32° dimanche ordinaire.
La parabole de ce dimanche, avec les dix jeunes filles invitées à
la noce, est un peu invraisemblable : où est la mariée ? comment aller
chercher de l’huile chez les marchands au beau milieu de la nuit ?
Cherchez les autres erreurs. Ce n’est qu’une histoire qu’il ne faut pas
prendre au pied de la lettre… La signification, la pointe de cette
parabole, c’est la rencontre de l’Epoux avec ces jeunes filles, la
rencontre de Dieu avec l’humanité, c’est une histoire d’amour.
Il est des occasions et des rencontres qu’il ne faut pas manquer. Cette
année, beaucoup de jeunes ont décalé leur mariage en raison de la Covid
19, mais je voudrais vous partager ce que j’ai vécu avec le dernier
mariage que j’ai célébré avant le re-confinement : deux jeunes qui ont
réfléchi, cheminé, mûri leur engagement, et qui étaient prêts à se
promettre amour et fidélité pour toute la vie. Pourquoi reculer ? Ils
avaient choisi comme texte le Cantique des cantiques, « L’amour est
fort comme la mort, ses flammes sont flammes de feu, fournaise divine,
les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves
l’emporter », et j’ajoute, ni la Covid 19 les faire renoncer. Oui,
l’amour leur a fait surmonter les obstacles, restreindre leurs invités
à 30 et renoncer à la soirée dansante… Car cette célébration,
selon leurs mots : c’est « nous en remettre à l’Amour avec un grand A,
afin qu’il guide nos pas et notre vie ». Ce mariage, en présence de
leur famille et de Dieu, était essentiel pour eux, et le reste, les
mondanités, accessoires. Il fallait le célébrer, c’était un
moment fondateur à ne pas manquer.
La clé de la parabole avec les dix jeunes filles est contenue dans ces
quelques mots : « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » C’est le
moment important qu’il ne faut pas rater !
Et, depuis, le re-confinement est arrivé, les attentats nous ont
bouleversés… Cette période peut paraître morose, difficile à vivre !
Elle l’est assurément avec la restriction des relations sociales, la
vie au ralenti et les morts en hôpital ou dans les EHPAD… Nous venons
de célébrer la Toussaint, en faisant mémoire de ceux qui nous ont
précédés, de cette foule immense, connus et inconnus qui sont
rassemblés aujourd’hui dans le royaume de Dieu… Nous nous situons
résolument dans cette perspective du royaume à venir, de cette
rencontre ultime avec Dieu, où nous serons consolés, rassasiés, emplis
de l’amour du Seigneur. Ce royaume espéré, nous en voyons déjà les
germes ; et selon les mots de notre évêque, « cette espérance, nous
pouvons déjà en voir la réalisation dans ce que nous vivons, au milieu
de nos vies, de notre monde, parfois, hélas, traversés par les épreuves
et les coups durs. »
Ce confinement c’est effectivement un coup dur à vivre dans la durée.
Comment dans ce contexte, trouver le bonheur et témoigner de
l’Espérance ; Quand le virus est omniprésent et présente une menace
invisible, mais bien réelle ?
Quand nous voilà contraints de vivre ce temps qui restreint nos libertés et nos rapports sociaux ?
Quand un terroriste tue sauvagement un professeur ou des personnes priant dans la basilique de Nice ?
Pendant ce mois de novembre, nous allons subir les contraintes du
confinement, et nous serons privés de célébrations communautaires. Ce
n’est pas rien. Notre évêque nous invite à « consentir. Qu’est-ce que
consentir ? C’est accueillir une réalité que nous n’avons pas choisie
et qui vient bousculer l’équilibre de notre vie, pour un plus grand
bien… » et poursuit-t-il, « A quoi devons-nous consentir ? Le
confinement imposé par les autorités politiques nous demande de
consentir à renoncer à notre vie habituelle en Eglise et à l’accueil du
Christ en nos vies par la pratique sacramentelle, tout particulièrement
celle de l’Eucharistie. Pour quel bien ? Permettre à notre pays,
et plus largement à notre monde, d’enrayer une pandémie qui menace la
vie humaine. Il s’agit du primat de la charité... « Consentir » ne
signifie pas se résigner. Il est vrai que nous ne pouvons pas faire
autrement que d’accueillir la réalité du confinement pour au moins un
mois. Mais se résigner, c’est manquer d’espérance » (Mgr Percerou).
Alors, dans cet environnement, soyons des vivants en témoignant
de notre espérance et de la charité du Christ : bien que privés de
célébrations, restons en prière avec l’Eglise, en participant aux
messes dominicales par internet ou par la télévision, en nous
nourrissant spirituellement, par la lecture, l’information. Restons en
lien les uns avec les autres, notamment avec les plus fragiles dans
notre entourage : ceux qui souffrent de la solitude, les malades, les
personnes qui ont du mal à survivre, à se nourrir… témoignons de la
charité du Christ. Un simple échange téléphonique peut être précieux
pour des personnes isolées. Nous pouvons aussi subvenir aux besoins
essentiels de personnes en grande précarité… Ces moments de rencontre
avec les autres, avec Dieu, avec soi-même, sont précieux. Ne les ratons
pas. Si nous passons à côté de ces opportunités, la porte se referme et
nous resterons dehors comme les jeunes filles imprévoyantes qui se sont
endormies….
« Voici l’époux, sortez à sa rencontre… » L’époux vient de nuit, quand
toutes ces jeunes filles sont assoupies…Il vient dans la discrétion, au
moment où l’on ne l’attend pas… Il ne s’impose pas. Il vient dans les
nuits de nos échecs, de nos deuils, de nos situations difficiles à
vivre. Pour le rencontrer, il faut rester en éveil, sortir à sa
rencontre… Dieu se propose ; il ne s’impose pas. « Veillez donc, car
vous ne savez ni le jour, ni l’heure ».
Yves MICHONNEAU, diacre permanent
paroisse St Léger - Ste Bernadette d'Orvault
8 novembre 2020
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