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25° dimanche du Temps Ordinaire.

Cette après-midi notre Eglise, en particulier en France, a vécu un moment fort, extrêmement émouvant : La Messe célébrée par notre pape François à Marseille. Cette messe vient conclure un événement particulièrement important : les Rencontres méditerranéennes, organisées pour que la mosaïque de peuples, de cultures, de religions qui composent la Méditerranée construisent et partagent une même espérance. Ceci m’a un peu occupé puisqu’y participe une délégation de 20 personnes du diocèse, représentant la pastorale des migrants, le service des relations avec les musulmans et la diaconie, dont l’évêque m’a confié la responsabilité depuis 1 an. Malgré l’attrait que pouvait avoir pour moi l’occasion de retrouver les rivages de la Méditerranée où j’ai passé une bonne partie de ma jeunesse, cette ville de Marseille où j’ai travaillé 2 ans, j’ai finalement choisi de rester au sein de ma paroisse ce week end, ce qui me permet de partager, avec vous, la joie, et les enjeux, de cet événement. Celui-ci, et ce n’est pas un hasard, se conclut ce dimanche, qui est marqué au sein de l’Eglise catholique, comme chaque année en septembre depuis 109 ans, par la journée mondiale du migrant et du réfugié. Et une fois de plus, cette année, cette journée s’inscrit dans une actualité au cœur de laquelle cette question, tellement difficile, de la migration est encore douloureusement présente. J’ai été, comme beaucoup, frappé par cette annonce de l’arrivée massive de 7000 migrants sur l’Ile de Lampédusa. Cette arrivée, qui a donné l’occasion à une partie de nos politiciens de se donner une certaine visibilité médiatique, correspond au nombre de personnes, hommes, femmes, enfants, qui ont péri, noyées dans les eaux de la Grande bleue, ces 3 dernières années. Et celles et ceux qui survivent, après avoir vécu, la plupart du temps, l’enfer de la traite des êtres humains, l’esclavage, le viol pour beaucoup de femmes et d’enfants, ne sont pas au bout de leurs souffrances. En France, en cette rentrée scolaire, 2000 enfants dont 500 de moins de 3 ans sont sans aucun hébergement. 65 dans notre région. Un enfant de moins de 3 ans qui vit à la rue…A-t-on la moindre idée de ce que cela représente vraiment ? Pour lui, pour ses parents ? Qui peut détourner les yeux, ou pire, fermer son cœur, en particulier parmi ceux qui, chrétiens, écoutent et croient en la parole de Jésus ? Jésus qui, rappelons-le, a vécu en migrant les 1ers mois de sa vie, fuyant en Egypte pour échapper au massacre des Saints Innocents. Qu’elle est difficile cette question de la migration. Difficile pour les pays riches qui se trouvent ainsi pris d’assaut, mais combien plus difficile encore pour celles et ceux qui n’ont pas le choix, de partir, ou de souffrir de la faim, de la violence, de la guerre, ou de mourir.

Certes ce sujet de la migration, cette question de l’accueil que nous avons tant de mal à faire aux personnes qui viennent chercher refuge dans nos pays en paix et relativement riches, est particulièrement complexe.  Et nous ne pouvons pas nous arrêter aux solutions si faussement faciles telles que « rejeter les migrants à la mer » ou « accueillir toute la misère du monde ». Il serait trop long ici, et ce n’est pas l’objet d’une homélie, de détailler tous les enjeux auxquels ces problèmes nous confrontent, mais comme l’a dit le Pape à Marseille, « C’est un devoir d’humanité, c’est un devoir de civilisation » nous pouvons, à la lecture des textes du jour, trouver quelques éclairages.

La parole de Jésus, tout d’abord, dans ce texte d’Evangile de St Mathieu. Nous connaissons tous cette fameuse phrase « les derniers seront premiers ». Elle peut vouloir dire bien des choses, mais elle révèle ce que Jésus est venu annoncer du Royaume du Père : Les petits, les fragiles, les pauvres, les exclus, les rejetés, sont aux 1ères places dans l’Amour du Père. Et il nous invite à suivre son exemple ! Rap-pelons-nous ces autres paroles de Jésus, rapportées par St Mathieu (25) : « « Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli ». Ces paroles nous exhortent à reconnaître dans le dernier, que peut être le migrant non seulement un frère ou une sœur dans le besoin, mais aussi le Christ lui-même qui frappe à notre porte. Et il n’est jamais trop tard pour ouvrir, pour se laisser toucher, pour changer son cœur ! C’est la parabole que l’on appelle celle de l’ouvrier de la dernière heure, que nous venons d’entendre. Le message de Jésus est clair : Peu importe le moment où, dans nos vies, on décide de changer notre cœur, de l’ouvrir à l’autre, de nous mettre au travail pour bâtir un monde plus juste, plus accueillant, plus fraternel, plus évangélique, en somme. Dieu nous récompensera pour ce que nous faisons de bien, pas pour avoir été en la matière, les 1ers de la classe. Car Dieu, dans son immense bonté, attend de nous que nous rendions nos cœurs meilleurs, que nous nous convertissions à l’Amour, ce qui est plus simple à dire qu’à faire. C’est ce qu’il nous dit par la bouche d’Isaïe, et que nous avons entendu en 1ère lecture : « Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. ». Non, il n’est pas facile de poser sur l’autre, en particulier celui qui, comme le migrant, vient avec toutes ses fragilités, avec parfois la violence qui a été le lot de toute sa vie, un regard bienveillant, accueillant, le regard du Christ, avec les yeux du croyant. Mais oui, ne l’oublions pas, c’est à cela que nous appelle tout l’Evangile du Christ, c’est cela l’attitude de Jésus, son enseignement qu’il nous a donné pour nous aider à mieux travailler à sa vigne. C’est comme nous le dit l’Apôtre Paul (en 2ème) : « Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ ». Et notre récompense, lorsque nous le rejoindrons au Ciel, aux côtés de son Père, de notre Père, sera juste et équitable, quel que soit le moment où l’on aura réussi à mettre en pratique la Parole en laquelle on croit et que l’on vient entendre à l’Eglise.

Je voudrais conclure en vous partageant une prière que notre Pape nous propose pour cette journée 2023 du migrant et du réfugié :

Dieu, Père tout-puissant, donne-nous la grâce de nous engager avec ardeur, en faveur de la justice, de la solidarité et de la paix, afin que soient assurée à tous tes enfants la liberté de choisir d'émigrer ou de rester. Donne-nous le courage de dénoncer toutes les horreurs de notre monde, de lutter contre toutes les injustices qui défigurent la beauté de tes créatures et l'harmonie de notre maison commune. Sou-tiens-nous avec la force de ton Esprit, pour que nous puissions manifester ta tendresse à chaque migrant que tu places sur notre route et répandre dans les cœurs et dans tous les milieux la culture de la rencontre et de la protection.

Puisse cette prière nous aider à nous mettre au travail à la vigne du Seigneur, à oser nous lever pour faire rayonner l’Amour du Christ et alors, soyons en certain, les derniers et les premiers se donneront la main et feront grandir ce que l’on appelle le Royaume de Dieu.

 

Olivier RABILLOUD, diacre permanent

Pont St Martin, Rezé St Vincent de Paul,

24 Septembre 2023

 

 

 



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