Voilà trois dimanches que
l’évangile nous parle de vigne et de vendanges dans un domaine qui
appartient à
Dieu. Ce domaine, c’est un royaume que Dieu construit pour le monde et
dans
lequel il nous appelle à vivre. Et la parabole de Jésus que nous venons
d’entendre est un raccourci saisissant de l’histoire de monde dans son
conflit
avec le salut proposé à l’humanité. Elle éclaire le projet de Dieu,
elle
décrit la réponse de l’homme. Elle révèle la miséricorde et
l’amour
de Dieu qui cherche le salut de tous.
La parabole éclaire
d’abord le projet de Dieu.
Le domaine viticole, dépeint dans
le texte d’Isaïe et dans l’évangile, montre l’attention et la passion
sans
mesure de son créateur. Celui-ci ne ménage ni ses forces, ni son temps,
ni ses
moyens pour aménager un vignoble idéal. Il choisit un côteau fertile. Il
retourne la terre. Il retire les pierres. Il construit une tour de garde
et
creuse un pressoir. Pour protéger sa vigne de tout danger, il l’entoure
d’une
solide clôture.
Pourtant tout cela ne lui suffit
pas. Avant de s’absenter, il fait appel à des vignerons, des
spécialistes, auxquels
il loue son vignoble. Toutes les conditions sont donc réunies pour que
la vigne
prospère et produise de beaux fruits. Au temps des vendanges, il envoie
des
serviteurs pour se faire livrer le produit de sa vigne.
Si
l’on
considère que ce domaine est l’environnement dans lequel Dieu nous a
placés,
nous pouvons le louer pour les merveilles qu’il met à notre disposition.
Nous
pouvons admirer chaque jour la beauté de la nature et les richesses
minérales,
végétales et animales qu’elle contient. La parabole nous dit aussi que
le propriétaire
nous confie son domaine. Il nous appelle à en prendre soin, à le gérer
dans
l’intérêt de tous … dans un esprit de fraternité, de paix et de justice…
Tels
sont sans doute les fruits qu’il attend des locataires de sa maison
largement
ouverte à l’humanité. Le pape François nous le rappelle dans ses
encycliques
« Laudato si » de mai 2015 et « Laudate dominum »
publiée
cette semaine. (le 4 octobre 2023)
La réponse de l’homme.
Cette réponse ne répond pas à
l’espérance de Dieu. En constatant l’échec apparent de son projet pour
l’humanité, Dieu est déçu et triste. D’après Isaïe… de la maison
d’Israël et des
hommes de Juda Dieu attendait le droit et la justice. Il n’obtient que
des
crimes et des cris. D’après la parabole… de ses vignerons, le maître du
domaine
espérait une récolte abondante. Il ne récolte que violence, assassinats
et même
le meurtre de son fils bien-aimé. Dans la plupart de ces situations, la
responsabilité de l’homme est engagée. L’homme a trahi la confiance que
Dieu
lui a faite et il en redoute maintenant la vengeance.
A la question de Jésus : « Quand
le maître de la vigne viendra, que
fera-t-il à ces vignerons ? » La réponse n’est
pas celle
de Dieu. Elle vient de ceux qui écoutent. Elle exprime leur jugement et
leur
crainte : « Ces misérables, il les fera périr
misérablement. »
Si
nous observons aujourd’hui l’état de notre monde et de ses habitants,
nous voyons
les dégâts considérables causés à notre environnement. Nous pouvons
constater l’épuisement
des ressources naturelles au profit de quelques-uns. Pour survivre, des
populations sont amenées à se réfugier dans des pays qui ne veulent pas
toujours les accueillir ou le font à contre-cœur. La violence se
déchaîne
partout, au sein des familles, dans nos sociétés, entre les peuples et
les
nations. Tout cela engendre la guerre, la souffrance et la mort.
Beaucoup de
nos contemporains perdent espoir.
La miséricorde et l’amour
de Dieu
Pourtant, même dans ce contexte,
Dieu ne reste pas sourd à l’angoisse et à la détresse de l’humanité. Il
entend
le cri de l’appel au secours lancé par le psalmiste : « Dieu
de
l’univers, reviens ! Visite cette vigne, protège-la. Jamais plus
nous
n’irons loin de toi. Fais-nous vivre. Que ton visage s’éclaire et nous
serons
sauvés. »
Avec les mots de l’apôtre Paul, il
se fait rassurant : « Frères, ne soyez inquiets de
rien.
Mais, en toutes circonstances, priez et suppliez, tout en rendant
grâce, pour
faire entendre à Dieu vos demandes. »
La
parabole
elle-même, éclaire au passage un visage surprenant de Dieu. Devant la
violence des vignerons meurtriers, le maître aurait pu envoyer des
troupes
armées pour obliger les vignerons à se soumettre. Il en a la puissance.
Non ! Il envoie son fils !
C’est
incompréhensible et inefficace à vue
humaine. Il se sert du moyen le plus risqué pour essayer de changer le
cœur des
vignerons, plutôt que de les contraindre. Est-ce de la faiblesse ? Non,
c’est la
toute-puissance de son amour. Mis à mort par les vignerons homicides,
son Fils,
par sa vie donnée et son sang versé, sera notre salut. Dieu neutralise
le mal
et le retourne en bien.
Pour conclure sa parabole, Jésus
emprunte une autre image au prophète Isaïe : « La pierre
qu’ont
rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. C’est là l’œuvre
du
Seigneur, la merveille devant nos yeux. » Il annonce ainsi de
manière
encore voilée et incompréhensible que sa mort à venir ne signera pas la
fin du
projet de Dieu. Pour davantage de clarté, il ajoute : « Le
royaume
de Dieu sera donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »
Cette autre nation, c’est
peut-être nous. Dieu nous appelle à travailler à sa vigne. Souvenez-vous
du
petit signet qui vous a été distribué il y a quinze jours, à la messe de
rentrée paroissiale. Quel est le fruit qu’il nous demande de cultiver
dans son
domaine ? Du raisin pour faire du vin. Or le vin, dans la Bible, c’est
le
symbole de la joie et de la fête. Dans l’eucharistie que nous célébrons,
le vin
c’est le sang que Jésus a versé pour nous. Voilà donc ce qu’il attend de
nous :
que nous produisions dans ce monde des pleines grappes de joie et de
bien-vivre.
Pour nous, bien sûr, mais aussi pour en porter largement autour de nous
à
celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Hubert PLOQUIN, diacre permanent.
St
Philippe et St Jacques de Sautron
- St Léger d’Orvault – Ste Bernadette d’Orvault
Le 8 octobre 2023