27° dimanche ordinaire.
A votre avis, quel est le mot qui revient le plus
dans les lectures et le psaume que nous venons d’entendre ? La vigne,
bien entendu.
Et si je vous demandais un résumé
rapide de ces textes... ? Dieu a planté une vigne, il l’a cultivé avec
amour les vignerons/ prêtres l’ont accaparée pour leur propre profit et
ont chassé ou tué le propriétaire/ Dieu de sa propre vigne. Vous êtes
d’accord ?
Pourtant dans la lecture d’Isaïe,
Dieu reproche au peuple d’Israël (la vigne) de ne pas avoir porté le
fruit attendu, c’est à dire le droit, et la justice. Dieu adresse donc
également des reproches à la vigne.
Et dans la suite du texte, Isaïe a des mots très durs pour ceux qui en
sont responsables : le mauvais raisin c’est « l’iniquité et les cris de
détresses » .C’est la recherche égoïste de l’argent et de la propriété
ainsi que l’insouciance des riches devant le malheur des pauvres.
Alors avec Jésus qui est insistant je vous redis : « Écoutez cette parabole »
Isaïe et Jésus nous parle de la vigne image du peuple de Dieu.
Dieu qui la cultive, la protège
des bêtes sauvages et avec patience l’enrichit pour lui voir porter du
fruit au moment des vendanges. Tous ceux qui connaissent un peu la
vigne savent que c’est un travail de plusieurs années, de toute une vie
pour les plus belles parcelles. Avez-vous bien regardé les vignes qui
nous entourent ?
La vigne est d’abord un arbre,
c’est à dire une plante qui vit longtemps et qui ne porte pas de fruit
tout de suite comme un plant de tomates par exemple. La vigne a besoin
de temps et de l’attention du vigneron. La vigne est cultivée d’une
manière particulière, qui diffère d’ailleurs un peu selon les régions :
les pieds sont bien alignés, organisés, et l’on pourrait dire même que
les pieds de vigne s’appuient les uns sur les autres comme des amis qui
se tiennent par les épaules. D’ailleurs lorsqu’un pied de vigne est
isolé dans son rang car les pieds voisins ont été arrachés, il se tient
moins bien. Peut être donne t il encore du fruit mais il n’a pas si
bonne figure.
Je ne suis pas viticulteur et ma
science dans ce domaine est bien pauvre, mais si j’insiste c’est que
Jésus insiste pour nous comparer à la vigne : cela mérite donc toute
notre attention.
Qu’attend-on de la vigne ? Qu’elle donne de beaux raisins pour le pressoir ou pour la table.
Dans le texte d’Isaïe ou dans le psaume, Dieu est tellement déçu qu’il
laisse la vigne en friche et elle redevient sauvage et stérile.
Ce langage était très clair pour les contemporains de Jésus, mais en 2014 est ce que cela nous parle ?
Pour ma part j’y vois deux images :
- La vigne est cultivée.
- La vigne porte du fruit.
La vigne est cultivée.
C’est à dire qu’elle est entretenue,
taillée, façonnée pendant longtemps pour donner du bon raisin. Pas de
taille, pas de grappe. Il faut accepter d’être mis en forme par le
vigneron pour porter du fruit. Accepter de se convertir, c’est à dire
de changer de point de vue, de prendre celui de Dieu, et si l’on
demandait à un cep de parler il nous dirait que ce n’est pas facile de
laisser quelque chose de soi, d’abandonner ce qui nous appartient, même
si c’est pour porter une belle grappe.
Un cep laissé seul et à l’abandon
disparait très vite sous les herbes et les buissons avant de mourir.
Lors d’une randonnée regardez les vignes abandonnées, vous le verrez et
c’est triste. Et puis cette conversion se fait à coté d’autres pied de
vignes, en communauté, pour s’appuyer les uns sur les autres, pour
partager et s’enrichir, pour montrer le visage d’une communauté joyeuse
et missionnaire.
Pour ceux qui ont eu la chance de
lire « la joie de l’Evangile » de notre Pape François, cette
taille, cette conversion, ce retournement du cœur vers les choses
simples, belles et fortifiantes de l’Evangile , c’est à dire se tourner
les uns vers les autres, n’oublier personne sur le bord de la route, ni
enfants, ni personnes âgées, ni chômeurs, tout cela apporte la joie. Je
ne développe pas plus mais essayez d’y repenser en vous promenant dans
les coteaux parmi les vignes. Demain (aujourd’hui) s’ouvre le synode
sur la famille : Comment est ce que je l’attends ? Est ce que j’espère
une révolution ou bien est ce que je suis prêt à écouter et recevoir le
message du Magister même si cela est exigeant ?
Et puis, La vigne porte du fruit.
Le pied de vigne ne produit pas
des belles grappes pour le plaisir des yeux : imaginez un cep qui
dirait : voyez mes belles feuilles, voyez mes beaux grains : c’est moi
le plus beau !
Le raisin mûrit pour être vendangé, pour donner de la joie ailleurs.
Regardez ma réussite
professionnelle, regardez ma belle propriété, ma belle voiture : c’est
moi le plus beau, le plus grand, tout seul ! Vous voyez de quoi je veux
parler.
Cette semaine se tiennent à Paris
et Lyon les entretiens de Valpré où l’on voit des chefs d’entreprises
se confronter avec la doctrine sociale de l’Eglise : cette année le
thème est : « La morale dans les affaires est ce possible ? » On posait
à son président Ghislain Lafont cette question : En 2013, les patrons
du Cac 40 ont reçu une rémunération moyenne de 2,25 millions d’euros.
Peut-on encore parler de moralité ? Sa réponse :
Non seulement on peut, mais on
doit le faire. Aujourd’hui, il est de bon ton de penser que ceux qui
respectent des principes moraux sont, au fond, un peu benêts. Que ces
gens-la n‘ont pas compris. Que le monde va tellement vite que personne
ne peut réussir avec moralité.
Ce discours-la a bon dos. La morale est du ressort de chacun de nous.
Comme chrétien, notre devoir est de montrer qu'on peut mettre son sens
moral au service de 1‘intérêt général de notre entreprise et, au-delà,
au service du bien commun de notre pays.
Voilà un beau fruit : là où je
suis, enfant, étudiant ou enseignant, employeur ou employé, actif ou
retraité, comment je porte du fruit là, autour de moi ? Suis-je un
témoin ? Suis-je un prophète ? Suis-je un martyr ? Suis-je missionnaire
?
Chacun d’entre nous est un pied de cette vigne et la question est posée à chacun :
Est ce que ton raisin est sucré
et réjouissant ? Acceptes-tu de le partager ? Ce raisin qui deviendra
Sang du Christ tout à l’heure sur l’Autel.
Philippe ARRIVE, diacre permanent.
4 et 5 octobre 2011
La Haye-Fouassière - Vertou
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