28° dimanche ordinaire.
Homélie du 28e dimanche ordinaire - Année A – 12 octobre 2008
Vous
l’avez sûrement remarqué, cette parabole fait suite aux deux paraboles
que nous avons entendues les dimanches précédents. Dans un contexte
particulièrement difficile et hostile, Jésus reproche aux grands
prêtres et aux pharisiens de ne pas faire la volonté de Dieu
(c’est l’histoire du Père et des deux fils), de se considérer comme
propriétaires de la vigne (c’est l’histoire des vignerons
homicides) ; enfin, et c’est le sens de la parabole d’aujourd’hui,
de refuser l’invitation qui leur a été maintes fois renouvelée d’
entrer dans le « Royaume ». Jésus leur dit en
substance : « Le Royaume des cieux, c’est comme un festin de
noces. Vous avez été invités les premiers. Or, qu’est-ce que vous avez
fait ? Vous avez trouvé toutes sortes de bons prétextes pour ne
pas entrer dans le Royaume. Les prophètes sont venus vous rappeler
l’invitation et vous l’avez refusée. Et voici que, maintenant, moi
aussi, je viens vous rappeler une dernière fois l’invitation pressante,
et vous allez me mettre à mort. Eh bien, qu’est-ce qui va se
passer ? Vous allez disparaître et l’invitation va s’adresser, non
plus à quelques uns, non plus au peuple élu, à une race, à une
religion, elle va s’adresser vraiment à tous les hommes. »
Cette
parabole s’adresse à nous aujourd’hui. Elle veut nous dire des choses
importantes sur Dieu, sur ce que Jésus appelle « le Royaume »
et enfin sur nous aujourd’hui qui nous disons ses disciples.
Sur Dieu d’abord.
Dans
cette parabole, comme dans beaucoup d’autres, Jésus nous dit que Dieu
qui est son Père et notre Père, veut notre bonheur. Ce bonheur est
comparé à un repas de noces, un festin.
C’est d’ailleurs, vous
l’aurez remarqué, le message que nous livre aujourd’hui le prophète
Isaïe : « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’Univers,
préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, une fête de viandes
grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de
vins décantés… il essuiera les larmes sur tous les visages. »
Le
message est clair : Dieu nous invite à la fête, à son bonheur. Non
seulement il nous invite, nous, mais il invite également tous les
hommes.
Il nous faut donc rejeter les fausses idées que l’on se
fait encore sur Dieu. Beaucoup pensent encore que Dieu est à l’origine
de tout ce qui leur arrive de mal. On le perçoit dans des réflexions du
genre : « Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour que
ça m’arrive ? » ou encore : « Le Bon Dieu t’a
puni ! »
Non, Dieu ne veut pas notre malheur, il veut notre bonheur.
Sur le « Royaume ».
Et
que nous dit Jésus sur le Royaume ? « le Royaume des
cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son
fils ». Nous avons tous participé un jour ou l’autre à des noces.
Nous le savons bien, ce qui compte, à un repas de noces, plus que la
qualité et l’abondance des plats servis- même si cela n’est pas
négligeable - c’est l’ambiance, c’est le climat de fête, de joie,
de convivialité qui règne entre les invités, c’est l’amitié,
l’affection qui rassemble les participants autour des jeunes époux.
Nous
aspirons tous à plus de qualité dans notre relation aux autres. Nous
désirons tous entrer dans le domaine du partage, de la joie, de la
paix. Eh bien, c’est cela, nous dit Jésus, le Royaume. Tout le monde
est invité à y entrer.
Nous constatons bien tous les jours que le
Royaume n’est pas encore réalisé. Bien des fois nous nous disons :
si nous savions mieux nous aimer, mieux nous comprendre en famille,
dans notre quartier, au travail, dans notre pays, dans le monde, mais
alors, ce serait merveilleux : il n’y aurait plus de guerre, nous
n’aurions plus peur les uns des autres. Le partage des ressources
naturelles serait spontané, il n’y aurait plus de gens qui meurent de
faim, de solitude. Ce serait le règne de l’amour, du bonheur.
