Les
paraboles
de Jésus sont parfois étonnantes et souvent incisives. Aujourd'hui,
avec ce Père et ses 2 fils, Jésus nous parle de notre inconstance, de
notre
faiblesse humaine face au dessein de Dieu qui ne veut qu'une
chose : que
tous ses enfants, toutes les femmes, tous les hommes soient unis et
infiniment
heureux avec Lui.
La
parabole
intemporelle de ces deux frères peut nous toucher plus
particulièrement. Comment ne pas se sentir concerné par ces deux
personnes qui
révèlent l'ambivalence de l’humain ? Qui de nous n'a pas, à l'occasion
d’une
journée particulière : jour de l'an, rentrée scolaire ou
professionnelle,
anniversaire... pris des décisions qui n’ont pas toujours de suite dans
le
temps : dès demain je m'arrête de fumer, je me mets au sport, à
partir de
demain moins de temps au boulot et plus de temps avec mes enfants, ne
plus
juger mon collègue, faire du bénévolat dans une association, rendre
service sur
ma paroisse, je vais à la messe tous les dimanches... qui avec le temps,
s'étiolent
entrainant tristesse et frustration. Mais, rendons grâce, parfois c'est
tout l'inverse,
toujours à notre grand étonnement, rendre des services, convertir sa
vie,
s'engager vraiment, sans avoir rien calculé, rien prévu avec la joie qui
accompagne ces engagements.
En
regardant
honnêtement ces « merveilles » ou ces « loupés »,
ça révèle deux points incontournables dans notre vie sociale, mais
surtout pour
notre vie chrétienne qui ne peut être vraie que si notre vie sociale est
vécue
pleinement et en vérité. Tout d'abord l’humilité : nous ne sommes pas
tout-puissants,
et certains engagements, certaines promesses, dépassent nos seules
forces et
notre volonté vacillante, nos capacités, nos limites et nous avons du
mal à
reconnaître nos fragilités. Parfois même, une pointe d'orgueil nous
prive de l'aide
d'autrui, de sa relecture, de son conseil. Ce qui nous amène au second
point : la fraternité.
Faire
la
volonté du Père commence par un chemin vers Lui qui ne peut pas se faire
seul. Rarement tout droit, ce chemin est , néanmoins, pavé de nos gestes
de
fraternité, par notre vie fraternelle. Là où, ensemble, avec l'aide de
l'autre ou
… en aidant l'autre, en voyant en l’autre un secours ou … une personne à
aider,
nous révélions notre vraie nature, notre dignité commune d'enfants d'un
Dieu
qui est Père et qui nous aime. Réciprocité et compagnonnage sur ce
chemin de
foi, de vie et d’humanité : « Que chacun de vous ne
soit pas
préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des
autres »
écrit Paul aux Philippiens. Appelés à vivre ensemble fraternellement sur
cette
terre, à y vivre dans le respect de la création tout entière qui nous
est confiée,
en partageant l'amour fraternel pour que chaque personne, femme et homme,
enfant
et adulte, personne avec handicap et génie, sache que
notre famille catholique, c'est-à-dire universelle !, est là pour
l’entraide
et pour découvrir, ensemble, que le Salut est déjà là.
Faire
la
volonté du Père, comme nous y invite Jésus, n'est pas, et vous le savez
bien,
vivre seul dans son coin en respectant scrupuleusement des règles et des
dogmes,
à l'image des pharisiens, sans vouloir en comprendre le sens profond.
Sens que
nous dévoile régulièrement Jésus, aujourd’hui encore. Des règles de vie
données
par un Père qui ne nous veut pas soumis, forcés ou contraints
mais libres
et heureux pour que notre OUI soit un « OUI ! » choisi et assumé et notre Non, soit
un « NON » ferme et réfléchi. L’un comme l’autre
nourris par
notre Foi en Christ, éclairés par la prière et dans la confiance à
l’Esprit
Saint, vous savez, cet Esprit de discernement qui nous est donné.
La
volonté
du Père : voir ses enfants unis et heureux de travailler à sa
vigne !
Travailler à la vigne ce n'est pas la vendanger, ça c’est le rôle du
vigneron ! Et ce n’est peut-être pas encore le moment. Mais nous
sommes tous,
oui tous, les ouvriers nécessaires, indispensables, à son développement
par de petites
actions ou de grandes tâches accomplies avec et pour les autres, avec
respect
et dignité, pour que les grains grossissent, mûrissent et se gorgent de
sucre.
Arracher les herbes, couper quelques feuilles pour limiter l'ombrage sur
la
grappe est tout aussi important que de labourer ou de tailler. Nous
sommes tous
appelés à la vigne avec nos capacités et notre volonté, avec nos limites
et nos
fragilités… mais aussi la force de notre foi et la force du Christ reçue
à
notre baptême. Foi et confiance en notre Dieu, notre Père, et en son
Christ qui
est là, en frère, avec nous, nous partageant encore son corps
aujourd’hui et
offrant sans cesse son Esprit pour qu'ensemble, oui ensemble, nous
gouttions
aux joies des vendanges et au vin du festin du Royaume.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
1er octobre 2023