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2° dimanche ordinaire.

Journée mondiale du migrant et du réfugié


    Saint Paul nous rappelle dans sa lettre aux Corinthiens que le salut s’adresse à tous en tous lieux et de toutes conditions. En ce 15 janvier 2017, l’Eglise universelle célèbre la 103e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié pour laquelle le Pape François a choisi comme thème de réflexion et de prière : « Mineurs migrants, vulnérables et sans voix ». Le réveillon convivial et solidaire de la paroisse du 31 décembre s’est déroulé dans la bonne humeur et la simplicité, accueillant des personnes en situation de fragilité, et des personnes d’origine étrangère avec des jeunes et des enfants qui ont apporté leur gaîté et leur dynamisme. Le Pape nous invite à être attentifs à ces jeunes, enfants et adolescents, qui sont une promesse d’avenir pour leurs parents et pour notre société dans laquelle la plupart grandiront et feront leur vie.
Prenons un peu de recul. Regardons comment le migrant est considéré dans la bible et comment aujourd’hui L’Eglise et le Pape François nous invitent à tisser des liens avec l’étranger et à accueillir les enfants immigrés. Presque chaque jour, les média nous parlent des migrants, souvent de façon négative, parfois de façon positive, avec des reportages qui nous font percevoir leurs parcours difficiles et les solidarités qui peuvent se manifester.

Dans l’ancien testament, l’étranger est mis au même rang que la veuve, l’orphelin, le pauvre, ces personnes qui ont perdu leur statut et leur dignité. Ils font partie de ceux envers qui Dieu est compatissant et miséricordieux. Dans les livres de l’Exode et du Deutéronome, le migrant est protégé par des lois : «Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte» (Ex 22, 20) ).«Aimez donc l’immigré, car au pays d’Égypte vous étiez des immigrés» Le législateur invite à payer chaque jour le salaire de l’immigré, « car il est pauvre et attend impatiemment son salaire ». « Le Seigneur votre Dieu fait droit à l’orphelin et à la veuve et il aime l’étranger auquel il donne le pain et le vêtement ». (Dt 10, 17- 19).  L’amour en faveur de l’étranger se fonde sur l’amour de Dieu lui-même, et se traduit par une prise en compte de ses besoins essentiels, comme le pain et le vêtement. Dans tout l’ancien testament le migrant est protégé et est invité à participer à la vie de la cité. Il y a une incitation réelle à la solidarité et la fraternité avec lui.
Dans le nouveau testament, Jésus a dépassé la vision négative qui régnait déjà à cette époque vis-à-vis de l’étranger… Les évangiles, nous relatent les rencontres de Jésus avec les étrangers : le centurion romain, la samaritaine, le général syrien, et il présente un samaritain -le Bon samaritain- comme l’exemple même de l’amour du prochain. Mais les paroles de Jésus vis-à-vis de l’accueil de l’étranger trouvent leur sommet dans l’évangile de Mathieu du jugement dernier : Mt 25,35,38,40
« -J’étais étranger et vous m’avez accueilli,
-Quand Seigneur ?
-Chaque fois que vous l’avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Au jugement final, il apparaîtra que c’est bien dans la rencontre avec l’étranger dans le besoin, que se trouve Jésus en attente d’être accueilli avec amour et compassion.

Le Pape François nous invite aujourd’hui, dans sa lettre, à regarder avec compassion ces mineurs migrants et sans voix. Je cite l’Evangile : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé» (Mc 9, 37 ; cf.Mt 18, 5 ; Lc 9, 48 ; Jn 13, 20). Par ces mots, poursuit François, les quatre Évangélistes rappellent à la communauté chrétienne un enseignement de Jésus qui est enthousiasmant et, à la fois, exigeant. Ces paroles, en effet, tracent la voie sûre qui conduit à Dieu, en partant des plus petits et en passant par le Sauveur, dans la dynamique de l’accueil… C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, je tiens, et c’est le pape qui parle, à attirer l’attention sur la réalité des migrants mineurs, en particulier ceux qui sont seuls, en demandant à chacun de prendre soin des enfants qui sont trois fois sans défense, parce que mineurs, parce qu’étrangers et parce que sans défense, quand, pour des raisons presque toujours liées à la violence, à la misère, ils sont forcés à vivre loin de leur terre d’origine et séparés de l’affection de leurs proches ».  « Ce sont les mineurs qui paient en premier lieu le prix élevé de l’immigration » et sont souvent « privés des droits inhérents à l’enfance entérinés par la Convention internationale relative aux droits de l’enfant ». Et François poursuit : « L’âge de l’enfance, par sa délicatesse particulière, a des exigences uniques et inaliénables. Avant tout, le droit à un environnement familial sain et protégé pour pouvoir grandir sous la conduite et avec l’exemple d’un papa et d’une maman ; ensuite, le droit et le devoir de recevoir une éducation adéquate, principalement en famille et aussi à l’école… Tous les mineurs, ensuite, ont le droit de jouer et de se livrer à des activités récréatives, ils ont, en somme, le droit d’être des enfants ».

