« Pour
vous qui suis-je ? » Cette question, nous l’avons entendu
dimanche dernier tandis que Jésus était avec ses disciples ; Et
c’est déjà
Simon-Pierre qui a pris la parole ; c’est lui qui semble incarner
la
figure typique du disciple, il devient en quelque sorte le porte-paroles
des
apôtres.
Lorsqu’il
répond à Jésus : « Tu es le
Christ, le Fils du Dieu vivant » il fait une
affirmation forte, endossant
ainsi un rôle unique et de première importance au sein de la première
communauté, un rôle nouveau, peut-être inattendu, mais un rôle voulu par
Jésus qui
a désigné Pierre pour veiller à la transmission de son enseignement.
Pierre
devient désormais le fondement de l’Eglise qui se bâtit : « Pierre
tu
es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise »
Dans
l’évangile de ce dimanche, nous retrouvons donc Pierre et les
autres disciples autour de Jésus ; là encore Jésus leur
parle ; mais
cette fois-ci, la teneur du discours a une dimension que l’on pourrait
qualifier de dramatique, voir même déstabilisante pour les disciples
puisqu’il
leur annonce sa mort et sa résurrection à venir.
Survient
alors entre Pierre et Jésus un échange quelque peu
« musclé », puisque Pierre prend la parole va jusqu’à oser
faire de
vifs reproches à Jésus !
Cette
réaction de Pierre me laisse penser qu’il n’a pas
encore bien assimilé l’annonce de la Résurrection, cet évènement unique
qui pour
les chrétiens est le fondement de la Foi. Non, Pierre n’a pas tout
entendu et
il se met en colère car il ne peut pas croire en la mort de Jésus, lui
le Fils
du Dieu vivant, lui le Messie annoncé et attendu qui est venu pour
sauver tous
les hommes.
Dans
la deuxième partie de ce passage de l’évangile de
Matthieu, Jésus s’adresse
non plus seulement à Pierre, mais aussi à tous les disciples. Il veut
ici leur expliquer
la relation à Dieu, une relation à mettre en œuvre, une relation
nouvelle, et pour
Pierre et les autres disciples, il s’agit ici d’entendre les paroles
nouvelles
de Jésus, celles qui annoncent que son chemin parmi les hommes va
devenir souffrance
et mort avant d’être Résurrection et présence.
Nos vies ne seront ainsi pas épargnées par la souffrance et à la
suite
de Jésus, tout homme croyant sera de toute façon amené à souffrir, à
porter sa
propre croix pour ainsi espérer une vie nouvelle auprès du Père et du
Fils.
« Quel
avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner
le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? »
Le
Christ s’apprête à donner sa vie, il l’annonce désormais
très clairement, ajoutant même que chacun sera jugé selon sa conduite.
Pour
les chrétiens d’aujourd’hui il s’agirait de ne pas
faire obstacle aux responsabilités, celles qui invite à prier pour que
Dieu
agisse dans les cœurs.
A
la suite de Pierre et des disciples, il nous faut
désormais traverser nos peurs et nos doutes ;
Cela
passe donc par nos propres renoncements et par la
nécessité de porter notre propre croix, nos propres fardeaux. Pour
marcher à la
suite du Christ il ne faut pas mourir, mais porter nos fardeaux,
renoncer à nos
propres vies, car c’est par le don de notre propre vie et par amour pour
les
autres que s’instaurera la manière d’être disciples de Jésus.
Être
disciple de Jésus nous engage donc et dans les périodes
troubles que nous vivons actuellement, d’aucuns diront que la tâche est
trop
importante, qu’on ne peut la surmonter seul.
Evidemment
qu’on ne peut agir seul, mais en communauté tout
redevient possible. Imaginons frères et sœurs les difficultés et
obstacles des premières
communautés, imaginons les communautés nouvelles et lointaines
d’aujourd’hui, pensons
aux pays où il est encore difficile, parfois même dangereux d’annoncer
l’évangile et de vivre sa foi ! Le Seigneur est présent et il agit là où
l’homme
veut bien porter et annoncer le message.
