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25° dimanche du Temps Ordinaire.

         Durant ces deux journées magnifiques de la visite du Pape, nous avons été gratifiés de messages nous rappelant combien le Seigneur est miséricordieux. C’est une image de cette miséricorde que nous propose l’évangile de ce jour à travers cette parabole des ouvriers de la 11ème heure.

         Celle-ci a d’ailleurs largement dépassé son contexte biblique pour devenir une expression populaire et nombre de ceux qui l’utilisent aujourd’hui ne connaissent sans doute pas son origine et surtout son contexte.

Il faut, en effet, en faire une lecture spirituelle, c’est-à-dire avec l’esprit de Jésus qui la propose car si nous la lisons  simplement humainement on va se retrouver avec un patron, le vigneron, qui risque de mettre son affaire en péril économiquement et des ouvriers qui vont crier à l’injustice en face d’un responsable qui dirige d’une manière arbitraire.

Or ce n’est pas du tout cela, car nous sommes face à une parabole, l’une de ces  petites créations littéraires que Jésus aime utiliser pour bien faire comprendre son message. Ici le personnage central est un maître qui recherche des ouvriers pour sa vigne. La vigne est un thème fort dans la Bible et Jésus aime bien l’utiliser.

Tout commence comme dans une histoire réelle. Très tôt le matin les ouvriers, les “journaliers, “se tiennent sur la place du village dans l’attente d’une éventuelle embauche. De celle-ci dépend le salaire qui permettra de se nourrir et de nourrir sa famille car on vit au jour le jour.

Ce qui différencie cependant d’une histoire réelle, c’est que d’entrée Jésus nous a prévenu,“ le Royaume des Cieux est comparable“ au maitre  d’un domaine qui va aller rechercher des ouvriers pour les envoyer à sa vigne.

Nous le comprenons très vite. Avec les premiers embauchés, ceux qui vont durement œuvrer du matin 6 heures au soir 6 heures, il y a “un contrat verbal“, le salaire est d’une pièce d’argent.

Mais ce maître se met à revenir sur la place vers 9 heures, à midi, puis à 3 heures de l’après-midi et il embauche les présents en leur promettant de leur donner “ce qui est juste“ comme rémunération.

Cette attitude peut déjà interroger mais elle devient complètement étrange lorsqu’il revient vers 5 heures et interroge ceux qui sont là, “pourquoi êtes-vous restés toute la journée sans rien faire ?“ “parce que personne ne nous a embauchés “Ils sont chômeurs “. Et le maître contre toute logique économique les envoie à sa vigne. Ils ne feront sûrement pas grand-chose mais le maître leur rend un statut de travailleur et pour eux cette reconnaissance est très importante.

Ainsi le maître apparemment préoccupé d’abord par les soins à sa vigne va devenir au fil de la journée de plus en plus préoccupé par les hommes qu’il rencontre. Ce n’est plus la dimension économique qui va prévaloir mais sa volonté de ne laisser personne au bord du chemin.

Le Père Varillon donnait volontiers le nom de “parabole des chômeurs“ à ce récit d’Evangile et il vrai que toute la parabole tourne autour de ceux qui n’avaient pas encore trouvé de travail lors du dernier passage du maitre sur la place.

Nous aurons noté qu’à chaque fois le maitre reprend l’expression “allez à ma vigne“. Dans l’Ancien Testament, la vigne est le symbole du “peuple de Dieu“ Ainsi en Isaïe au chapitre 5 nous trouvons le chant de la vigne où il est écrit : “la vigne du Seigneur c’est la maison d’Israël“.

On peut trouver curieux voire illogique que le maitre, lors de la remise du salaire, fasse d’abord avancer les derniers arrivés et encore plus curieux qu’il leur donne une pièce d’argent comme ce qui était convenu avec les premiers arrivés à la vigne. Il veut manifestement montrer aux ouvriers de la première heure ce qu’il  fait pour les derniers.

Mais les premiers lorsqu’ils vont constater que le maitre donne à ceux-ci ce qui était convenu avec eux dès le matin, il est humain de penser qu’ils vont s’attendre à être mieux rémunérés. Mais il n’en est rien, ceux-ci aussi reçoivent la pièce d’argent convenue le matin. Alors ils vont se mettre à récriminer, à murmurer, à bougonner selon les traductions, en résumé, ils ne trouvent pas cela juste. Mais ce que le maitre voulait leur montrer c’était le geste qu’il faisait et les inviter à partager sa joie d’avoir été généreux avec les derniers arrivés. Car Dieu est bon et d’une bonté qui surpasse tout y compris le fait nous ne le méritions pas.

Dieu veut nous faire passer d’une logique de chronomètre, de balance bien réglée, de comptable de tout, pour nous faire entrer dans une logique d’amour, de miséricorde et de pardon. L’amour ne se compte pas, l’amour ne s’achète pas, il est donné et notre Seigneur en est un grand distributeur pour les cœurs qui lui sont ouverts.

Pourtant la jalousie s’est insinuée dans les cœurs des ouvriers premiers embauchés et ils en veulent à leur employeur, c’est le “murmure de la jalousie“ qui s’oppose  à la joie de Dieu qui est la joie d’aimer et de donner. C’est la proposition qu’il nous fait d’entrer dans cette joie, car la grandeur de l’être humain est sa capacité à aimer en se souvenant qu’il a été créé à l’image de Dieu.

L’attitude négative nous fait penser à celle des scribes et des pharisiens qui récriminaient contre Jésus parce qu’il accueillait les publicains, les pécheurs et les prostituées.

C’est l’attitude constante de Jésus, les “derniers“ deviendront “premiers dans le Royaume“ comme dans l’Eglise primitive les païens qui se convertissaient étaient mis au même rang que les Juifs d’origine. Mais le plus bel exemple que Jésus nous a donné est celui du bon larron que Jésus accueillera dans son paradis, lui qui se convertit avant qu’ils ne meurent sur la croix.

Ainsi, Jésus à travers cette parabole nous trace un merveilleux portrait de son Père :

“- Un Dieu qui aime tous les hommes, en particulier les plus délaissés et qui veut les introduire dans sa vigne, dans son bonheur…

 - Un Dieu qui répand ses bienfaits à profusion, qui “invite“ et “appelle“ à toute heure, à tout âge, dans toute situation… même dramatique.

- Un Dieu dont la bonté n’est pas limitée par nos mérites et qui donne plus que nous n’avons “gagné par nos propres efforts…“

- Un Dieu qui écarte quiconque prétendrait avoir des privilèges ou des droits, en empêchant les autres d’en profiter…“

Cette parabole est donc une invitation à nous réjouir de la miséricorde de Dieu.“ La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres“ nous dit le psaume que nous avons entendu. Et le prophète Isaïe nous rappelait dans la première lecture, que “ notre Dieu est riche en pardon“

 Entendons aussi ce que  disait le saint pape Jean-Paul II dans son encyclique sur ce sujet : “la miséricorde est une puissance particulière de l’amour qui est plus fort que le péché et l’infidélité…“

 

Demandons donc à la Vierge Marie de nous aider à être toujours davantage des témoins de la miséricorde divine afin d’adoucir autant que faire ce peut, la brutalité de trop de rapports humains dans notre monde d’aujourd’hui.

 

Georges Renoux, diacre permanent

Basilique du Sacré Cœur de Marseille

Le 24 septembre 2023

 

 cf.   - François Varillon- “Vivre le Christianisme“-Centurion - 1992

 -Noël Quesson –“Parole de Dieu“-Droguet et Ardant - 1991

 

 

 

 



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