2° dimanche de Pâques
Dimanche de la Divine Miséricorde
Ac 2, 42-47 ; 1P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31
L’évangile de dimanche dernier, dimanche de Pâque, se terminait ainsi : « il vit et il crut. »
On se souvient de ce premier jour de la semaine décrit par Jean. Marie
de Magdala se rend au tombeau tôt le matin, tandis qu’il fait encore
sombre nous dit-on ! A la découverte du tombeau vide, Marie s’enfuit et
va chercher Simon-Pierre, puis un autre disciple. C’est Simon-Pierre
qui le premier entre dans le tombeau ; on ne connaît pas sa réaction à
cet instant, l’évangéliste s’arrêtant plutôt sur la réaction de l’autre
disciple, celui que Jésus aimait : « il vit et il crut »
Ce disciple que Jésus aimait aurait-il vu autre chose que ce qu’ont vu Marie de Magdala et Simon-Pierre ?
Sans doute rien de plus ; mais sa vision lui remémore aussitôt
l’Ecriture : « Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts »
Ce ne sont pas ses yeux qui ont vu mais bien plus son cœur. Ce cœur qui
lui permet non seulement de voir mais plus encore de croire.
« Nous avons vu le Seigneur ! »
Huit jours après Pâque, les disciples comprennent que l’essentiel n’est
plus de voir Jésus - ce qui devient impossible- mais de croire en lui.
Pour Thomas, c’est le doute qui s’est installé après qu’il eût
entendu l’affirmation des disciples ; Thomas a besoin de voir pour
croire.
Nous-mêmes, ne sommes-nous pas parfois un peu comme Thomas, avec nos doutes, nos découragements ?
Comme Thomas (du moins avant qu’il ne puisse toucher le Christ), nous
n’avons pas accès à des signes visibles. Pourtant, des signes existent
même si ils sont moins extraordinaires. Oui, plus que jamais, le Christ
est présent dans nos vies ; à nous de l’entendre, à nous de le voir à
travers un sourire d’enfant, un merci donné par celui ou celle que nous
avons pu aider, à travers une belle rencontre, un témoignage, une
attitude. . .
Vous me permettrez d’évoquer une rencontre personnelle que j’ai faite
récemment, après le décès d’une résidente dans la maison de retraite où
je travaille. Un des fils de la défunte est venu vers moi quelques
temps après la célébration de la sépulture, d’abord pour me remercier
d’avoir accompagné et pris soin de sa maman lorsqu’elle était dans mon
service, mais aussi – et cela je l’ai compris après l’avoir quitté-
mais aussi donc pour évoquer sa peine et son retour à une certaine foi.
Sa maman m’a-t-il dit n’était pas une « super pratiquante » mais il m’a
dit avoir ressenti comme une présence en lui lorsque celle-ci rendait
son dernier souffle sur son lit et qu’il se tenait auprès d’elle. Il
m’a dit aussi que sa maman était venue le visiter lui, et également une
de ses sœurs, après le décès, comme pour les confier à quelqu’un avant
de partir définitivement.
Il n’y a je pense rien de mystique dans ce témoignage, même si la peine
et le désarroi peuvent délier la parole et les sentiments enfouis ; en
tout cas je peux dire que cet échange m’a interpellé. Le soir chez moi
installé à mon bureau et me remémorant ce que fût cette dame, je me
suis rappelé des paroles du bienheureux pape Jean-Paul II qui a dit, je
le cite : « Acceptez que je vous confie mon espérance ; l’avenir est
dans vos cœurs et dans vos mains ! »
Je suis certain que le fils de cette dame dont je viens de vous parler
gardera en lui pendant longtemps le message d’espérance que sa mère lui
a laissé avant de le quitter lui et ses frères et sœurs.
« Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence
des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais
ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, et
afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. »
Telle est la conclusion de cet extrait de l’évangile de Jean entendu ce matin.
Quelle serait cette vie, cette abondance si nous n’avions pas la foi ?
Cette foi semée au jour de notre baptême, cette foi qui nous invite non
seulement à être des disciples, mais plus encore à être missionnaires.
Après cette messe, des enfants vont être baptisés, ils vont recevoir le
don de la foi. Qui pourrait dire si cette foi offerte restera d’une
même intensité au long de leur vie ?
Nous-mêmes, sommes-nous de bons disciples ? Sommes-nous porteurs
d’espérance ? Sommes-nous des frères fidèles prêts à vivre en communion
fraternelle ? Combien dans notre assemblée vont rester pour accueillir
ses enfants et leurs parents à l’occasion du baptême ?
« Nous sommes tous des disciples missionnaires » : c’est ce que nous
dit le pape François dans son exhortation apostolique « la joie de
l’évangile » Puis il ajoute :
« Si nous n’en sommes pas convaincus, regardons les premiers disciples,
qui immédiatement après avoir reconnu le regard de Jésus, allèrent
proclamer pleins de joie : « nous avons trouvé le Messie » (Jn 1, 41).
La Samaritaine, à peine eut-t-elle fini son dialogue avec Jésus, devint
missionnaire, et beaucoup de samaritains crurent en Jésus « à
cause de la parole de la femme » (Jn 4, 39). Saint Paul aussi, à partir
de sa rencontre avec Jésus Christ, « aussitôt se mit à prêcher Jésus
(Ac 9, 20).
Et le pape de conclure : « Et nous, qu’attendons-nous ? »
Dans la joie continue de Pâque, qu’attendons-nous en effet pour ouvrir
nos cœurs, qu’attendons-nous pour ouvrir nos yeux et nos mains ?
Qu’attendons-nous pour oser la charité et l’accueil ?
Ne pas laisser de côté les petits et les pauvres, c’est en quelque
sorte la mission que nous a confiée Jésus ; c’est aussi la traduction
qui peut être faite du mot MISERICORDE : « avoir un cœur sensible à la
misère »
Tout au long de son parcours terrestre, Jésus n’a eu cesse d’oser la
rencontre et d’agir. Les exemples sont nombreux dans les évangiles.
Nous allons tout à l’heure prendre part à l’eucharistie ; vous me
permettrez pour conclure de citer à nouveau le pape François au travers
d’un extrait d’une homélie qu’il a prononcée en la Basilique St Jean de
Latran le 30 mai 2013 :
« Que la participation à l’eucharistie nous invite à suivre le Seigneur
chaque jour, à être instruments de communion, à partager avec lui et
avec notre prochain ce que nous sommes. »
Ainsi, forts de cette nourriture, nous allons pouvoir ouvrir nos cœurs
et nos portes, nous ne serons pas effrayés comme le furent les Apôtres
après la mort de Jésus.
Le Seigneur connaît chacun de nous ; il nous apporte aujourd’hui encore
sa Paix pour que nous devenions des vivants. Avec lui, empruntons le
chemin de la confiance et de la Miséricorde.
AMEN
Joël MACARIO, diacre permanent
27 avril 2014
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