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27° dimanche du Temps Ordinaire.


        Isaïe (5, 1-7) ;  Ps 79 ; Ph 4, 6-9 ; Mt 21, 33-43

 

Voilà trois dimanches que l’évangile nous parle de vigne et de vendanges dans un domaine qui appartient à Dieu. Ce domaine, c’est un royaume que Dieu construit pour le monde et dans lequel il nous appelle à vivre. Et la parabole de Jésus que nous venons d’entendre est un raccourci saisissant de l’histoire de monde dans son conflit avec le salut proposé à l’humanité. Elle éclaire le projet de Dieu, elle décrit la réponse de l’homme. Elle révèle la miséricorde et l’amour de Dieu qui cherche le salut de tous.

 

La parabole éclaire d’abord le projet de Dieu.

Le domaine viticole, dépeint dans le texte d’Isaïe et dans l’évangile, montre l’attention et la passion sans mesure de son créateur. Celui-ci ne ménage ni ses forces, ni son temps, ni ses moyens pour aménager un vignoble idéal. Il choisit un côteau fertile. Il retourne la terre. Il retire les pierres. Il construit une tour de garde et creuse un pressoir. Pour protéger sa vigne de tout danger, il l’entoure d’une solide clôture.

Pourtant tout cela ne lui suffit pas. Avant de s’absenter, il fait appel à des vignerons, des spécialistes, auxquels il loue son vignoble. Toutes les conditions sont donc réunies pour que la vigne prospère et produise de beaux fruits. Au temps des vendanges, il envoie des serviteurs pour se faire livrer le produit de sa vigne.

Si l’on considère que ce domaine est l’environnement dans lequel Dieu nous a placés, nous pouvons le louer pour les merveilles qu’il met à notre disposition. Nous pouvons admirer chaque jour la beauté de la nature et les richesses minérales, végétales et animales qu’elle contient. La parabole nous dit aussi que le propriétaire nous confie son domaine. Il nous appelle à en prendre soin, à le gérer dans l’intérêt de tous … dans un esprit de fraternité, de paix et de justice… Tels sont sans doute les fruits qu’il attend des locataires de sa maison largement ouverte à l’humanité. Le pape François nous le rappelle dans ses encycliques « Laudato si » de mai 2015 et « Laudate dominum » publiée cette semaine. (le 4 octobre 2023)

 

La réponse de l’homme.

Cette réponse ne répond pas à l’espérance de Dieu. En constatant l’échec apparent de son projet pour l’humanité, Dieu est déçu et triste. D’après Isaïe… de la maison d’Israël et des hommes de Juda Dieu attendait le droit et la justice. Il n’obtient que des crimes et des cris. D’après la parabole… de ses vignerons, le maître du domaine espérait une récolte abondante. Il ne récolte que violence, assassinats et même le meurtre de son fils bien-aimé. Dans la plupart de ces situations, la responsabilité de l’homme est engagée. L’homme a trahi la confiance que Dieu lui a faite et il en redoute maintenant la vengeance.  A la question de Jésus : « Quand le maître de la vigne viendra, que  fera-t-il à ces vignerons ? » La réponse n’est pas celle de Dieu. Elle vient de ceux qui écoutent. Elle exprime leur jugement et leur crainte : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. »

         Si nous observons aujourd’hui l’état de notre monde et de ses habitants, nous voyons les dégâts considérables causés à notre environnement. Nous pouvons constater l’épuisement des ressources naturelles au profit de quelques-uns. Pour survivre, des populations sont amenées à se réfugier dans des pays qui ne veulent pas toujours les accueillir ou le font à contre-cœur. La violence se déchaîne partout, au sein des familles, dans nos sociétés, entre les peuples et les nations. Tout cela engendre la guerre, la souffrance et la mort. Beaucoup de nos contemporains perdent espoir.

 

La miséricorde et l’amour de Dieu

Pourtant, même dans ce contexte, Dieu ne reste pas sourd à l’angoisse et à la détresse de l’humanité. Il entend le cri de l’appel au secours lancé par le psalmiste : « Dieu de l’univers, reviens ! Visite cette vigne, protège-la. Jamais plus nous n’irons loin de toi. Fais-nous vivre. Que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés. »

Avec les mots de l’apôtre Paul, il se fait rassurant : « Frères, ne soyez inquiets de rien. Mais, en toutes circonstances, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire entendre à Dieu vos demandes. »

La parabole elle-même, éclaire au passage un visage surprenant de Dieu. Devant la violence des vignerons meurtriers, le maître aurait pu envoyer des troupes armées pour obliger les vignerons à se soumettre. Il en a la puissance. Non ! Il envoie son fils !   C’est incompréhensible et inefficace à vue humaine. Il se sert du moyen le plus risqué pour essayer de changer le cœur des vignerons, plutôt que de les contraindre. Est-ce de la faiblesse ? Non, c’est la toute-puissance de son amour. Mis à mort par les vignerons homicides, son Fils, par sa vie donnée et son sang versé, sera notre salut. Dieu neutralise le mal et le retourne en bien.

Pour conclure sa parabole, Jésus emprunte une autre image au prophète Isaïe : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. » Il annonce ainsi de manière encore voilée et incompréhensible que sa mort à venir ne signera pas la fin du projet de Dieu. Pour davantage de clarté, il ajoute : « Le royaume de Dieu sera donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »

 

Cette autre nation, c’est peut-être nous. Dieu nous appelle à travailler à sa vigne. Souvenez-vous du petit signet qui vous a été distribué il y a quinze jours, à la messe de rentrée paroissiale. Quel est le fruit qu’il nous demande de cultiver dans son domaine ? Du raisin pour faire du vin. Or le vin, dans la Bible, c’est le symbole de la joie et de la fête. Dans l’eucharistie que nous célébrons, le vin c’est le sang que Jésus a versé pour nous. Voilà donc ce qu’il attend de nous : que nous produisions dans ce monde des pleines grappes de joie et de bien-vivre. Pour nous, bien sûr, mais aussi pour en porter largement autour de nous à celles et ceux qui en ont le plus besoin.

 

Hubert PLOQUIN, diacre permanent.

St Philippe et St Jacques de Sautron - St Léger d’Orvault – Ste Bernadette d’Orvault

Le 8 octobre 2023


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