28° dimanche du Temps Ordinaire.
Frères et sœurs,
L’Evangile ne nous donne jamais de grandes définitions abstraites sur
Dieu, sur le ciel et sur l’Eglise. Non ! L’évangile est plutôt un grand
livre d’images. Et l’image de ce dimanche, utilisée par Jésus ne semble
pas si désuète qu’on puisse le penser, même si elle revêt un caractère
oriental, bien marqué de l’époque du Seigneur.
Jésus nous présente un Dieu qui « marie son fils » ... pour nous, c’est
la plus belle histoire du monde ... la plus belle histoire d’amour !
Nous comprenons bien évidemment qu’il s’agit de Jésus lui-même ... oui,
Jésus est « amoureux » ... il a épousé une fiancée qu’il aime
passionnément : l’humanité.
Cette image des noces, court comme un « fil d’or » dans toute la Bible
: depuis les prophètes ... Osée, Isaïe, Jérémie, Ezékiel ... puis dans
les Psaumes, Marc, Jean, Matthieu ... ensuite dans les lettres de Paul
et même dans l’Apocalypse ... oui d’un bout à l’autre de la révélation,
les relations de Dieu avec l’humanité sont une alliance, des «
épousailles ».
Frères et sœurs, nous pourrions, à juste titre, nous poser la question
de savoir ce que cela changerait à notre « foi » si, au lieu de
considérer notre « religion » comme des vérités à croire et des
préceptes de morale à observer, nous arrivions à l’envisager vraiment
comme une histoire d’amour.
Une histoire d’amour entre Dieu et sa création, un message d’espérance pour notre humanité.
Et justement, pour cette humanité, Dieu rêve d’un banquet
universel, un festin royal ... une grande fête où Il rassemble ses
invités ... Dieu invite, et avec insistance, il ne se décourage
pas, mais ! Comble de malheur ... que font les conviés ... « ils
n'en tiennent aucun compte, ils s'en allèrent, l'un à son champ,
l'autre à son commerce » nous dit l’évangile ...
Et là, frères et sœurs, il n’est pas faux de dire qu’il s’agit de
chacun d’entre nous. Car c’est à vous et à moi que Dieu a envoyé une
carte d’entrée. Avons-nous conscience d’être attendu ? Avons-nous
conscience qu’il y a une place pour chacun d’entre nous à la table du
Seigneur ?
Il faudrait vraiment que l’on prenne le temps de nous interroger sur
les appels que Dieu ne cesse de nous adresser et que nous ratons
consciemment !
Les « noces sanglantes », frères et sœurs, sont le symbole du refus de
Dieu. La description de l’inconscience des invités aux « noces du fils
», est d’une brûlante actualité ... Jésus décrit précisément l’état de
notre monde ... Il y a les indifférents ou mieux encore, les
pseudo-occupés par leur quotidien bien terrestre, pris par la société
de consommation et le matérialisme ambiant et ceux qui refusent
sciemment l’invitation jusqu’à revêtir le mal et la violence ...
Et pourtant ... Dieu ne se lasse pas de nous inviter. Sa générosité
dépasse tout ce que nous pouvons imaginer, il donne en abondance. Dieu
est toujours là pour nous remettre en route vers le festin du Royaume
des cieux.
C’est dans cette perspective que le prophète Isaïe s’adresse à ses
contemporains. Il annonce que le mal et la violence n’auront pas le
dernier mot. Il laisse entrevoir le jugement de Dieu qui interviendra
dans les derniers combats.
Le Seigneur, Dieu de l'univers, dit-il, préparera pour tous les
peuples, un festin ... Il enlèvera le voile de deuil ... Il détruira la
mort pour toujours ... Il essuiera les larmes sur tous les visages, ...
il effacera l'humiliation de son peuple ; c'est lui qui l'a promis.
Frères et sœurs, quelle joie ... quelle joie devant cette prophétie ! Devant ce message d’espérance !
C’est aussi de cette espérance que témoigne Paul alors qu’il est en
prison. Il nous apprend que la richesse de Dieu ne peut être
communiquée au monde qu’à travers le dépouillement personnel. C’est ce
chemin que le Christ a suivi. Et c’est là qu’il nous appelle tous à le
suivre. C’est à ce prix que nous entrerons dans la Vie Eternelle.
Et voilà donc que sont « invités » à la table du seigneur ceux que l’on
n’attendait pas ... les premiers invités vont laisser la place aux
loqueteux, aux exclus, aux ramassis de toutes sortes. Saint Luc dans sa
parabole similaire, précise bien cela : « ce sont les pauvres, les
estropiés, les aveugles et les boiteux » qui prennent la place des
premiers invités. Matthieu dans un autre passage nous l’a déjà dit : «
les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de
Dieu ».
Frères et sœurs, Dieu invite tous les hommes, pêle-mêle, sans aucune
discrimination. Comme ça, au moins, chose dite, nous sommes moins
tentés par l’élitisme ... la maison du Seigneur l’Eglise corps du
Christ, n’est pas une église d’élites, de purs, de militants à la foi
parfaite ... elle est faite de pauvres en esprit, de doux et d’humbles,
d’affligés, d’assoiffés, d’affamés, de pauvres de cœurs, d’artisans de
paix ... de persécutés ...
Ainsi ... la salle des noces est remplie et l’invitation du Seigneur
généreuse. Elle est ouverte à tous, mais pour cela, il nous faut la
mériter, vous en conviendrez !
La bonté de Dieu qui invite tous les hommes, mauvais et bons, n’est
donc pas un laisser-aller naïf. Le salut, frères et sœurs, n’est jamais
automatique ! Il faut « correspondre » à l’invitation de Dieu en se
transformant ... il faut revêtir l’homme nouveau !
La condition exigée, c’est « le vêtement de noces ». Nous comprenons
bien sûr qu’il ne s’agit pas d’une manière de s’habiller. L’important,
c’est la conversion du cœur, c’est d’accepter les exigences de
l’évangile. Saint Paul nous le dit à sa manière : « Revêtez le Seigneur
Jésus Christ. »
Frères et sœurs, il ne suffit pas de rentrer dans la salle des noces
... si nous nous montrons indigne du banquet royal, nous nous éloignons
de Dieu et nous serons rejetés ... comme il est sérieux cet
avertissement ... il remet en cause notre sécurité trop facile ... et
chaque croyant est renvoyé à sa propre responsabilité !
Lorsque nous sommes invités à venir communier, nous entendons : «
Heureux les invités au repas du Seigneur » ... et nous répondons : «
Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit une seule
parole et je serais guéris. »
Ainsi, l’homme qui ne portait pas de vêtement de fête s’est vu rejeté,
non à cause de sa conduite passée mais en raison de son silence («
l’autre garda le silence » ... nous dit l’évangile) interprété comme un
refus de dialogue. Il lui aurait suffi de dire : « C’est vrai Seigneur,
je n’ai pas ce vêtement, mais je compte sur toi pour me le remettre. »
Frères et sœurs, n’oublions jamais que le Seigneur est toujours là pour
nous remettre en route vers le festin du Royaume des cieux. Et c’est
grâce à lui que nous pourrons participer à la communion divine dans la
joie et le bonheur.
Amen.
Patrick CHAHLA, diacre permanent
12 octobre 2014
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