« Quand
deux ou
trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu
d’eux. »
Depuis
plus de 2000 ans, l’Eglise s’efforce ainsi de vivre
sa mission, et ce malgré les
crises qu’elle a dû traverser et qu’elle traverse tout spécialement
encore aujourd’hui,
une Eglise fragilisée qui doit faire face à des crises internes
dans un monde
qui ne cesse de se chercher.
Alors
frères et sœurs : « Quelle Eglise
voulons-nous pour demain ? »
Cette
question j’ai pu la retrouver dans un numéro récent
de l’hebdomadaire LA VIE où elle a fait l’objet d’un dossier ;
dossier traitant
à l’échelle d’une génération, l’avenir de l’Eglise dans 20 ou 30 ans.
Une
première grande question est ainsi posée :
-
Quels
traits
pourrait avoir l’Eglise en 2050 et qui trouverait un nouveau
souffle ?
Il
y a là une réflexion qui s’inscrit dans l’élan du Synode
sur la Synodalité voulue par le pape François, rebaptisé depuis « synode
sur
l’avenir de l’Eglise ».
Dans
ce dossier quelques pistes sont données, et notamment
sur des évolutions et transformations à mettre en œuvre dans le
fonctionnement
de l’Eglise. Je vous cite ici quelques exemples :
-
S’agissant
des
jeunes : transmettre la foi en proposant aux jeunes déjà engagés en
paroisse une formation théologique et pastorale pour qu’ils soient
capables de
rendre compte de l’espérance qui est en eux.
-
Ou
encore, proposer aux jeunes des EPJ (Ecoles de Prières des Jeunes), des
temps
qui donnent aux jeunes de découvrir la foi et la prière dans un climat
joyeux
et fraternel. Dans ces EPJ les jeunes sont accompagnés et guidés par des
parents et adultes.
-
Encourager
la
mise en place de fraternités locales ; des personnes pourraient
ainsi
se retrouver autour de la Parole de Dieu, pour se soutenir mutuellement.
-
Encourager
aussi
la création de « petites familles », des
« maisonnées » qui permettent aux personnes d’apprendre à se
connaître et à prier ensemble.
Alors
quelle Eglise pour demain, et avec qui ? . . .
Lors de la messe
de clôture des JMJ à Lisbonne, le Pape François s’est longuement adressé
aux jeunes
à partir de l’Evangile de la Transfiguration selon Matthieu, ce récit
qui
révèle la divinité de Jésus Christ aux disciples. « Seigneur
il est
bon que nous soyons ici ! » A partir de ces
paroles, François
a donné trois conseils, citant trois mots : « Briller »,
« écouter »,
ne pas craindre ».
-
Briller :
car
il faut offrir au monde une image lumineuse, rayonnante, dans les pas du
Christ, lui qui nous a appris à aimer.
-
Ecouter :
écouter
les paroles de Jésus dans l’Evangile.
-
Ne pas
craindre, c’est en quelque sorte ce qui constitue la conclusion des
paroles du
pape face aux jeunes réunis à ces JMJ ; il demande aux jeunes de
rester
fidèles au message du Christ, puisque que Jésus lui-même l’a dit : « soyez
sans
crainte ».
Alors oui, avec les jeunes disons
qu’il est bon que nous soyons ici réunis pour célébrer notre
Seigneur !
Frères et sœurs, Il ne s’agit pas de
renoncer à nous-même sous
prétexte que nous serions les vieux qui ont tout raté ! il ne
s’agit pas
de cela mais bien d’accepter que les plus jeunes, qui eux n’ont pas
encore tout
compris, deviennent le ferment d’une Eglise renouvelée.
Frères et sœurs, amis paroissiens,
agissons
pour que nos paroisses soient d’abord des lieux de rencontre et de
fraternité, et
avec les jeunes générations, devenons acteurs d’une Eglise missionnaire
et
joyeuse, une Eglise accueillante et unie.
Frères et sœurs, amis paroissiens,
unissons donc nos prières pour « que le Père de notre
Seigneur Jésus
Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, afin que nous
percevions
l’espérance que donne son appel ».
Amen !
Le 3 septembre 23