Comment faire face à cette réalité des migrants mineurs ? « Avant tout, il s’agit d’adopter toutes les mesures possibles pour garantir aux migrants mineurs protection et défense, parce que, nous dit Benoît XVI : « ces garçons et filles finissent souvent dans la rue, livrés à eux-mêmes et la proie de ceux qui les exploitent sans scrupules et, bien souvent, les transforment en objet de violence physique, morale et sexuelle » (BENOîT XVI, Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié,2008).
Dans le département de Loire atlantique, des enfants mineurs isolés arrivent tous les jours. Plusieurs centaines sont pris en charge par le Conseil Départemental au nom de la protection de l’enfance. Certains de ces enfants sont accueillis dans des collèges ou lycées, de l’enseignement catholique notamment. Certains sont hébergées dans des familles, à défaut dans des hôtels. Des centres d’accueil pour mineurs sont mis en place. Il y a sur le terrain une vraie mobilisation des collectivités territoriales, de l’Eglise et des associations. Malgré tout, on estime qu’une centaine de jeunes migrants mineurs vivent en squat à la rue dans l’agglomération nantaise.
« En deuxième lieu, nous dit le Pape François, il faut travailler pour l’intégration des enfants et des adolescents migrants. La condition des migrants mineurs est encore plus grave lorsqu’ils se trouvent dans une situation d’irrégularité ou quand ils sont à la solde de la criminalité organisée. Dans ces cas, le droit des États, à gérer les flux migratoires et à sauvegarder le bien commun national, doit se conjuguer avec le devoir de résoudre et de régulariser la situation des migrants mineurs, dans le plein respect de leur dignité et en cherchant à répondre à leurs besoins. » En France, le défenseur des droit, Monsieur Jacques Toubon, dénonce régulièrement que des règles de droit spécifiques soient appliquées aux étrangers, au nom d’une certaine idée de la préférence nationale, règles qui peuvent bafouer les droits de l’homme : 
-    Le droit à avoir un toit,
-    Le droit de vivre en famille, ce que permet aujourd’hui, de façon déjà restrictive, le regroupement familial.
-    Le droit d’être soigné, actuellement possible avec l’AME, l’Aide Médicale d’Etat.
-    Le droit à une éducation adéquate, et donc la possibilité pour les jeunes migrants d’aller à l’école et d’être socialisé, ce qui se fait en France aujourd’hui, et en particulier à Orvault.
Le respect de ces droits est indispensable pour leur intégration et pour favoriser le « vivre ensemble ».
En troisième lieu, le pape « adresse à tous un appel pressant afin que l’on cherche et que l’on adopte des solutions durables. Puisqu’il s’agit d’un phénomène complexe, la question des migrants mineurs doit être combattue à la racine ». Je vous invite à aller plus loin en lisant l’intégralité du message du pape disponible sur internet.

En définitive, « Personne, nous dit le Pape, n’est étranger dans la communauté chrétienne, qui embrasse « toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap. 7, 9). Chacun est précieux, les personnes sont plus importantes que les choses et la valeur de chaque institution se mesure à la façon dont elle traite la vie et la dignité de l’être humain, surtout en conditions de vulnérabilité, comme dans le cas des mineurs migrants ».


Yves Michonneau, diacre permanent.
Paroisse St Léger-Ste Bernadette d’Orvault
le 15 janvier 2017

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