3° dimanche du Temps Ordinaire.
Is. 8,23b-9,3 ; 1 Cor. 1,10-13.17 ; Mt. 4, 12-23
« Venez à ma suite… »
Quelle spontanéité et pas de réticence, de la part de ces pêcheurs du lac !
Pierre et André, ils étaient en pleine action. C’était leur métier,
leur gagne-pain ! Et Jacques, et Jean, la pêche, c’est une affaire de
famille, de père en fils.
Pourtant, les uns et les autres, laissant tout, mettent leurs pas dans ceux de Jésus.
Tout laisser, est-ce possible ? L’appel de Jésus serait-il inhumain à ce point là ?
Le récit qu’en fait l’évangéliste Matthieu n’est pas pris sur le vif.
Sans ignorer la suite, il révèle le point de départ de la grande
aventure dont nous sommes, nous-mêmes, acteurs.
En ces quatre pêcheurs de Galilée, c’est comme la genèse, le point de
départ, la cellule mère de ce que sera l’Eglise. Nous-mêmes, chacun à
notre façon, nous vivons de ces moments décisifs.
Revenons au texte et essayons de comprendre ce qu’il peut bien nous dire.
Jésus marche le long de la mer de Galilée, ce pays carrefour des
nations, où juifs et non juifs se côtoient. C’est toujours au milieu du
monde que se fait l’appel au disciple. C’est là qu’il aura à vivre sa
fidélité et à partager sa foi.
A deux reprises, le texte nous dit : « Jésus vit deux frères ». Ce
regard de Jésus dont les évangiles nous parleront plus tard ! Regard
qui relève, qui guérit, qui pardonne. Le regard, n’est-il pas la
fenêtre du cœur ? Ce regard de Jésus transcende les siècles, il s’est
posé ou se pose sur nous. Peut-être nous est-il arrivé, en certaines
occasions de notre vie, de le sentir, d’en prendre conscience ? Dans le
récit, ces occasions sont celles de l’exercice du métier de ces hommes.
Ils étaient pêcheurs.
Ce n’est pas, nécessairement, dans les grands moments de notre
existence que nous pouvons sentir ce regard de Jésus se poser sur nous.
Ce peut être dans le quotidien de notre vie. C’est une rencontre lors
de notre travail, c’est au cours d’une relation d’amitié, c’est au
cours d’un voyage, d’un pèlerinage, c’est lors d’un temps fort
spirituel, ou en église…. . Qu’importe, soyons attentif à ce regard de
Jésus dans notre vie. « Laisse-toi regarder par le Christ, car il
t’aime ». Et ce regard se change en parole.
Que nous dit-il ? « Venez à ma suite ». Suivre Jésus, entrer dans la
mouvance d’une histoire qui nous dépasse. Un jour, par notre baptême
nous sommes entrés dans cette histoire, nous sommes devenus disciples
du Christ. Peut-être avons-nous confirmé cet acte ; des adultes
demandent aujourd’hui le sacrement de la confirmation. Prendre notre
place dans son Eglise, dans le service des hommes, de notre communauté,
c’est répondre à son invitation : « Venez à ma suite ».
« Aussitôt, laissant leurs filets, et même leur père, ils le suivirent. »
Nous sommes perplexes devant un tel récit. Est-ce raisonnable ? Humain ?
Refusons de nous hâter de juger. L’évangéliste en décrivant cette
scène, veut nous montrer la force de l’appel du Christ. Mais, la
réponse des disciples ne se manifestera vraiment qu’après la
résurrection. Car, même après cet événement, certains retourneront à la
pêche. Il faudra, alors, attendre l’effusion de l’Esprit saint, à la
Pentecôte, pour que la réponse devienne définitive.
Quant à nous.
A part quelques vocations particulières, il ne nous est pas demandé de
tout quitter, comme ce fut le cas pour les disciples du Christ.
Néanmoins, il y a certains abandons que nous sommes amenés à effectuer.
Suivre le Christ, n’est-ce pas abandonner un certain attrait du monde pour tout ce qui ne serait que plaisir égoïste ?
Suivre le Christ, n’est-ce pas nous réajuster à la volonté de Dieu dans la conduite de notre propre vie ?
Suivre le Christ, c’est peut-être rogner un peu de nos loisirs, de
notre tranquillité personnelle, pour accomplir un service, une tâche
qui nous est demandée, en Eglise ou dans le monde. C’est aussi, cadrer
dans notre emploi du temps, un moment de prière, un contact avec les
évangiles.
Allez ! Chacun peut continuer à voir dans sa propre vie ce que cela peut bien vouloir dire que cet appel du Christ à le suivre.
« Aussitôt, laissant leurs filets, et même leur père, ils le suivirent. »
Voilà, frères et sœurs, cette première page de notre histoire ecclésiale à la suite de Jésus.
Faisons silence et laissons résonner en nous cette parole : « Venez à ma suite ».
Quelle sera notre réponse ?
Amen.
Le 22 janvier 2017
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