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2° dimanche de Pâques.

Ac 2, 42-47 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31

Fête de la Divine Miséricorde

Quelques temps après avoir fait une longue marche en montagne, en famille ou avec des amis, on est heureux de se retrouver pour reparler de cette journée. On regarde la carte, les photos, on se reparle des difficultés, du paysage extraordinaire découvert, des conversations, de tous ces moments partagés.
Après un moment fort dans une famille, un mariage ou une sépulture. Ou après un rassemblement en association, un pèlerinage en Eglise, on est heureux de se retrouver pour cette relecture des moments forts passés ensemble.
Je vous propose de faire un peu la même chose après ce Carême et ces fêtes de Pâques que nous venons de vivre.
Ensemble nous avons fait des rencontres : la samaritaine, l’aveugle-né, Lazare et ses sœurs. Nous avons marché dans le désert et adoré Jésus Transfiguré. Nous avons célébré le Christ, Agneau pascal et Seigneur-serviteur. Nous l’avons accompagné pendant sa Passion, ici même dans cette Eglise et nous l’avons chanté dans sa victoire sur la Mort, dimanche dernier.
Le Pape Jean-Paul II a proposé que chaque année ce 2° dimanche de Pâques, aujourd’hui, soit institué la fête de la « Divine Miséricorde ». Ne trouvez vous pas que cela prend bien sa place dans ce chemin de relecture ?
   Le 30 avril 2000, Jean-Paul II canonisait Sœur Faustine Kowalska, religieuse polonaise, morte à 33 ans de la tuberculose, et dont toute la vie fut remplie d'humbles tâches, d'abord dans la ferme de ses parents, puis chez les Sœurs de Notre-Dame de-la-Miséricorde.
   Derrière cette existence ordinaire, se cachait une vie mystique intense, marquée par de nombreuses apparitions de Jésus, qui s'est montré à elle comme la source de la Miséricorde. «L'humanité n'aura de paix, lui a-t-Il dit, que lorsqu'elle s'adressera avec confiance à la divine Miséricorde.»

