28° dimanche du Temps Ordinaire.
Que ce soit dans l'ancien ou le nouveau testament, il est souvent
question de repas dans la bible. Aujourd'hui encore, les lectures nous
présentent une table mise, un repas, un festin, pour des retrouvailles
et des noces... Rien ne semble trop beau, trop bon, trop capiteux. Les
premiers peuples de la bible sont sensibles à cette image du repas mais
nous aussi ! Inviter, goûter, savourer, servir pour fêter la vie et pas
seulement en paroles mais en pratique, dans l'accueil, le partage.
Ensemble autour d'un repas procure la joie d'être invités et de passer
un bon moment ! Nous pourrions penser que le repas de la parabole, dans
l'évangile, nous parle du repas que nous vivons en ce moment, celui de
l'Eucharistie. Invités à la table du Seigneur nous venons y reprendre
force mais l'Eucharistie, ce sommet de notre foi, n'est que les
prémices d'un autre banquet et d'une communion plus grande encore.
Depuis plusieurs semaines, les lectures nous révèlent un Jésus qui
s'inscrit dans la droite ligne des prophètes. Il l'a dit lui-même :"Je
ne suis pas venu abolir mais révéler la loi"? Le repas dont il parle
aujourd'hui fait référence directement à celui qu'Isaïe nous décrit.
L'abondance d'un festin que Dieu offrira pour inaugurer les temps
nouveaux quand les temps anciens seront révolus, ce jour où tous ceux
qui auront accepté l'invitation du Seigneur entoureront ce Père tendre
qui pardonne, console de toute peine et redonne vie pour partager avec
Lui les délices de la Vie sans fin. Invitation d'un Père à tous ses
enfants pour qu'ils le rejoignent dans son Royaume, autour de sa table
pour fêter et sceller définitivement l'Alliance conclue avec chacun. Un
grand repas de fête préparé par un Père pour les noces de son Fils, le
Christ, avec l'humanité toute entière, où tous deux ne feront plus
qu'un. Souvenez-vous, Jean-le-Baptiste, le disait à ses disciples en
parlant de Jésus: "Voici l'époux!" et nous, nous sommes l'épousée.
Cette parabole montre effectivement des penchants et des défauts
humains : indifférence, rejet, orgueil qui conduisent à la négation de
notre humanité, à la perte de toute mesure, pour finir par le meurtre
ce qui génère une colère violente du roi. Déçu il va donner à d'autres,
à tous les autres, tous les inconnus rencontrés d'être à leur tour
invités pour participer au festin préparé avec amour. Nous pourrions
avoir tendance à ne regarder que ces invités récalcitrants, ces
personnages sans scrupule, en jugeant, qu'en fin de compte, c'est juste
que la foudre s'abatte sur ceux qui n'ont pas bien agi, qui ont fait le
mal! Et nous en déduirions tout de suite, ce qu'il ne faut pas faire
pour participer à la fête : il est interdit de…on ne peut pas…je ne
dois pas…, si non pas de fête, pas de repas, c'est du
donnant-donnant…la carotte et le bâton! Évitons cette vue trop étriquée
de l'amour de notre Dieu. Lui seul est juge et sa miséricorde est sans
limite ! Et puis, rappelons-nous du dialogue de Jésus avec le scribe au
sujet du Royaume. Jésus ne lui débite pas toute une kyrielle
d'interdits, non il donne les 2 règles à suivre "aime le Seigneur de
tout ton cœur et ton prochain comme toi-même". Il ne s'agit plus de
s'abstenir, de s'interdire, de proscrire mais au contraire d'agir,
d'accueillir, d'aller vers l'autre, d'entrer en relation en s'ouvrant à
la différence pour manifester l'amour fraternel, pour tendre vers
l'image du Christ qui dit à ses apôtres "aimez-vous comme je vous ai
aimés jusqu'à donner votre vie!"
Voilà une réponse à l'invitation personnelle reçue pour partager le
festin du Royaume : dans la liberté que notre Père nous laisse, choisir
de répondre oui chaque jour à l'aventure de l'amour fraternel.
Signifier à ceux qui me sont donnés de rencontrer les merveilles de
Dieu pour chacun. Vivre librement et simplement ce projet chaque jour
dans l'écoute et l'attention à l'autre, en repoussant ma tendance à
juger celui qui m'est différent, en affirmant ma foi et mes convictions
sans rejeter celui qui est autre. En m'engageant dans l'action près de
ceux qui se sentent si loin pour qu'eux aussi se sentent considérés et
aimés. Un chemin à emprunter en famille, en société, au travail, en
Église, humblement, conscient de mes fragilités et de mes limites, mais
éclairé par la Parole que le Christ me donne pour me nourrir et
m'aider. Vivre sans attendre, sans spéculer sur un mérite, dans la
sincérité et la vérité notre engagement fraternel et le Royaume, nous
sera donné par surcroît. Regardez les invités de la dernière heure: des
inconnus ne connaissant pas la famille, rencontrés à la croisée des
chemins ils ne s'imaginaient pas aller à la noce…et pourtant, ce sont
eux qui sont au premier rang, à la table du festin offert par le roi!
Quelque soit ma réponse et ma façon de répondre à l'invitation du
Seigneur, une invitation reçue souvent par la médiation des hommes (les
serviteurs de la parabole), que cette réponse soit vraie et entière,
mes actions et mes engagements sans ambigüité et sans calcul. Une
réponse libre car faite en pleine confiance en celui qui m'appelle à
partager l'amour offert car c'est ainsi, en me laissant pétrir et
envahir par l'amour que je m'apprête et que j'enfile les vêtements de
noce. Ce sont eux qui m'ouvriront les portes du Royaume où, ensemble,
nous prendront part au banquet du Seigneur dans la lumière, la joie et
la profusion d'un Père qui nous aime.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
12 octobre 2014
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