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dimanche du Temps Ordinaire.
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TO – A 2023
Le
droit
chemin. Être dans le droit chemin, suivre le droit chemin… voilà des
expressions qui ont bercé notre jeunesse, mais que l’on n’entend plus
guère
aujourd’hui. Non pas que le droit chemin n’existe plus, mais plutôt que
l’importance
de le suivre ne semble pas aussi fondamental pour nos contemporains
qu’il ne l’était
pour les générations précédentes. Suivre le droit chemin, avoir une
bonne
conduite, qu’est-ce que ça veut dire aujourd’hui, quand tout se vaut,
quand le
bien et le mal se confondent, quand le relativisme nous empêche de
discerner le
bien du mal, le beau du laid, le vrai du faux ?
Le
droit
chemin, il en est fortement question, à travers différents contextes,
dans les textes
de la liturgie d’aujourd’hui.
La
première
lecture est très claire : Ézéchiel nous redit que le bien conduit à
la vie
et le mal conduit à la mort : « Si
le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet
état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne
de sa
méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie ». C’est simple, c’est carré !
Très
bien,
mais comment peut-on être sûr de « pratiquer le droit et la
justice » ? comment discerner ce qui est juste, ce qui
est droit ?
Qui pourra nous montrer le droit chemin ?
Le
psaume 24 justement nous rapporte la prière d’un pécheur qui demande au
Seigneur de lui montrer le droit chemin : « Seigneur,
enseigne-moi
tes voies, fais-moi connaître ta route ». Oui, il existe un
bon chemin,
un chemin de vie, et des mauvais chemins. Mais comment savoir si le
chemin que
nous empruntons est le bon ou le mauvais ? Quels éléments peuvent
nous
permettre de juger du bien et du mal, quand notre société semble avoir
aboli
ces notions ?
Eh
bien, pour suivre le bon chemin, il suffit d’utiliser son GPS !
laissons-nous
« Guider Par le Seigneur » ! Dans nos déplacements, le
GPS est
aujourd’hui devenu notre guide habituel, nous n’y faisons même plus
attention.
C’est désormais automatique pour beaucoup d’entre-nous. Faisons de même
avec le
Seigneur, qui nous donne son Esprit Saint comme GPS, comme guide pour
notre
vie.
Pour
autant,
se laisser guider par le Seigneur ne consiste pas à lui sacrifier notre
liberté. Le guide n’est pas le conducteur. De même que le conseiller
n’est pas
le décideur. Si, en voiture, notre GPS nous dit de tourner à gauche,
rien ne
nous empêche de tourner à droite ou d’aller tout droit. Il en est ainsi
avec le
Seigneur. Il nous montre la route, il nous conseille ce qu’il y a de
mieux pour
nous. Mais il nous laisse le volant. Il nous laisse ainsi prendre nos
responsabilités. Il nous laisse libres de suivre ses conseils ou de ne
pas les
suivre.
Encore
faut-il
les entendre, ses conseils ! et ça non-plus, ce n’est pas si
évident.
Comment les entendre ? Par quel moyen le Seigneur nous donne-t-il
des
conseils ? Quel est donc ce GPS qu’il nous faut acquérir ?
Le
meilleur GPS, le modèle le plus fiable, c’est tout simplement la Parole
de
Dieu. C’est en lisant sa Parole là où elle se trouve, dans la Bible, que
l’on
peut trouver le droit chemin. Dans les textes que la liturgie
d’aujourd’hui
nous propose ; par exemple, la deuxième lecture : Saint Paul
nous
donne des éléments utiles dans sa lettre aux Philippiens :
« Recherchez
l’unité ». Rechercher l’unité, ça, c’est un bon chemin !
Ce n’est
pas une théorie ; ça peut demander un effort important. On est
souvent tentés
de défaire cette unité, indirectement, parfois inconsciemment,
simplement en faisant
des catégories, en collant des étiquettes à nos frères et sœurs, au sein
même
de notre Église, de notre communauté paroissiale : celui-ci est
« progressiste » ;
celle-là est « tradi » ; ceux-là font comme
ceci ; ces
autres font comme cela… Avec un certain mépris parfois pour ceux qui ne
font
pas comme nous, et en justifiant notre regard pas toujours
bienveillant : « l’Église
ceci, l’Église cela… » en oubliant que l’Église, ce n’est pas les
autres !
l’Église, c’est nous, c’est vous et moi ! Ne faisons pas comme si
la
diversité des sensibilités, comme si le fait d’être différents était une
tare,
une charge, un empêchement, un obstacle à notre foi !
D’ailleurs,
rechercher l’unité, comme St Paul
le demande, ce n’est rien d’autre que de répondre au désir de Jésus,
dans sa
grande prière à son Père : « qu’ils soient un, comme toi et
moi
nous sommes un » (Jn 17, 21). Marcher vers une plus grande
unité de
tous, voilà un bon chemin à prendre ! voilà un exemple de droit
chemin !
Concrètement,
ça
passe par des comportements tous simples, comme Saint Paul les décrit
dans la
suite de sa lettre aux Philippiens : « Ayez assez
d’humilité pour
estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. » et
encore : « Que
chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ;
pensez
aussi à ceux des autres. » Ça a l’air simple, mais c’est si
difficile !
Et St Paul poursuit en citant en exemple le Christ Jésus, dans ce beau
passage,
qu’on appelle le « Cantique des Philippiens », ou encore
« l’hymne
au Christ » et qui est psalmodié chaque samedi soir dans l’office
des vêpres :
« le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas
jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti,
prenant la
condition de serviteur… »
Imiter
le
Christ, voilà le droit chemin. Et c’est parce qu’il s’est fait
serviteur,
que « Dieu l’a exalté », il l’a placé au-dessus de tous. Le
droit
chemin ? Ne cherchez plus, c’est celui du serviteur !
Je
ne voudrais pas terminer sans apporter une nuance à ce que viens de
dire. Si la
Bible est en effet le meilleur des GPS pour suivre le droit chemin, il
ne
faudrait pas faire de la Bible un simple manuel de savoir-vivre, un
recueil de
préceptes, un code de bonne conduite, qui nous indiquerait le droit
chemin. La Bible,
c’est d’abord et avant tout un livre qui nous parle de Dieu. Toute la
Bible, du
début à la fin. C’est ce
qu’on appelle
la Révélation. L’ancien testament nous dévoile peu à peu la réalité de
Dieu. Et
dans le Nouveau Testament, Jésus vient parmi nous pour nous montrer
concrètement qui est Dieu, pour parfaire notre connaissance de Dieu, en
s’incarnant,
en se faisant l’un des nôtres. Et parce que la Bible nous montre un Dieu
bon et
plein d’amour, alors, dans un deuxième mouvement, nous pouvons avoir
envie de l’imiter.
Et plus nous serons imprégnés nous-mêmes de la connaissance de ce Dieu
amour,
plus nos comportements, nos choix, s’orienteront d’eux-mêmes, tout
naturellement,
vers le droit chemin. C’est ainsi que vivaient tous les saints. Ils
avaient pour
GPS leur connaissance intime de Dieu, et l’Esprit pouvait ainsi
librement guider
tous leurs actes de bonté auprès des hommes et des femmes de leur temps.
Alors,
frères
et sœurs, faisons de même ! Formons-nous à la connaissance de Dieu,
faisons-nous serviteurs de tous, c’est là le droit chemin. Il n’y en a
pas d’autre.
Amen !
Daniel BICHET, diacre permanent.
St Lumine de Clisson, Gétigné et Clisson,
le 1er octobre 2023
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