Année A

Sommaire année A
Accueil



2° dimanche ordinaire.


Par 2 fois dans le passage d’Evangile que nous venons d’entendre, Jean Baptiste affirme : « Je ne le connaissais pas. » Vous ne trouvez pas çà curieux ? Jésus et Jean sont cousins et ils se connaissent depuis qu’ils sont enfants. Mais on peut vivre à côté de quelqu’un et le côtoyer tous les jours sans vraiment le connaître. Tous les couples font cette expérience : il y a chez chacun une part de mystère qui échappe à la connaissance. Après des mois de jeûne et de prière passées dans le désert, Jean a acquis une sensibilité spirituelle qui lui donne un regard plus aiguisé que n’importe qui. Déjà, dans le passage qui précède, lorsque les pharisiens sont venus l’interroger sur son identité, il leur a annoncé : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. » Le passage que nous venons d’entendre se situe juste après le baptême de Jésus par Jean Baptiste dans le Jourdain : c’est à ce moment là que Jean a pris conscience que son cousin était réellement le Messie, le Fils de Dieu.
Nous qui avons l’habitude de rencontrer Jésus dans la prière et dans les sacrements, nous percevons bien qu’il est le Seigneur. Et le célébrant nous le rappelle à plusieurs reprises lors de chaque messe : « Le Seigneur soit avec vous ! » Mais connaissons-nous bien Celui qui est au milieu de nous ? N’avons-nous pas tendance à minimiser sa personne humaine, historique. Le temps de Noël que nous venons de vivre nous a rappelé que Jésus était né au hasard d’un voyage, ses parents allant se faire recenser dans leur région d’origine. Nous nous sommes souvenus qu’il était le descendant d’une longue lignée de pasteurs nomades ; nous avons assisté à son émigration en Egypte pour fuir la menace d’Hérode. Et lorsque Jean Baptiste le nomme : l’Agneau de Dieu, nous nous souvenons que le Fils de Dieu est mort comme un voleur, entre deux condamnés de droit commun, pour racheter tous les hommes.
Pourquoi se souvenir de cette humanité de Jésus aujourd’hui ? Parce que nous célébrons la 97ème journée mondiale du migrant et du réfugié. A cette occasion, le St Père Benoît XVI nous adresse un message pour nous inviter à nous souvenir que nous formons « une seule famille humaine ». « Tous appartiennent donc à une unique famille, migrants et populations locales qui les accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la destination est universelle. » nous dit-il, puis il cite le message de Jean-Paul II en 2001 : « L’Eglise reconnaît le droit de migrer à tout homme, sous son double aspect : possibilité de sortir de son pays et possibilités d’entrer dans un autre pays à la recherche de meilleures conditions de vie. » Vous le savez bien, personne ne part de son pays en quittant maison, famille et amis de gaieté de cœur. C’est toujours parce que la vie est devenue impossible que l’on part au loin. Voyez les travailleurs africains qui s’expatrient pendant plusieurs années pour permettre la survie de leur village avec les quelques euros qu’ils envoient chaque mois à leur famille. Voyez les chrétiens d’Irak qui doivent fuir les persécutions. Voyez les populations chassées de leurs terres par la guerre ou par les « progrès » de notre civilisation (déforestation, barrages, exploitation minière ou pétrolière) et qui sont entassés dans les camps de réfugiés. Parmi eux se tient Celui que nous ne connaissons pas. Saurons-nous l’accueillir ? Saurons-nous trouver les moyens pour que sa dignité et ses droits soient respectés sous toutes les latitudes ?
Comment ? Depuis plusieurs mois sont déposés dans le fond de chaque église des documents de l’ACAT. C’est l’appel du mois qui nous présente une situation où les droits de l’homme sont bafoués (arrestations arbitraires, prisonniers torturés, peine de mort, migrants retenus sans pouvoir faire valoir leurs droits). Et chaque mois, vous êtes invités à envoyer la lettre proposée au responsable politique qui est en mesure de changer le sort de ces personnes. Çà ne coûte qu’un timbre (87cts) et quelques instants pour recopier la lettre. (Ceux qui ont InterNet peuvent même la télécharger sur le site.) C’est une façon très efficace de manifester un peu de fraternité et de rendre l’espérance aux plus démunis de nos frères. Et en plus, c’est une action œcuménique, portée dans la prière par les chrétiens de toutes confessions : protestants, orthodoxes et catholiques. Une façon pour que nos prières et nos efforts pour l’Unité de l’Eglise ne se limitent pas à une semaine par an ; celle qui commence mardi !
Pour conclure, je vais laisser la parole à notre St Père : « C’est de façon particulière la sainte Eucharistie qui constitue, dans le cœur de l’Eglise, une source inépuisable de communion pour l’humanité tout entière. Grâce à elle, le Peuple de Dieu embrasse « toutes nations, races, peuples et langues »(Ap 7,9) non pas à travers une sorte de pouvoir sacré, mais à travers le service supérieur de la charité. En effet, l’exercice de la charité, en particulier à l’égard des plus pauvres et faibles, est un critère qui prouve l’authenticité des célébrations eucharistiques. »
Il y a parmi nous quelqu’un que nous ne connaissons pas ! Sachons le reconnaître dans le pain partagé où il se donne, comme dans chaque frère, surtout dans celui qui est étranger, migrant, réfugié.
Amen.


Jean-Jacques BOURGOIS, diacre permanent.
le 16 janvier 2011
Le Clion – Ste Marie - La Bernerie




Sommaire année A
Accueil