19° dimanche ordinaire.
Aujourd’hui, je ne commenterai pas le texte de l’évangile ; une
fois n’est pas coutume ! Mais, je vais attirer votre
attention sur ce qui nous est dit du prophète Elie. Le passage qui nous
a été lu n’est pas sans actualité, même si de nombreux siècles nous
séparent de l’événement.
Le prophète Elie.
Nous sommes au 9ème siècle avant J.C. Le peuple d’Israël est
tenté d’abandonner son Dieu pour s’adonner au culte d’un dieu
païen : Baal. Les prescriptions de cette religion païenne sont
moins exigeantes, plus attrayantes, plus sensuelles.
C’est alors qu’un prophète, Elie, se lève et avec l’aide de Yahvé, le
Dieu d’Israël, confond les adeptes de Baal. Si vous avez une bible,
vous lirez l’histoire au Premier livre des Rois, à partir du chapitre
17.
Cependant, Elie apprend que l’on en veut à sa vie. Il prend peur et
s’enfuit. Moins une fuite d’ailleurs, qu’une recherche du Seigneur,
puisqu’à travers le désert, il se rend à l’Horeb, ou Sinaï, la montagne
de Moïse, lieu de la rencontre !
Frères et sœurs, à notre manière, nous aussi, nous sommes confrontés
aux idoles du monde moderne. Elles sont extérieures à nous, ou même,
pernicieusement, elles nous gangrènent personnellement. Elles portent
les noms de réussite économique, de matérialisme ambiant, de sensualité
débridée, de conduite individualiste. Et nous nous interrogeons :
le message de l’Eglise, relayé par les chrétiens est-il entendu ?
Est-il perçu ? Est-il pris au sérieux ? Vos engagements
divers montrent que dans cet univers de la négation de valeurs
spiritualistes, vous essayez de vivre votre foi en incarnant
l’évangile.
Mais, c’est vrai, à certains jours, la lassitude gagne, quand ce n’est pas un certain découragement !
Alors, peut-être sommes-nous tentés de tout laisser… Ou alors, comme
Elie, peut-être cherchons-nous le chemin d’un ressourcement, d’un
renouveau, dans une rencontre avec Dieu.
Et si la période de l’été était favorable à un certain ressourcement, à une rencontre avec le Seigneur ?
Retenons quelques images du récit d’Elie.
Il se lève, il part et marche dans le désert. Arrivé à l’Horeb, la
montagne de Dieu, il entre dans une caverne et y passe la nuit. C’est
alors qu’il va faire l’expérience de la présence de Dieu. Dans son
entretien avec Dieu, il puisera la force de retourner près des siens et
d’accomplir sa mission.
Que ce soit dans notre vie quotidienne, dans nos engagements, ou
dans notre vie spirituelle, il est bon de marquer le pas. Non pas comme
une fuite, mais comme un recentrement, comme la nécessité de se
resituer en face de Dieu, de prendre conscience qu’il est toujours là,
même lorsque son silence nous paraît pesant. Car, le Seigneur est
toujours là, comme cette nuit là, sur le lac de Tibériade, allusion au
récit de l’évangile.
Mais, comment faire cette expérience de la présence de Dieu ?
Reprenons l’histoire d’Elie.
Elie est invité à être attentif car le Seigneur va passer. Nous ne
ferons pas l’expérience de la présence du Seigneur dans l’agitation,
avec un esprit distrait. C’est en cela que la période de l’été, de
congés pour certains, est propice pour une telle démarche. Mais, il
faut le vouloir, et peut-être, sacrifier quelques activités non
indispensables.
Vous avez remarqué qu’il se fait un violent ouragan, puis un
tremblement de terre et enfin un feu. Images de force, de puissance,
utilisées jadis pour traduire la puissance divine. Elles engendrent des
sentiments de crainte devant la puissance de Dieu, en le mettant à
distance de l’homme.
Le récit biblique nous dit : « il y eut le murmure d’une
brise légère. » (12). L’hébreu dit « une voix de fin
silence ». Il ne s’agit plus de la présence de Dieu, mais d’un
Dieu qui communique d’une manière intime. Elie ne s’y trompe pas.
Frères et sœurs. Je vous invite à une démarche de mise en écoute de la
Parole de Dieu. Elle vient nous conforter dans le quotidien de nos
vies. Elle vient nous éclairer sur le sens à donner à notre vie. Elle
vient nous engager à prendre notre part à la construction du Royaume de
Dieu : paix, justice, amour.
La rencontre de Dieu, cet été… . Dans toute la mesure de vos possibilités, prenez le temps.
Attention, ce n’est pas dans l’agitation que Dieu se manifeste. Rompez,
si besoin, avec un rythme qui nuit à la respiration de l’âme. Prenez le
temps, même modeste, de lire, de prier. Autant que possible,
ménagez-vous un temps de silence. Il y a des lieux privilégiés pour
cela : une halte dans une église, dans un monastère, lors d’un
pèlerinage, dans la nature.
Soyez attentifs à cette brise légère, cette « voix de fin
silence », qui nous vient de Dieu. Alors, vous pourrez repartir,
revivifiés, là où le Seigneur vous envoie pour semer l’amour,
l’espérance.
Amen.
Gerges AILLET, prêtre.
7 août 2011
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