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26° dimanche ordinaire.

Année A 28/09/08


Quelle espérance dans ces textes du 26ème dimanche du temps ordinaire !
Ainsi, dans la première lecture, Ezéchiel montre au pécheur que rien n’est jamais perdu : « Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie ». Un avenir est toujours possible, on peut toujours changer de conduite, on n’est jamais définitivement condamné. Le pécheur – le méchant comme il est traduit ici – ce n’est pas l’autre, ce ne sont pas les autres. Ce ne sont pas non plus des personnes bien précises, connues de lui, vivant de son temps, que le prophète désignerait ainsi pour les juger. Quand Ezéchiel parle du méchant, du pécheur, il parle bien de nous, de chacun d’entre nous, aujourd’hui comme hier. Il parle du péché qui est en nous. Le péché, nous ne le savons que trop bien, ce n’est pas seulement une mauvaise action. Quand j’étais enfant, on me disait souvent de ne pas « faire » de péché. Et je le comprenais comme si le péché se limitait à une simple faute que je pourrais choisir de faire ou de ne pas faire. Comme si j’étais extérieur au péché. Ce serait bien plus simple ! Mais le péché, c’est bien plus que cela. Le péché, nous le savons, c’est tout ce qui nous détourne de Dieu. Pas besoin de donner beaucoup d’exemples pour se rendre compte que ce ne sont pas nos seuls actes qui peuvent nous détourner de Dieu. « j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission ». Le péché est donc beaucoup plus vaste. Il est notre lot quotidien ; c’est ce qui nous colle à la peau, ce dont nul ne peut se défaire par sa seule volonté. Il est de notre condition humaine.
C’est alors que le psalmiste, cet inconnu qui a écrit le psaume 24 que nous avons chanté tout à l’heure, peut implorer Dieu. Il sait que, malgré le péché qui est en lui, il peut encore changer de route, à condition qu’il s’en remette à Dieu. Il ne le pourrait pas tout seul. « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. » et aussi : « Il est bon le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin ». Il sait, ce psalmiste, que Dieu seul peut l’aider à trouver le bon chemin. Quelle humilité !
Aujourd’hui, 2600 ans après l’écriture de ce psaume, avec les progrès de notre technique qui nous rend tout-puissants, nous avons perdu cette humilité spontanée. Quand nous sommes invités pour la première fois chez une personne qui habite une ville qui nous est inconnue, si cette personne nous propose « veux-tu que je t’indique la route ? » nous répondons avec une certaine suffisance : « pas de problème, j’ai mon GPS ! » Autrement dit : « je n’ai que faire de tes conseils, je suis auto-suffisant, je suis capable de trouver tout seul le chemin de ta maison. »
Le GPS, vous savez, ce petit boîtier magique. Ces 3 lettres représentent des mots bien compliqués, en anglais, que l’on peut traduire par : système de positionnement à la surface du globe. Le GPS, donc, qui nous rend si autonome, qui nous dispense de consulter une carte avant le départ, ou de préparer soigneusement son itinéraire. Mais ce petit boîtier, bien utile, coûte cher ; son invention est encore récente, et tout le monde ne peut pas se permettre d’en être équipé. Pourtant, il y a 26 siècles, le psalmiste, lui aussi, avait déjà son GPS : Guidage Par le Seigneur. « Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. » « Il est bon le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin ». À cette époque déjà, ce GPS-là était coûteux, et tout le monde n’en était pas équipé. Car le prix à payer, c’est l’humilité. « Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin » nous dit le psaume 24. Pour accepter d’être Guidé Par le Seigneur, il faut d’abord se faire humble. Se reconnaître pécheur. J’allume mon GPS si je me sens perdu, si je ne sais plus quelle route suivre. A condition toutefois que je le reconnaisse, que j’accepte de me reconnaître pécheur, que je consente à me laisser guider ; que je laisse de côté mon orgueil qui me souffle à l’oreille : « tu n’as pas besoin de Dieu, tu vas bien te débrouiller tout seul ! » Aujourd’hui aussi, et sans doute plus que jamais, nous avons besoin de ce GPS-là, d’être Guidés Par le Seigneur, sur nos routes où les panneaux indicateurs ne suffisent pas. Non pas qu’ils soient en nombre insuffisant, au contraire, ils sont souvent trop nombreux. Tellement nombreux qu’il nous est très difficile de décider, de faire le choix parmi toutes les propositions de routes qui nous sont faites. À chaque carrefour de notre vie, des panneaux brandis par les médias nous indiquent que nous pouvons aussi bien prendre ce chemin sur la gauche, ou ce sentier sur la droite, ou cette route droit devant, ou même encore faire demi-tour… Comment s’y retrouver ? en allumant notre GPS. En nous laissant Guider Par le Seigneur, dans la confiance, même si la route nous semble tortueuse.
Le GPS, c’est sans doute ce qui a manqué à ces 2 fils du vigneron de l’évangile. À son père qui lui demande de venir travailler à sa vigne, le premier dit non. Le second dit oui. On verra qu’aucun d’eux ne va en réalité faire ce qu’il a dit. À l’image de ses 2 fils, il nous arrive parfois aussi d’être sollicités pour une tâche, pour une mission, pour un service, un coup de main… Parfois, il nous semble également entendre un appel, que nous ressentons comme un appel de Dieu. Ne répondons pas trop vite, car il nous faudra ensuite assumer ce que nous avons répondu. Prenons le temps, avant de donner réponse, de consulter notre GPS. Mais même si notre première réponse, à nous aussi, est « non » comme le premier fils du vigneron, nous savons qu’il ne sera pas trop tard, ensuite, après réflexion personnelle, ou avec d’autres, pour changer de route et revenir vers Dieu. C’est ce que nous enseignent toutes les lectures d’aujourd’hui.
Oui, laissons-nous Guider Par le Seigneur. Les engagements que nous prenons sont tous importants. Il serait dommage de ne pas les soumettre à la volonté de Dieu, Dieu qui sait ce qui est bon pour nous.
Et particulièrement, en cette Année de l’Appel dans laquelle nous cheminons, prions le Seigneur de nous guider, pour que nous soyons attentifs aux appels que nous recevons. Que nous soyons assez humbles pour entendre aussi cet appel que Dieu fait à nos proches, pourquoi pas même à nos enfants  : « viens travailler à ma vigne ! » Assez humbles pour ne pas étouffer cet appel, mais au contraire aider ceux qui sont appelés – même si, comme le premier fils du vigneron, leur réponse était d’abord « non » – à oser dire « oui, Seigneur ! »

Amen !


Daniel BICHET, diacre permanent.

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