C’est
à cela que Dieu nous invite, à une fête de joie sans fin. Et dire que
quelquefois on se demande si on ne va pas s’ennuyer au ciel !
Sur nous-mêmes
Cette
parabole nous dit quelque chose sur Dieu, sur le Royaume, et aussi sur
nous-mêmes. Elle nous invite à nous interroger et à nous demander qui
nous sommes. Si à certains jours nous répondons avec enthousiasme à
l’invitation qui nous est faite, à d’autres, nous sommes peut-être de
ceux qui refusent l’invitation au Royaume. Nous n’osons pas croire que
Dieu propose vraiment la joie et la liberté. Nous sommes méfiants. Nous
avons souvent de bons prétextes : « Je voudrais bien, mais il
y a ma situation, mes responsabilités, mon foyer ; je n’ai pas le
temps. » On s’accroche à ce qu’on possède. Dieu ne nous invite pas
à nous libérer de nos tâches, mais à changer d’optique. Ainsi, pour le
même travail, l’un peut être motivé par l’amour, l’autre par l‘égoïsme.
Le premier mange déjà à la table de Dieu, alors que pour le second,
tout est insipide et insignifiant. Notre vie devient fête lorsqu’elle
est vécue autrement.
En ne faisant pas à Dieu sa place, qui est la
première, en se sachant pas voir qu’une hiérarchie des valeurs s’impose
et que l’appel intérieur de Dieu est sans commune mesure avec le reste,
on peut, en toute bonne conscience, s’exclure du Royaume.
A
d’autres moments, nous sommes peut-être de ceux qui n’ont pas « le
vêtement de noce » ». On veut bien venir au repas mais
uniquement pour en profiter, sans y apporter notre part de bonne
humeur, de joie communicative. L’invitation qui nous est adressée avec
empressement est gratuite, certes, mais si nous acceptons de
participer, nous devons accepter les exigences de cette participation.
Cela veut dire qu’il nous faut recevoir ce don de Dieu dans la foi. Il
faut que nous soyons heureux d’accueillir ce Dieu qui nous aime. Il
nous faut habiller notre cœur de cet amour même de Dieu. Cet habit de
fête nous fait penser à celui du fils prodigue quand il est revenu vers
son Père. Pour cet homme, il aurait suffi qu’il soit dans l’attitude de
ce fils. Il aurait suffi qu’il se laisse lui-même revêtir de ce
vêtement nuptial. Ce qui lui est reproché ce n’est pas d’abord
l’absence de ce vêtement, mais de garder le silence. Et ce silence est
interprété comme une attitude d’orgueil. C’est l’attitude de celui qui
reste fermé à cet amour qui lui était proposé.
L’Eucharistie
que nous célébrons est le signe, l’image de ce Royaume. On le dit
chaque dimanche : Le Rassemblement, le Partage sont signes du
Royaume à venir. Alors, comment y participons-nous ? Est-ce que
nous venons à la corvée dominicale ou à la rencontre fraternelle ?
Est-ce que nous restons dans notre coin, est-ce que nous chantons avec
les frères ? Est-ce que nous affichons un visage triste ou est-ce
que nous avons le sourire ?
Tout à l’ heure, quand le prêtre
dira : « Heureux les invités au repas du Seigneur »,
chacun de nous pourra dire en toute vérité : « Seigneur, je
ne suis pas digne de te recevoir, mais tu es assez puissant pour
m’aider à changer dans ma vie ce qui doit l’être. Dis seulement une
parole et je serai guéri ! »
Et, puisque s’ouvre
aujourd’hui, dans l’Eglise, la Semaine Missionnaire Mondiale, soyons
porteurs de cette bonne nouvelle que Dieu nous aime et qu’il nous veut
tous unis dans son amour miséricordieux.
André ROUL, diacre permanent.
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