Quel est donc le sens de ce mot « Miséricorde » ?
En français nous pourrions dire « sensibilité à la misère d’autrui » ou « pitié par laquelle on pardonne au coupable » (1). Mais en hébreu cela vient du mot pluriel Rahămîm, qui veut dire « entrailles ». « Est-ce qu'une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l'oublier, moi, je ne t'oublierai pas » nous dit Dieu par la bouche d’Isaïe.
Cela exprime l’attachement de Dieu à l’homme.
Un autre mot hébreu a une signification encore plus vaste : bienveillance, pitié, grâce de Dieu envers l’homme. (2) On pourrait dire que la Miséricorde c’est «  l’amour inconditionnel de Dieu, la façon d’aimer de Dieu » selon une formule de l’archevêque de Lyon. «  L’amour inconditionnel de Dieu, la façon d’aimer de Dieu ».
Devant notre misère, non seulement Dieu ne se détourne pas, mais Il est pris de compassion.
Le péché ne Le dissuade pas de nous aimer, au contraire : «Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé» (3) C'est au moment où son peuple L'a rejeté en adorant le veau d'or qu'il s'est révélé à lui comme «Dieu de tendresse et pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (4).
   Tout au long de l'Ancien Testament, Il se montre saisi de compassion devant la misère du pécheur qui crie vers Lui : «Mon cœur en moi se retourne, toutes mes entrailles frémissent. Je ne donnerai pas cours à l'ardeur de ma colère». (5) Et le psalmiste de chanter : «Béni le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! Car Il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; Il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse» (6)
   Quant à Jésus, Il ne cesse de répéter qu'il est venu pour chercher et sauver ce qui était perdu : «Il y aura plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentir» (7).
         Nous n'osons y croire, parce que cela nous semble trop beau pour être vrai. Nous n'osons pas admettre que Dieu nous aime à ce point. Il faut la pureté de cœur d'une Thérèse de Lisieux pour affirmer sans hésitation que, face à la miséricorde de Dieu, tous les crimes du monde sont «comme une goutte d'eau dans un brasier ardent».
   Dieu a des trésors de miséricorde à nous donner et nous n'en voulons pas, par peur, par orgueil ou par manque de Foi. Il suscite donc des messagers de sa miséricorde, comme pour supplier les hommes de ne pas rester prisonniers de leurs péchés : «Ma Miséricorde est plus grande que ta misère et celle du monde entier, explique Jésus à Sœur Faustine. Je ne rejette jamais un cœur humble» (8).
Et pourtant Jésus n'a cessé de nous dire cet Amour de Dieu pour chacun d'entre nous. Par des paraboles: L’enfant prodigue et le fils aîné qui ne comprends pas. La brebis perdue qui a tant de valeur aux yeux du bon berger. Mais aussi la parabole du pharisien et du publicain. Le pharisien qui obéît strictement à la Loi qui se croit supérieur et sauvé et le publicain qui se reconnaît pécheur et qui se croit perdu.
C'est la première clé pour comprendre cet Amour de Dieu pour chacun de nous : savoir se reconnaître dépendant d'un Dieu dont la justice est parfois difficile à comprendre mais qui ne veut qu'une chose : notre bonheur.
Et Jésus n'a cessé de vivre pour nous montrer cet Amour de Dieu.
Si Il était arrivé tout nimbé de gloire, entouré d’anges sonnant de la trompette pour dire Dieu vous aime, convertissez vous ! L’aurions nous écouté ?
Il a choisi de prendre notre condition humaine, de naître, de vivre à nos cotés, de partager tout : les fêtes, les deuils, les joies, les peines et le quotidien ordinaire. Il a choisi d’aller jusqu’à la mort pour rester fidèle. Il aurait pu descendre de la Croix ou nous dire « Ca suffit, je ne veux pas souffrir, après tout je suis Dieu ! » Mais on aurait pensé qu’Il nous jouait la comédie !
Il a été jusqu’au bout pour nous dire dans le creux de notre cœur : là où tu vis, là où tu souffres, là où tu ris, je suis avec toi, toujours, parce que je t’aime ! Et il nous invite à faire de même :
« Tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le aussi pour eux »
« Bienheureux les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde. »
«  Aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent. »
« Je ne vous dis pas de pardonner sept fois, mais soixante dix sept fois sept fois. »
Relisez la parabole du Bon Samaritain : Jésus redit à notre cœur ce que nous savons : que la bonté, l’amour sont inscrits au plus profond de nous. Nous le savons et cela nous rend heureux.
Mais nous savons bien en tant que parents ou grands parents que nous voulons donner tout l’amour dont nous sommes capables pour nos enfants. Et le résultat n’est pas toujours celui que l’on avait imaginé.
Alors avec Saint Paul nous pensons souvent: « je ne comprends pas ce que j'accomplis, car ce que je voudrais faire, ce n'est pas ce que je réalise ; mais ce que je déteste, c'est cela que je fais. »
Nous trouvons que Jésus nous demande de faire des choses impossibles. Pardonner, c'est un mot facile à lire dans une belle phrase. Mais dans la vie de tous les jours, nous avons du mal. C'est difficile d'aimer comme Dieu aime.
Alors aujourd’hui regardons Thomas, qui a vécu toute la montée à Jérusalem aux cotés de Jésus. Lui qui voulait « mourir avec Lui ! »(9)Il croyait aussi que Jésus allait changer la face du monde et devant son Seigneur cloué sur la Croix, le cœur transpercé par une lance, il s’enfuit avec les autres.
Il lui faut relire tout ce qu’il à vécu pendant ces mois à suivre Jésus, Après ces derniers jours de folie et de violence. Comprendre avec le cœur ce que son esprit ne veut pas entendre : Jésus est ressuscité. Il est mort. Et il est revenu de la mort : il nous montre le chemin. Il est passé le premier, jusqu‘au bout pour nous montrer que sa fidélité et son amour pour nous vont jusque là.

Comme Marie Madeleine reconnaissant Jésus au matin de Pâques s’écrie «  Rabbouni ! » C’est au tour de Thomas de le reconnaître : c’est bien le même Jésus. Il ne nous a pas raconté d’histoire. Il a accepté de mourir pour nous et Il est vivant pour toujours ! «  Mon Seigneur et mon Dieu ».
Quel acte de Foi ! «  Mon Seigneur et mon Dieu ». Et nous aussi, quand nous voyons l’hostie, Corps de Jésus mort et ressuscité, nous pouvons dire : «  Mon Seigneur et mon Dieu ».
Sœur Faustine a peint un tableau d’une de ses visions de Jésus. Deux rayons lumineux sortent de son cœur, le cœur siège de l’Amour de Dieu pour nous ; cet Amour que Jésus voudrait voir éclairer tous les recoins de nos vies. Au dessous de ce tableau, elle y a inscrit sur les recommandations de Jésus :
« Jésus j’ai confiance en toi ». «  Mon Seigneur et mon Dieu ».

N'aie pas peur, Laisse-toi regarder par le Christ, Laisse-toi regarder Car il t'aime!

Château-Thébaud                     
30 Mars2008    Philippe ARRIVE

(1) (2)Dictionnaire encyclopèdique de la Bible, (3) Romains 5, 20. (4) Exode 34, 6. (5) Osée 11,8. (6) Psaume 102,2-4. (7) Luc 15, 7. (8) Petit Journal de Sœur Faustine, p. 1485.(9) Jn 11, 16          

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