La semaine dernière Pierre
reconnaît en Jésus, le Fils du Dieu vivant, l'envoyé attendu par le
peuple
choisi pour annoncer la Bonne Nouvelle. Jésus donne, à ce pécheur, sa
confiance
en le faisant pierre de fondation de l'Église, lui, le Christ, qui reste
la
pierre angulaire sur qui et par qui tout se tient et tout s'oriente vers
le
Père dans la foi, l'espérance et la charité. Aujourd'hui, la suite, dans
cet
évangile en deux parties avec, d’entrée, la première annonce, aux
disciples, de
sa passion, sa mort et de sa résurrection suivie par une façon d'être
pour se
reconnaître frère ou sœur de Jésus invité sur son chemin de foi et
d’amour, bien
loin d'une simple leçon de morale.
Jésus a confiance en ses
apôtres. Il leur partage ce qu'il pressent et sa vision d’une mort
certaine au
bout du chemin de retour, à Jérusalem, mais aussi sa résurrection le
troisième
jour. Pierre toujours aussi réactif réfute cet avenir noir et prévisible
mais
reçoit, de Jésus, un camouflet violent « passe derrière moi,
Satan ! »...
Oui, Dieu aurait pu intervenir pour éviter ce sort fatal. Oui, Jésus
aurait pu
se défaire des liens qui le retiennent déjà, lui qui guérit les malades,
réveille
de la mort des personnes, nourrit 5000 personnes avec 5 pains et 2
poissons ...
Mais ce n'est pas le dessein de Dieu. Jésus doit vivre sa vie d'homme
pleinement, entièrement, en vérité et jusqu'au bout...
Et mourir …
Pour ressusciter. Il a besoin
de vivre sa liberté, de choisir son chemin pour s'abandonner, signifier,
ainsi,
sa confiance et, nourri de l'Esprit Saint, la puissance de la foi qui
l'anime.
Et Pierre vient jouer le rôle du tentateur « le Satan »,
comme
le diable au désert après le baptême par Jean le Baptiste. Ce « passe
derrière
moi » redit à Pierre la primauté de Jésus, son entière
liberté, ses choix d’homme et de Fils de Dieu en assumant tout dans
notre humanité,
Lui le Maître et Seigneur.
C'est dans cette humanité,
partagée avec Jésus, à sa suite, que nous avons, nous aussi, à faire nos
choix,
vivre notre vie, nos amours, nos engagements et à prendre position sur
ce qui
est important pour nous, pour nos frères et sœurs, pour notre terre....
Seigneur, viens à notre aide pour faire ces choix personnels de femme,
d’homme,
d'enfant de Dieu nourri de ta Parole, car c’est souvent bien difficile
et
persévérer s’avère compliqué et parfois douloureux. Appelons sans peur
l'Esprit
Saint pour nous aider à assumer nos positions dans cette fragile
humanité de
baptisé. S'opposer lors de discussions familiales, contester des
réflexions sociétales,
des décisions économiques insolentes, parfois arrogantes et injustes,
bafouant la
dignité et la valeur de l'humain, la dignité de toute vie, la dignité de
la
nature pour le profit par un pouvoir suffisant : par exemple…
Refuser la naissance d'enfants
différents...
Proposer d'achever la vie de personnes désespérées…
Refuser l'accueil d’étrangers, de migrants pour choisir au sein de ces
populations fragilisées celles et ceux qui seraient
« rentables » ...
Continuer à dévaster les ressources de notre maison commune pour le
profit immédiat
de quelques-uns ...
et tous ce que vous connaissez, que vous vivez, que vous défendez, que
vous
subissez !
Alors oui, nos engagements, nos
luttes et nos combats pour la vie, la justice, la dignité, l'égalité
entre tous
les habitants de cette terre et pour la sauvegarde de cette maison
commune sont
innombrables, ardus parfois décriés... Ils ponctuent nos chemins de
femme,
d'homme responsable nourri de l’amour et de la fraternité de Jésus.
Souvent mal
compris, critiqués, dépréciés et moqués voir calomniés ils sont aussi
des
chemins de croix, de déception, de souffrance mais ô combien lumineux,
salutaires et bénéfiques pour l'autre, notre sœur et frère en Christ,
celle ou
celui qui est bafoué, nié dans son humanité, rejeté ou exclu, le faible,
le
fragile, le petit, l’oublié... car c'est Toi Seigneur qui souffres quand
eux
souffrent.
Partageons, ensemble, une hymne
des Vêpres :
Je ne sais ni le jour ni
l'heure mais je sais que c'est toi Seigneur
Frappe à ma porte toi qui viens
me déranger,
frappe à ma porte, tu viens me ressusciter.
Frappe à ma porte tout le vent
de ton esprit
frappe à ma porte le cri de tous mes frères.
Je
ne
sais ni le jour ni l'heure mais je sais que c'est toi Seigneur
Frappe à ma porte le cri de tes
affamés
frappe à ma porte la chaîne du prisonnier
Frappe à ma porte toi la misère
du monde
frappe à ma porte le Dieu de toute ma joie
Je ne sais ni le jour ni l'heure mais je sais que c'est toi Seigneur
Patrick DOUEZ, le 3 septembre
2023