Vous avez bien entendu cet évangile aujourd’hui qui vous a
peut-être scandalisé ;
et oui, moi
aussi lors de mes 40 années de travail alors que j’étais syndicaliste
j’ai eu
de la peine à comprendre ce texte.
Le texte de la parabole dit même : ils récriminaient
contre le maitre ! Mais le Seigneur Dieu n’est pas un patron qui
exploite ses
ouvriers ; c’est un père qui aime ses enfants et qui veut donner
une récompense
gratuite, même à ceux qui ne le mériteraient pas totalement.
Mais reprenons les textes de ce jour et d’abord le prophète
Isaïe qui nous dit dans ce chapitre 55 :
« Chercher le Seigneur puisqu’il se laisse
trouver ; invoquez-le puisqu’il est proche. » Vous avez peut
être
remarqué que j’ai changé la traduction de la Bible, …. Pourtant je ne
sais pas
ni le Grec ni l’Hébreux, simplement j’ai cherché d’autres traductions et
j’ai
trouvé que la Bible œcuménique appelée la TOB est bien plus précise que
le
texte que nous avons entendu ce jour dans la traduction liturgique.
Oui Dieu se laisse trouver par tous ceux qui le
cherchent ; mais encore faut il le chercher !…. Dieu ne nous
force
pas la main, mais il répond toujours à nos questions et à nos appels. Il
faut
se rappeler qu’Isaïe écrit au peuple juif en exil à Babylone, et il leur
dit :
ne perdez pas l’espérance car Dieu entend nos prières.
Ce n’est pas parce que Dieu semble silencieux ; qu’il
est absent ou lointain ; oui il est présent et notre Foi est liée à l’Esperance
c’est cela qui nous aide à vivre.
Les prophètes, comme Osée, Jonas, et bien d’autres dans
l’Ancien Testament sont eux aussi des témoins de l’amour et du pardon de
Dieu,
ce que Jésus reprendra dans son enseignement.
Cette distance infinie entre l’amour de Dieu et notre
faiblesse
est comblée par la tendresse du Seigneur qui, dit ce texte, est riche en
pardon.
Le psaume 144 reprend bien cette thèse que l’amour du
Seigneur est plus fort que nos péchés : le Seigneur est tendresse
et
pitié ; il est lent à la colère et plein d’amour. Et la dernière
phrase
que nous lisons dans ce psaume résume bien ces textes :
Dieu est proche de ceux qui l’invoquent et qui l’appellent
en vérité.
La lettre de Saint Paul aux chrétiens de la région de
Philippe,
qui est une petite ville de Macédoine ; est un peu comme son
testament ; il est en prison, sans doute à Rome, et son message
principal
est de dire : ce qui m’importe c’est que le Christ soit annoncé
Il est le témoin lui qui a donné sa vie pour que la Bonne
Nouvelle de la Résurrection de Jésus soit révélée.
Paul est un passionné, il n’a pas peur ni des difficultés ni
des persécutions, il a donné sa vie pour que le message soit proclamé.
En même
temps il dit son tendresse pour les premières communautés chrétiennes
qui sont
nées de la Parole de Dieu annoncé par les apôtres.
J’aime beaucoup cette phrase de Saint Paul : « pour
moi vivre c’est le Christ » ; réfléchissons un peu à notre
relation
au Christ Jésus. Le Christ est-il notre raison de vivre ; notre
soutien.
Sommes nous, nous aussi des amis et des témoins ?
L’évangile de ce jour en a scandalisé plus d’un et c’est
vrai que ce n’est pas simple ni à comprendre ni à expliquer.
Je pense qu’il ne faut pas regarder ce texte comme un mode
d’emploi pour les relations entre les patrons et les employés ; car cela
engendrerai beaucoup de grèves !
Jésus se place ailleurs ; il ne nous donne pas de règles
pour gérer les problèmes sociaux ; mais il veut nous dire que son
Amour dépasse
les normes habituelles.
En regardant ce texte cela me rappelle que j’étais comptable
durant ma vie professionnelle ; mais Dieu lui ne sait pas compter,
il aime
sans mesure.
Regardons d’abord les dernières phrases car c’est là me
semble t il la clef de lecture : « Vas tu regarder mes actions
avec
un œil mauvais parce que moi je suis bon ? »
Dieu lui nous aime d’un amour infini. Il ne se limite pas,
heureusement à notre regard ni peut être à nos jalousies.
La justice humaine fait des calculs, et des comparaisons.
Mais Dieu, lui, nous aime au delà de nos mérites ;
l’amour ne compte pas ; l’amour ne s’achète pas ; et la
récompense
sera la même pour tous.
C’est la grande leçon de Jésus pour notre relation à
Dieu : souvenons-nous de la parabole du fils prodigue qui est
accueilli
par son père sans questions.
Et le bon larron sur la Croix à coté de Jésus, il était
le dernier des brigands et le voila premier sur la route vers le
paradis.
Jésus lui a dit lui-même : « ce soir tu seras avec
moi au paradis. »
Il ne faut pas croire que l’on mérite le paradis ou que l’on
a gagné une bonne place dans le royaume parce que lui, Dieu, nous
aime
gratuitement.
Ce qui me frappe aussi c’est que nous sommes tous invités à
travailler à la vigne du Seigneur ; oui il embauche à toutes heures
de nos
vies pour servir et les pauvres et l’Eglise
La Foi est lié à l’espérance, car dans nos vies c’est Dieu
qui nous aime, c’est lui qui nous récompensera bien au delà de nos
mérites ou
de nos bonnes actions.
C’est un texte de Saint Matthieu que nous avons lu
aujourd’hui et justement c’était sa fête cette semaine et nous avons
entendu Jésus
lui dire « viens et suis moi ».
Peut être Jésus nous redit à nous aussi : viens, suis
moi,
fais moi confiance.
Enfin pour finir je veux vous répéter ce que le pape
François nous a dit à Marseille : oui il faut apprendre à
accueillir ; oui nous devons accueillir nos frères, nos amis et
même nos
ennemis, ceux qui sont loin ceux qui sont proches.
La mondialisation de l’indifférence et le virus de
l’extrémisme sont la honte de nos pays occidentaux ; et nous avons
fait de
la mer méditerranée le plus grand cimetière du monde pour les refugiés
qui
fuient la guerre et la misère.
Ecoutons notre pape et n’ayons pas peur de faire résonner
notre voix face aux injustices.
Bruno PALLUAT,
diacre
permanent
24 septembre 2023