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26° dimanche du Temps Ordinaire.


Les paraboles de Jésus sont parfois étonnantes et souvent incisives. Aujourd'hui, avec ce Père et ses 2 fils, Jésus nous parle de notre inconstance, de notre faiblesse humaine face au dessein de Dieu qui ne veut qu'une chose : que tous ses enfants, toutes les femmes, tous les hommes soient unis et infiniment heureux avec Lui.

La parabole intemporelle de ces deux frères peut nous toucher plus particulièrement. Comment ne pas se sentir concerné par ces deux personnes qui révèlent l'ambivalence de l’humain ? Qui de nous n'a pas, à l'occasion d’une journée particulière : jour de l'an, rentrée scolaire ou professionnelle, anniversaire... pris des décisions qui n’ont pas toujours de suite dans le temps : dès demain je m'arrête de fumer, je me mets au sport, à partir de demain moins de temps au boulot et plus de temps avec mes enfants, ne plus juger mon collègue, faire du bénévolat dans une association, rendre service sur ma paroisse, je vais à la messe tous les dimanches... qui avec le temps, s'étiolent entrainant tristesse et frustration. Mais, rendons grâce, parfois c'est tout l'inverse, toujours à notre grand étonnement, rendre des services, convertir sa vie, s'engager vraiment, sans avoir rien calculé, rien prévu avec la joie qui accompagne ces engagements.

En regardant honnêtement ces « merveilles » ou ces « loupés », ça révèle deux points incontournables dans notre vie sociale, mais surtout pour notre vie chrétienne qui ne peut être vraie que si notre vie sociale est vécue pleinement et en vérité. Tout d'abord l’humilité : nous ne sommes pas tout-puissants, et certains engagements, certaines promesses, dépassent nos seules forces et notre volonté vacillante, nos capacités, nos limites et nous avons du mal à reconnaître nos fragilités. Parfois même, une pointe d'orgueil nous prive de l'aide d'autrui, de sa relecture, de son conseil. Ce qui nous amène au second point : la fraternité.

Faire la volonté du Père commence par un chemin vers Lui qui ne peut pas se faire seul. Rarement tout droit, ce chemin est , néanmoins, pavé de nos gestes de fraternité, par notre vie fraternelle. Là où, ensemble, avec l'aide de l'autre ou … en aidant l'autre, en voyant en l’autre un secours ou … une personne à aider, nous révélions notre vraie nature, notre dignité commune d'enfants d'un Dieu qui est Père et qui nous aime. Réciprocité et compagnonnage sur ce chemin de foi, de vie et d’humanité : « Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres » écrit Paul aux Philippiens. Appelés à vivre ensemble fraternellement sur cette terre, à y vivre dans le respect de la création tout entière qui nous est confiée, en partageant l'amour fraternel pour que chaque personne, femme et homme, enfant et adulte, personne avec handicap et génie, sache que notre famille catholique, c'est-à-dire universelle !, est là pour l’entraide et pour découvrir, ensemble, que le Salut est déjà là.

Faire la volonté du Père, comme nous y invite Jésus, n'est pas, et vous le savez bien, vivre seul dans son coin en respectant scrupuleusement des règles et des dogmes, à l'image des pharisiens, sans vouloir en comprendre le sens profond. Sens que nous dévoile régulièrement Jésus, aujourd’hui encore. Des règles de vie données par un Père qui ne nous veut pas soumis, forcés ou contraints mais libres et heureux pour que notre OUI soit un « OUI ! » choisi et assumé et notre Non, soit un « NON » ferme et réfléchi. L’un comme l’autre nourris par notre Foi en Christ, éclairés par la prière et dans la confiance à l’Esprit Saint, vous savez, cet Esprit de discernement qui nous est donné.

La volonté du Père : voir ses enfants unis et heureux de travailler à sa vigne ! Travailler à la vigne ce n'est pas la vendanger, ça c’est le rôle du vigneron ! Et ce n’est peut-être pas encore le moment. Mais nous sommes tous, oui tous, les ouvriers nécessaires, indispensables, à son développement par de petites actions ou de grandes tâches accomplies avec et pour les autres, avec respect et dignité, pour que les grains grossissent, mûrissent et se gorgent de sucre. Arracher les herbes, couper quelques feuilles pour limiter l'ombrage sur la grappe est tout aussi important que de labourer ou de tailler. Nous sommes tous appelés à la vigne avec nos capacités et notre volonté, avec nos limites et nos fragilités… mais aussi la force de notre foi et la force du Christ reçue à notre baptême. Foi et confiance en notre Dieu, notre Père, et en son Christ qui est là, en frère, avec nous, nous partageant encore son corps aujourd’hui et offrant sans cesse son Esprit pour qu'ensemble, oui ensemble, nous gouttions aux joies des vendanges et au vin du festin du Royaume.

Patrick DOUEZ, diacre permanent

1er octobre 2023



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