrétiens vers le Père qui nous
appelle ?
Jean-Jacques BOUGOIS, diacre permanent
Tharon, Les Moutiers et La Plaine (44)
Le 22 janvier 2017
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