30° dimanche du Temps Ordinaire.
Exode 22, 20-26 / Ps 17 / Th, 1, 5c-10 / Mt 22, 34-40
Jésus est de retour à
Jérusalem. Acclamé, il a fait une entrée triomphale dans la ville.
Depuis, les scribes et les docteurs de la loi cherchent un moyen de le
discréditer. Ils mettent à l’épreuve celui qui vient de chasser les
changeurs et les marchands du temple. Ils le harcèlent de questions,
essayant de remettre en cause son autorité. Des questions hypocrites
sur l’argent, la résurrection des morts et aujourd’hui, ces savants
fomentent un coup. Ils se disent : « Le sujet qui va le faire tomber
c’est notre loi ». Et ils lui posent cette question insidieuse « quel
est le premier des commandements ? » autrement dit : dans les 613
commandements qui régissent notre vie, notre pratique religieuse, notre
relation au Très Haut : « quel est ce commandement qui dépasse tous les
autres ? » Pensant que la complexité et l’imbrication des commandements
et des règles de vie rendront la réponse difficile et inadaptée.
Jésus leur donne sa réponse : «Tu
aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de
tout ton esprit.» En une toute petite phrase il les renvoie à l’origine
de la loi, la Parole de Dieu donnée à Moïse, la première table de la
loi donnée au Sinaï. Il s’appuie et enracine sa réponse dans la pureté
de la tradition, pas d’écart, pas d’ajouts dénaturant. Jésus complète
sa réponse qui résume la seconde table de la loi : « tu aimeras ton
prochain comme toi même ».
Le commandement repris dans le
livre du lévitique, ce livre qui régit, pour les hébreux, la pratique
de la loi et la vie. Jésus le dit « je ne suis pas venu abolir la Loi,
mais accomplir » Il donne la quintessence de la loi et la manière de la
mettre en pratique : aimer Dieu de tout son être et pour l’exprimer :
aimer les hommes…tous sont comme moi enfants du Très Haut, merveilles
de sa création, signes de son amour. En s’aimant comme des frères,
c’est Dieu que l’on glorifie.
Jésus invite son interlocuteur,
et chacun de nous par la même occasion, à relire sa relation, son
regard sur la loi et sa pratique, pour aller au-delà de la lettre, pour
y découvrir l’Esprit et en vivre. Jésus disait à ses disciples, « Si
vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les
païens eux-mêmes en font autant ! ». Comment dire j’aime Dieu et
ignorer sa création ou rejeter tout ce qui me dérange pour rester en
relation de prière et adorer Dieu l’Unique. Retrouver l’Esprit de la
loi, c’est faire de l’amour du prochain le signe tangible de l’amour
que je porte au Créateur, s’est poser un acte qui incarne l’amour que
j’ai pour Dieu, lui le moteur de mon action, l’essence même de mes
actes, la source de la vie et de l’amour. C’est aussi choisir le Christ
comme modèle dans son don total à l’humanité.
Comme le scribe dans l’évangile
de Luc, je dois me reposer cette question : pour moi chrétien de
saint-Matthieu : qui est mon prochain ? Bien sûr, ceux que je côtoie,
famille, voisins, collègues de travail ou d’association mais aussi -
reprenons la première lecture, le livre de l’Exode -: l’immigré, le
migrant. Celui qui fuit la guerre, la misère, la mort. Celui qui a
besoin de mon attention, de ma compassion, de mon écoute. Celui qui est
différent mais qui attend d’être accueilli, rassuré, aimé, celui qui a
souffert et souffre encore. Toutes les personnes à qui j’ai à porter
l’amour d’un frère, d’une sœur, comme signe de l’amour de Dieu pour
elles. Paul le dit dans sa lettre aux Théssaloniciens « C’est à
l’accueil que nous avons reçu chez vous que vous avez servi Dieu et que
vous avez converti vos actes par un amour signifiant qui relève.»
Nombre d’entre vous sont engagés
dans différentes associations ou services fraternels, caritatifs,
humanitaires… mais je vous invite, sœurs et frères, à faire silence
quelques minutes, pour relire nos engagements familiaux,
professionnels, civils, paroissiaux et trouver, pour cette semaine,
celui ou celle dont je vais me faire encore plus proche, pour lui
signifier par ma présence, ma parole, mes actes notre amour fraternel
et vital. Tu aimeras ton prochain comme toi-même car il est comme
toi-même, une personne, une création aimée du Père en qui demeure son
Esprit et son amour…
Faisons silence…
Amen
Patrick DOUEZ, diacre permanent.
le 29 octobre 2017
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