21° dimanche ordinaire.
Is 22, 19-23 / Ps 137 / Rm 11, 33-36 / Mt 16, 13-20
"Et vous que dites-vous? Pour vous, qui suis-je?" Il y a près de
2000 ans, Jésus, homme de Galilée, pose cette question à ses amis, à
ceux qui le suivent et qui deviennent ses disciples. N'est-elle pas
toujours d'actualité? Ce Jésus de Nazareth dont les évangélistes nous
rapportent les paroles, les gestes, l'enseignement, n'est-il pas le
même qui nous réunit aujourd'hui? N'est-il pas celui qui appelle et
unit tous les chrétiens, ceux d'hier et ceux d'aujourd'hui? Ne
portons-nous pas son nom? 2000 ans et à chacun cette même question "qui
suis-je pour toi ?" Aujourd’hui, elle garde encore toute sa pertinence!
A ses amis de Palestine, il commence par leur demander ce que disent de
lui les foules qui viennent le voir et l'écouter. Ils lui rapportent ce
que les gens évoquent : un revenant, un prophète, le précurseur qui
annonce la venue du Messie…s'en suit quelques noms. Si les foules
n'osent pas encore lui donner le nom de Sauveur, ils reconnaissent en
lui un homme qui a une dimension spirituelle qui dépasse celle des
scribes ou rabbins. À la vue de ses actes, aux paroles qu'ils portent,
certains pensent même qu’il pourrait être celui que le peuple attend,
mais son profil n'est pas celui attendu et leur conviction vacille.
Alors Jésus interpelle ses amis : "Et vous que dites-vous? Pour vous,
qui suis-je?". Oui, pour moi qui es-tu Jésus ? Que puis-je dire de toi
? Et Vous, et toi, et toi que pourrais-tu dire ?
Sans doute pourrais-je dire tu es le fils de Marie, ou le fils du
charpentier de Nazareth, un homme parmi les hommes. Et puis continuer
en me souvenant de ce que j’ai appris au KT ou bien, comme les juifs de
ton temps, rapporter ce qui m’a été donné par ceux qui m’ont parlé de
Toi avec conviction. Tout est vrai, tout est juste, mais ça ne serait
que rapporter la parole de l’autre sans l’avoir digérée, sans l’avoir
fait mienne.
Je pourrais peut-être continuer en me souvenant de ce que disent les
évangiles de toi : le fils de l’Homme, le verbe fait chair, la Parole
de Dieu, le Fils bien-aimé, le Sauveur et compléter par ce que tu dis
toi-même de toi « je suis le chemin la vérité et la vie » «
celui par qui passer pour aller au Père » à Marthe tu diras « je
suis la résurrection et la vie » et à la Samaritaine « Le Messie, je le
suis moi qui te parle ». Enfin, comme nous allons le faire je peux
reprendre les paroles du « je crois en dieu » qui disent ta vie, ta
mort et ta résurrection. Mais toutes ces affirmations aux quelles
j’adhère et qui fonde ma foi, comment résonnent-elles en moi ? que
disent-elles de ma relation à toi ? Parce que la question que tu me
poses, elle est de cette dimension-notre relation…Vous que diriez-vous
de Lui ? Et vous, qui allez vous approcher de la table, de cet autel où
il se donne, que lui répondez-vous ?.........
Un de ses amis, le « chef » des apôtres, Simon Pierre, a cette
fulgurance : « Tu es le Christ le Fils du Dieu vivant ! » une
affirmation que je fais mienne ! Mais que lui répond Jésus ? « Cette
réponse n’est pas de toi ! Elle n’est pas née de ta réflexion, elle ne
vient pas de ton intelligence, elle ne vient pas de ton expérience. Ta
réponse vient de bien plus profond, de bien plus grand que toi. Cette
réponse elle t’a été donnée par l’Esprit qui t’habite. L’Esprit Saint
que tu as laissé te guider, t’animer qui parle pour toi et par toi.
Mais souviens-toi que c’est Dieu ton Père qui t’a donné cet Esprit de
vérité ! »
Prolongeant les certitudes et les vérités qui nous sont données, en
toute humilité, en toute simplicité, avec mes lacunes, mes hésitations,
mes doutes je peux parler de lui et retrouver ce qui m’unit à lui.
Alors, avec Pierre et tous ceux qui nous ont précédés, nous pourrions
aussi lui dire : tu es celui que je prie quand je suis triste ou
heureux, celui vers qui je me tourne pour hurler ma révolte devant la
souffrance et l’injustice quand le monde ne m’entend plus…car tu es mon
Seigneur et mon Dieu, un ami fidèle qui m’écoute et me console. Mon
guide, mon frère aîné au cœur toujours grand ouvert prêt à pardonner et
me libérer en me faisant confiance. N’es-tu pas celui qui à chaque
eucharistie nous rejoint pour nous donner ton corps, nous partager ton
sang, ta vie et s’offrir à tous ceux qui avancent vers cette communion
qui dit notre fraternité, notre famille et ton amour.
Je vous invite frères et sœurs, comme Pierre, à laisser L’Esprit que
nous avons reçu sans distinction, qui vit en nous, réveiller l’enfant
de Dieu qui sommeille. Laissons l’Esprit Saint nous travailler par la
douceur de sa bonté, nous inspirer pour donner à Jésus cette réponse
personnelle. Une réponse emplie de foi et de ce qui m’a été donné de ce
que j’ai expérimenté dans ma relation au Christ, à son amour, à ses
souffrances, de ce que j’ai compris dans mes relations avec les autres
en particuliers face à ceux qui souffrent, qui sont rejetés, exploités
et qui continuent de croire à la Vie et à l’amour.
Il est temps de laisser la Parole, l’Esprit et le temps, travailler la
glaise dont je suis fait pour devenir une pierre vivante qui construit
un peu plus l’Église du Christ. Une pierre solide par ce qu’elle aura
été façonnée par l’Esprit, passée au crible de l’amour, parce qu’elle
s’unit à tous celles qui partagent le même chemin d’éternité parce que
nous n’avons qu’une seule fondation, Jésus, le Christ, le chemin qui
mène au Père.
Patrick DOUEZ, diacre permanent
le 27 Août 2017
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